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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 07.05.2024 à 05h00 | Mis à jour le 07.05.2024 à 08h27
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    Les membres de l’Atup, dont Yves Mermoud (à droite) attendent de pied ferme les visiteurs, ce mercredi 8 mai pour leur présenter également la nouvelle exposition qui retracent le parcours de douze ouvriers arrivés il y a 160 ans à bord de l’Iphigénie. Photo Anthony Tejero
    C’est une petite révolution pour l’histoire du Caillou. L’association Témoignage d’un passé s’apprête à lancer Orgon, une base de données inédite qui permet aux Calédoniens, en tapant leur nom de famille, de découvrir quels sont leurs liens avec les 30 000 personnes (transportés, surveillants militaires, etc.) qui ont traversé la période du bagne. Ce fruit de quarante ans de travail sera dévoilé, ce mercredi 8 mai, à Nouville, à l’occasion de la Journée des descendants, un événement festif qui commémorera l’arrivée du premier convoi de condamnés, voilà 160 ans.

    C’est le fruit de quarante années d’un "travail de titan" qui se concrétise et aboutit enfin. L’association Témoignage d’un passé (Atup) vient de mettre en œuvre la base de données Orgon. Derrière ce nom un brin énigmatique, se cache une petite révolution pour l’histoire du Caillou. Cette plateforme numérique inédite permet à l’ensemble des Calédoniens de découvrir s’ils ont des liens, de près ou de loin, avec l’époque du bagne.

    Le principe est simple : il suffit de taper un nom de famille dans la barre de recherche, connectée à plus de 30 000 fiches individuelles qui renvoient sur le passé de l’ensemble des transportés, des relégués, des déportés et des surveillants militaires (dont il manque une centaine de fiches pour cette catégorie) qui ont vécu sur le Caillou durant cette période.

    "Capter la nouvelle génération"

    "C’est exceptionnel. À ma connaissance, un tel outil sur l’histoire du bagne n’existe qu’en Tasmanie, lance Yves Mermoud, le président de l’Atup, qui précise que la plateforme ne sera, dans un premier temps, disponible que sur les ordinateurs du site historique de l’île Nou, à Nouville (avant de "prochainement" mettre en place une application tout public). "L’idée, c’est de faire venir les Calédoniens dans ce musée qui est fréquenté à 75 % par des touristes et des Métropolitains de passage. On espère ainsi capter une nouvelle cible, en particulier cette nouvelle génération, pour lui faire découvrir cette histoire mais aussi les liens plus intimes qu’elle peut avoir avec cette période."

    Cette initiative sera ainsi dévoilée, ce mercredi 8 mai, au cours d’un grand évènement festif organisé par l’association : la Journée des familles des descendants du bagne, au musée de Nouville (lire par ailleurs), pour marquer le 160e anniversaire de l’arrivée du premier convoi de condamnés à bord de la frégate Iphigénie. Si cette manifestation vise à fédérer et "étoffer" le réseau des "600 à 700 familles" calédoniennes concernées, toutes les personnes qui s’intéressent à cette période ou qui se posent des questions sur leurs ancêtres seront également les bienvenues. Car les liens, parfois insoupçonnés, avec le bagne existent au sein de l’ensemble des communautés du Caillou.

    "Un pont entre les communautés"

    "Pendant longtemps, les gens ont cru que c’était l’histoire des "blancs", sauf que c’est beaucoup plus complexe. Le bagne a aussi concerné les habitants d’Afrique du Nord, dont les Kabyles, les Indochinois ainsi que les Kanak. Parmi eux, 115 ont été condamnés et il ne faut pas les oublier, mais ils étaient surtout nombreux à avoir travaillé dans la police indigène ou dans l’administration pénitentiaire, rappelle Yves Mermoud, qui met un point d’honneur à vouloir rassembler le pays autour de cet épisode, qui a notamment été le point de départ à bien des métissages, au gré des unions dans le pays. Il y a encore dix ans, quand on parlait du bagne en Nouvelle-Calédonie, c’était tabou. Aujourd’hui, cela fédère plus que cela ne divise car le bagne fait partie de ces marqueurs forts qui permettent de faire des ponts entre les communautés pour les rapprocher. À une période où on observe la radicalisation de certains propos et un contexte économique morose, nous continuons de nous battre pour rassembler les gens autour de cette histoire."

    Le programme du mercredi 8 mai


    L’Atup invite également l’ensemble des visiteurs à venir avec leur déjeuner afin de partager tous ensemble le repas du midi, histoire de "tisser des liens".


    Le bagne bientôt inscrit au patrimoine de l’Unesco ?

    Mickaël Forrest, membre du gouvernement chargé de la culture, lance officiellement ce mardi 7 mai, au Musée maritime, le premier comité de pilotage (Copil) consacré à l’inscription du bagne calédonien au patrimoine mondial de l’Unesco. Une grande satisfaction pour l’Atup et bon nombre d’historiens qui militent en ce sens depuis plusieurs années.

    Cette inscription est un engagement pris par le gouvernement lors de la déclaration de politique générale prononcée par le président Louis Mapou, qui avait annoncé vouloir " accompagner le processus d’appropriation historique et identitaire engagé en valorisant la contribution de toutes les communautés à l’histoire, à l’identité et à la culture, pour conforter le poteau central de la Nouvelle-Calédonie ".

    Redécouvrez 78 portraits de familles issues du bagne


    Le bagne en héritage, un livre de 322 pages sur 78 destins de familles issues de la colonisation pénale.

    De novembre 2015 à juin 2017, deux journalistes travaillant pour les Nouvelles calédoniennes, Bérengère Bourgeot et Gilles Caprais, sont partis sur les traces des descendants du bagne avec l’aide de l’Association témoignage d’un passé. Abdelkader, Anger, Baret, Banuelos, Colomina, Delathière, Gervolino, Goyetche, Kaddour, ou encore Lucien, Peyronnet, Rabdeau, Salaün… autant d’histoires, parfois douloureuses, qui ont façonné une partie de l’Histoire de la Nouvelle-Calédonie.

    A l’occasion des 160 ans de l’arrivée de l’Iphigénie sur le Caillou, le premier bateau transportant des bagnards, lnc.nc va relancer, dès le dimanche 12 mai et à raison d’une publication par week-end, sa série de 78 portraits de familles issues de la colonisation pénale. Des textes qui ont également fait l’objet d’un livre de 322 pages, édité par les Nouvelles calédoniennes et intitulé Le bagne en héritage.

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