- Propos recueillis par A.-C.P. | Crée le 31.07.2018 à 06h37 | Mis à jour le 31.07.2018 à 07h40ImprimerL’octroi de l’aide à l’accession au logement, désormais gérée par la Sem Agglo, dirigée par Benoît Naturel, est recentré sur les zones urbaines denses pour lutter contre l’étalement urbain.Ancien directeur adjoint de la Sic, Benoît Naturel vient d’être nommé directeur général de la Sem Agglo il y a un mois. Diversification du parc de logements, doublement des livraisons, réhabilitations, et gestion des aides provinciales à l’habitat. Le point sur les dossiers qui l’attendent.
Les Nouvelles calédoniennes : Vous arrivez à la tête de la Sem Agglo, qu’est-ce qui fait la particularité de ce bailleur social ?
Son actionnariat, déjà, dont 20%, privés, sont portés par la BNC et la Caisse des dépôts, et le reste, qui est porté par la province, l’autorité compétente, et les quatre communes de l’agglomération. Depuis l’origine, il y a aussi une vraie culture de la proximité et de l’accompagnement social des familles. Enfin, c’est effectif depuis le 1er avril, la gestion des trois aides à l’habitat individuelles a été transférée à la Sem: le logement aidé, l’aide forfaitaire à l’accession et l’aide à la rénovation de l’habitat. Cela permet d’avoir un guichet unique.
Outre la construction de logements, la réhabilitation est-elle un enjeu ?
On parle beaucoup de construction, mais l’enjeu des années à venir, c’est qu’il y a 200 ensembles immobiliers sur l’agglomération qui sont qualifiés d’insalubres, donc, à un moment donné, il va bien falloir trouver une réponse pour intervenir sur ces sites-là. Le logement insalubre fait partie des axes de travail de tous les bailleurs, qui réhabilitent déjà des logements qu’ils achètent quand c’est possible. Parfois, ce n’est pas possible car il y a des propriétaires occupants, donc l’idée est de proposer des solutions pour réhabiliter des copropriétés dégradées.Mais, on est démuni pour l’instant en termes d’outil.
Il y a du retard dans la gestion de ces ensembles insalubres…
En fait, il n’y a pas de solution. Des dispositifs existent en Métropole, comme l’Agence nationale de l’amélioration de l’habitat, mais pas ici, personne ne s’en occupe.
Il y a d’ailleurs ce phénomène de propriétaires qui louent des logements dégradés, une sorte de marché parallèle…
Ce sont des marchands de sommeil. On en a parlé en Conseil de l’urbanisme et de l’habitat. Déjà, il faut qu’on s’entende sur ce qu’est un logement indigne ou insalubre, parce qu’on n’a pas de définition calédonienne du terme, mais aussi sur qui est compétent et qui intervient. Toutes les communes de l’agglomération sont concernées.
C’est un des objectifs de la Sem Agglo ?
Il faut savoir que la Sem a adopté, en 2016, un plan d’action stratégique autour de trois axes, sa vocation sociale en faveur des ménages les plus fragiles, le développement de son parc, et l’identification de la Sem comme un outil provincial en matière d’habitat, avec la diversification de son parc, donc ne pas faire seulement du logement social, mais aussi à destination des personnes âgées et des classes moyennes par exemple.
Justement, où en est le dossier d’Ehpad, à Tina ?
Pour l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, le dossier de défiscalisation a été déposé localement il y a deux semaines, et on négocie les derniers financements avec la province sur les garanties de prêt, donc on espère que tout ça puisse aboutir.
On parle beaucoup de construction, mais l’enjeu des années à venir, ce sont les 200 ensembles immobiliers sur l’agglomération qui sont qualifiés d’insalubres.
Le dossier a pris du retard…
Oui, beaucoup, le temps d’obtenir les agréments, puis on a fait l’objet d’une instruction par l’Agence française de développement, qui va financer le projet via un prêt bonifié. Là, on boucle les derniers points de détail pour financer l’opération, qui représente 1,5milliard de francs. On espère un début des travaux cette année.
D’autres projets de diversification du parc sont-ils prévus ?
Oui, même quatre, à Païta, dont trois sont en cours de construction, des opérations de logements « éco », c’est-à-dire intermédiaire. À Nétéa, les deux premiers logements sont livrés cette semaine.
Il y a une reprise de la construction ?
Oui, on va doubler les livraisons l’an prochain. Aujourd’hui, on ne juge plus trop l’efficacité d’un bailleur sur sa faculté à construire mais plus sur sa capacité d’écoute vis-àvis des clients. La situation des Calédoniens se complexifie de plus en plus, et il faut prendre en compte les quartiers dans lesquels on s’insère, la situation n’est pas la même qu’on construise à Boulari, à Kaméré ou à Dumbéa-sur-Mer. Et puis, il y a les contraintes budgétaires des collectivités parce que, pour accompagner cet accroissement de population, il faut des équipements. On vous attend sur votre faculté à entretenir le logement correctement et à favoriser le bien vivre ensemble.
Parmi les autres projets, il y a celui de la Flottille, à l’entrée de Nouméa…
On a acquis une partie de l’îlot à la province Sud, et on espère acquérir une deuxième partie auprès de la Nouvelle-Calédonie avant la fin de l’année. Mais ce projet doit être alimenté de la réflexion de la mairie de Nouméa sur l’entrée nord de la ville. Il va falloir mettre en cohérence les deux plannings. À terme, c’est une opération de logements sociaux et intermédiaires.
Plusieurs opérations sont aussi menées à la Vallée-du-Tir…
La construction d’un immeuble de 21 logements est en cours à la place de l’alimentation Cri Cri, avec un commerce au rez-de-chaussée, à l’angle de la rue Pallu-de-la-Barrière. Et puis il y a l’opération de réhabilitation Montcalm, qui concerne 23 logements. On poursuit aussi nos opérations classiques, comme à Dumbéa-sur-Mer. Et puis on fait muter des parcelles de logements insalubres, comme à Auteuil, par exemple. On a racheté et on va faire 10 petits logements, des opérations que l’on essaie de multiplier car elles s’insèrent bien. Humainement, c’est à l’échelle de ce qu’on est capable de faire vivre.
Directeur à 36 ans
Né en 1982, Benoît Naturel passe son enfance à Tonghoué avant de partir faire ses études en Métropole. Il est ingénieur civil des ponts et chaussées, diplômé en 2006. « Je n’ai pas voulu rentrer tout de suite en Nouvelle-Calédonie pour avoir une expérience en Métropole ; j’ai donc travaillé trois ans dans un cabinet d’ingénierie. » De retour, Benoît Naturel intègre la Sic en 2009, en tant que directeur du développement, avant d’être nommé directeur général adjoint en 2015. Après neuf ans passés chez l’opérateur historique, il a pris ses fonctions en tant que directeur général de la Sem Agglo début juillet.
Treize opérations en cours
Créée en décembre 2005, la Sem Agglo a bien grandi depuis. Elle compte 47 employés, et le patrimoine du bailleur social se compose de 1 700 logements. 50 ont été livrés en 2017, 60 doivent l’être en 2018 et 150 le seront en 2019. La Sem Agglo mène treize opérations qui doivent aboutir d’ici 2020. Stella 2 et Satinah seront livrées dans le centre de Païta en 2018, ce qui représente 26 logements pour un montant de 530 millions de francs environ. En 2019, l’opération Gawe doit être livrée au Vallon-Dore, soit 32 logements pour 708 millions de francs. À Païta, 92 logements de type « éco » seront achevés à Scheffleras, au domaine de Nouré et à Nétéa, pour un montant de plus de 2,7 milliards de francs. À Dumbéa, de plus petites opérations sont en cours, dont une à Yahoué et une à Auteuil, les deux concernant 24 logements pour un montant de 300 millions de francs. Enfin, à Nouméa, des opérations de construction et de réhabilitation sont en cours à la Vallée-du-Tir, soit 44 logements pour près de 700 millions de francs. En 2020, c’est l’opération Tina Village, menée en partenariat avec la Sic, qui doit s’achever. Elle représente 119 logements à Normandie.
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