- Anthony Tejero | Crée le 03.01.2024 à 17h41 | Mis à jour le 03.01.2024 à 17h59ImprimerViolences routières accident Photo Thierry PerronEn 2023, 51 personnes sont décédées sur les routes du pays. Si ce chiffre est en recul par rapport à 2022 (année "catastrophique" avec 70 morts), il a tendance à stagner depuis dix ans. Seule avancée notable, le nombre des accidents corporels et des blessés est, lui, en baisse régulière.
L’année noire 2022 ne s’est pas reproduite en 2023 sur les routes du Caillou. Pour autant, avec 51 personnes décédées, la mortalité routière reste particulièrement élevée et ne recule plus vraiment depuis 2015 (à l’exception de 2020, marquée par le début de la pandémie et les confinements).
"Ce chiffre stagne depuis dix ans, il n’y a pas d’évolution significative, regrette Mireille Münkel, présidente de l’association Prévention routière de Nouvelle-Calédonie (APRNC). À chaque bilan, on en revient à la même information. Si on compare nos données à celles de l’Hexagone, en rapportant proportionnellement les chiffres au nombre d’habitants, la mortalité routière est au moins quatre fois plus élevée en Nouvelle-Calédonie, qui est également le territoire le plus touché d’outre-mer."
Les causes de ces accidents mortels restent, quant à elles, les mêmes, à commencer par une vitesse excessive (dans près de deux-tiers des cas), une consommation d’alcool (dans près de 60 % des accidents) ou encore un défaut de permis de conduire (constaté dans 43 % des décès).
"Nous retrouvons malheureusement toujours les mêmes facteurs et il y a notamment un combat très lourd à mener sur le sujet de l’alcool au volant qui doit être pris à bras-le-corps et qui prendra du temps tant il y a des problèmes d’addictions en Nouvelle-Calédonie", observe Mireille Münkel.
Source DITTAu final, le levier le plus simple à activer pour tenter d’enrayer ce fléau concerne sans doute le port de la ceinture de sécurité, qui fait encore défaut dans les trois-quarts des accidents mortels.
"La ceinture pourrait sauver 15 à 20 vies"
"Elle pourrait encore sauver entre 15 et 20 personnes par an rien qu’en la portant systématiquement, ce qui est énorme", martèle la présidente de l’APRNC.
Un constat d’autant plus amer que ce sont les jeunes qui paient de loin le plus lourd tribut sur les routes du pays avec quinze décès parmi les 18-24 ans, soit près de 30 % des victimes l'an passé.
Sans grande surprise, c’est encore les week-ends que la mortalité routière a été de loin la plus marquée en 2023, le samedi en tête, comptabilisant à lui seul un tiers des accidents. Les fins de semaine (du vendredi au dimanche) concentrent d’ailleurs la majorité de ces décès (soit 67 %).
Au final, le seul point positif au chapitre de la sécurité routière concerne le nombre de blessés et d’accidents corporels, en baisse régulière depuis une dizaine d’années.
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"Nous avons divisé ces chiffres par deux, en passant en moyenne de 400 à 200 accidents corporels par an. Une tendance qui semble se maintenir pour l’année 2023 (dont il manque encore les chiffres du mois de décembre), avec une moyenne de 18 blessés par mois contre 20 en 2022", analyse Mireille Münkel, qui tire donc un "bilan très mitigé" de l’année écoulée, notant, néanmoins, que "l’hécatombe de 2022, en termes de mortalité routière, ne se soit pas reproduite".
Des radars fixes en 2024 : "une excellente chose"
L’État a confirmé, en novembre dernier, son engagement pris en 2022 : déployer plusieurs radars fixes en Nouvelle-Calédonie d’ici la fin de cette année 2024. Objectif : faire reculer le nombre d’accidents mortels dont la vitesse excessive est, avec l’alcool, la principale cause.
Une décision qui s’appuie sur les chiffres en vigueur dans l’Hexagone.
Installés à partir de 2002 et désormais largement déployés, les radars fixes "auraient contribué à une baisse moyenne de 66 % des accidents mortels à proximité des ces installations" et ainsi permis de sauver 23 000 vies en dix ans (entre 2003 et 2012) à en croire le gouvernement français.
"Vingt ans de retard"
Ce dispositif est salué par l’Association de prévention routière (APRNC). "C’est une excellente chose car les radars, qui existent depuis vingt ans en France, ont prouvé leur efficacité. C’est juste dommage que l’on n’aille pas plus vite pour rattraper notre retard en Nouvelle-Calédonie, estime Mireille Münkel. Ce sera sans doute efficace ici aussi, notamment pour faire encore baisser le nombre d’accidents corporels et, je croise les doigts, pour que cela se vérifie également sur les accidents mortels. Mais compte tenu des taux d’alcool élevés que l’on retrouve chez certains conducteurs, à ce stade, je ne crois pas qu’un radar soit dissuasif et c’est ce qui m’inquiète."
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