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    Nouvelle Calédonie
  • LNC | Crée le 20.01.2024 à 05h00 | Mis à jour le 07.05.2024 à 11h55
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    Le trébuchet, sorte de piège à compartiments, permettait d'attraper les cardinaux, les bengalis et les lunettes. Photo DR
    "En fin d'année, les écoliers ont jeté les cahiers au feu, la maîtresse au milieu." Mais la plupart ne vont pas quitter un système largement encadré : clubs de vacances, colos, stages en tous genres, camps... Bienvenue à l'époque du patronage ou, un peu plus tôt encore, à celle de la chasse, de la pêche et de la baignade.

    Au début du siècle dernier, les enfants occupaient seuls leurs grandes vacances, par la chasse, la pêche et la baignade (lire ci-dessous). Certes, il y avait bien quelques patronages, des " œuvres " qui veillaient sur les enfants et les adolescents en organisant leurs loisirs, mais c'était un peu l'exception. A vrai dire, le calendrier scolaire aussi était découpé différemment. Il n'y avait pas de vacances trimestrielles, seulement des week-ends prolongés de quatre à cinq jours.

    Vers 1935, et jusqu'à l'arrivée des Américains, tous les jeudis et dimanches après-midi, le Patronage Saint-Michel réunissait une quarantaine d'enfants à la cathédrale pour le catéchisme. Puis les jeunes se rendaient à pied jusqu'au Trianon pour jouer à la boule au camp (sorte de base-ball), au football ou encore à la " petite guerre ". Deux camps armés de boucliers et de boules de chiffon remplies de sciure s'affrontaient dans tout le Trianon et même au-delà des collines menant au lotissement Veyret.

    Patronage laïc : le PLGC

    Ces mêmes enfants du patronage faisaient partie des scouts. Ils se rendaient en train jusqu'à la gare Chabert à Dumbéa, puis gagnaient à pied la propriété de Val Fleury.

    D'autres " œuvres " apparurent plus tard : le Patronage laïc Georges-Clémenceau (le PLGC), le patronage des Frères, le patronage des Sœurs de Cluny, les Scouts et Guides de France, les Eclaireurs et éclaireuses unionistes (de confession protestante), la Jeunesse étudiante catholique (JEC), qui accueillait des jeunes filles de 12 à 15 ans...

    Les sorties étaient organisées durant la période scolaire et seul un grand camp était organisé durant les grandes vacances.

    Durant le reste des vacances, les jeunes s'occupaient comme ils le pouvaient. Les filles prenaient des leçons de couture ou de peinture. Les garçons préféraient des activités plus ludiques.

    La chasse et la pêche, les baignades occupaient l'essentiel du temps libre. Ils se retrouvaient entre copains toute la matinée et rentraient bien souvent tard à la maison…

    Chasse, pêche et baignade à l’ancienne mode


    Le bibiche (dans la poche) faisait partie intégrante de l'équipement du gamin calédonien en vacances dans les années trente et quarante.

    Dans les années trente et quarante, les gamins calédoniens chassaient les oiseaux pour deux raisons : les vendre ou les manger. À cette époque, beaucoup de gens possédaient de grandes volières qu’ils peuplaient de superbes cardinaux verts et rouges, ou de bengalis " bec bleu " ou " bec rouge ". Les enfants les attrapaient au trébuchet, un piège formant un ensemble de compartiments comportant sur le haut une trappe munie d’un ressort (bien souvent un morceau de gaine de vélo). Le compartiment central accueillait l’appel, un bengali, un long bec ou une lunette… suivant l’oiseau recherché.

    Les barreaux du piège étaient en rayons de vélo et les trappes étaient maintenues ouvertes par une branche ne permettant pas à l’oiseau de pénétrer sans se poser et déclencher ainsi la fermeture.

    Un des meilleurs endroits pour placer les trébuchets était alors la Baie-des-Citrons, parmi les limoniers et les citronniers qui subsistaient après les extractions de sable, là où se trouvent aujourd’hui le Mocambo et l’ancienne clinique.

    La plupart des enfants chassaient aussi au " bibiche ", ce lance-pierre fait d’une fourche de goyavier ou de laurier, de deux longueurs de chambre à air de vélo et d’une pièce de cuir, souvent la languette d’une vieille godasse. Il s’agissait de chasse " alimentaire ". Les oiseaux préférés, en brochettes ou aux petits pois, étaient les lunettes (Zostérops), les longs becs et les merles noirs en forêt.

    Rats et sangsues

    Dans les années trente, on chassait aussi les rats. Devant la recrudescence des rongeurs dans la ville, en été, et pour éviter une nouvelle épidémie de choléra, les pouvoirs publics avaient décidé le lancement d’une campagne d’éradication, Les captures étaient rémunérées à raison de trois sous la queue de rat, et de deux sous la queue de souris ! Les enfants devaient se présenter au commissariat de police avec leurs prises. Celles-ci étaient comptabilisées et les " pochons " de rongeurs devaient être déposés dans la pièce arrière du bureau.

    L’on chassait même les sangsues. A certaines périodes, l’hôpital de Nouméa se portait en effet acquéreur de ces vers à ventouses utilisés à des fins médicales. Les sangsues étaient nombreuses dans tous les caniveaux des quartiers, les trottoirs n’y existant pas encore, ou bien au Port-Despointes ou dans le marais Fogliani, à l’Anse-Vata.

    La pêche au carbure

    La pêche des gamins d’avant-guerre était multiforme. A la main, ou avec des lignes équipées d’épingles à nourrice en guise d’hameçons, ils s’intéressaient aussi bien aux " tacots " qu’aux " lochons ". Ils encerclaient aussi les picots avec des manous, à la manière des femmes indigènes, ou utilisaient des nasses. Chacun avait son truc.

    Les picots étaient attirés par des appâts se décomposant très vite, comme les morceaux de tiges et feuilles de papayer donnant une sorte de glu. Certains utilisaient des restes de riz brûlé, d’autres plaçaient leurs nasses à la sortie des canalisations des latrines des soldats américains du camp de l’Orphelinat !

    Beaucoup d’enfants disposaient alors de " plates " pour aller pêcher entre copains. On se déplaçait à la godille, on pêchait à la ligne ou à la " sagaie ".

    De loin, la pêche la plus prisée était celle que l’on pratiquait à la torche, avec une lampe à carbure (acétylène), dont la lumière très blanche faisait apparaître de merveilleuses découvertes : seiches, mulets, ou même tortues.

    Le bain militaire

    Pour la baignade, les " spots " de l’époque n’étaient ni la baie des Citrons, ni l’anse Vata. Faisant fi du sable blanc, les gamins préféraient le bain militaire, fermé par des murs et des grilles de protection contre les requins (!). Aux grandes marées, ils plongeaient du haut du mur longeant la rue de Sébastopol, à l’Orphelinat. Quelquefois, ils y aidaient les frères Malaval à hâler sur la plage une grande senne à poche. Ou bien encore, ils allaient devant l’actuel rond-point de l’Eau Vive, à l’embouchure de l’arroyo du marais du Port-Despointes, où se trouvait un fameux trou d’eau.

    Devant la propriété Joseph Mary (actuel supermarché Champion N’Géa), une plage de gravier menait à un trou d’eau profond de trois à quatre mètres.

    La plupart des enfants du Faubourg y ont appris à nager. Une fontaine installée par la municipalité permettait d’ailleurs de se rincer après le bain.

    Note

    Cette série d'été est réalisée en collaboration avec l'Association témoignage d'un passé.

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