- Stéphanie Chenais | Crée le 03.10.2018 à 06h24 | Mis à jour le 03.10.2018 à 06h39ImprimerA la poissonnerie du marché, des vendeurs acceptent déjà les boîtes de leurs clients, tant qu’elles sont propres. Photos Julien CinierSOCIÉTÉ. La loi n’est pas encore votée, mais mais les sacs en plastique et les barquettes pourraient vivre leurs derniers mois. Une perspective qui bousculerait les habitudes des consommateurs et des commerçants.
Huit mois. C’est le temps qu’il reste aux commerçants si la loi venait à passer. Huit mois pour trouver une alternative aux sacs plastique. Si la TGC est encore sur toutes les lèvres au marché, le sujet ne laisse personne indifférent. Les clients, comme les vendeurs. « Oui, j’ai entendu parler de ça, confirme Elodie, venue acheter ses légumes. Je vois quelques personnes avec des cabas à roulettes, mais elles sont rares. Je n’ai pas l’impression que les gens soient vraiment prêts à faire l’effort. » Elle aussi reconnaît que les sacs jetables restent la solution de facilité au quotidien.
Côté commerçants, la proposition de loi portée par Calédonie ensemble (lire par ailleurs) n’est pas passée inaperçue. « On commence à en parler », témoigne cette poissonnière. Derrière elle, un petit autocollant bien visible précise que les sacs à vrac et les boîtes propres sont acceptés. « Il y a des gens qui viennent déjà avec leur récipient. On se dit que si l’interdiction passe, certains viendront peut-être carrément avec la glacière. » Si, dans certains supermarchés, les sacs plastique ont déjà laissé place aux poches en papier pour les fruits et les légumes, les choses s’annoncent plus compliqué pour les produits de restauration à emporter.
C’est le cas des barquettes de l’entreprise Le Marlin bleu, spécialiste des salades de poisson, que l’on trouve dans de nombreuses grandes surfaces et épiceries. « C’est un sujet auquel nous sommes très sensibles. C’est logique, on voit ce qu’il se passe dans le monde, assure Juliette Fremy, une des gérantes de la société. Mais cela demande de l’anticipation. Sur 2020, c’est un temps très court pour les industriels. » D’autant plus que la majorité de leurs produits sont très liquides avec beaucoup de sauce. « Pour l’instant, on n’est pas prêts. Mais on s’adaptera, il le faut bien. » Même son de cloche chez La Niçoise. Ce service de gamelles a récemment inauguré un jardin potager hors-sol sur le toit de l’entreprise, à la Vallée-des-Colons. « On travaille déjà sur ces questions. Cela fait deux ans qu’on a commencé nos recherches pour de nouveaux emballages, détaille Frédérique Le Mercier, cogérante. On utilise des boîtes en carton pour nos salades et on a testé des poches en papier, mais qui, finalement, ne convenaient pas. Il faut qu’elles tiennent le coup au frigo. »
6 076 signatures sur la pétition
Une préoccupation interne à l’entreprise portée par celle des consommateurs. Hier, 6 076 personnes avaient signé la pétition pour l’interdiction des plastiques en Calédonie. « Aujourd’hui, c’est une attente de nos clients. Depuis deux-trois ans, les gens reviennent même aux gamelles traditionnelles. »
Problème, à ce stade, les services de l’hygiène restent frileux sur ce point. « Je pense que les entrepreneurs sont prêts à faire des efforts. Mais il faut que l’on soit accompagné et qu’on nous laisse le temps de trouver des solutions. »
Savoir +
Pétition sur Change.org : Pour en finir avec les emballages plastique à usage unique.
« Il faut un accompagnement des institutions »
Certains services de gamelles de la ville proposent déjà la livraison de leurs salades dans des emballages cartonnés, plutôt que plastique.
Si les bonnes volontés sont importantes, il est indispensable que l’industrie suive « Au niveau du syndicat, on y est très favorable. On sait les dégâts que cela cause. Les Calédoniens y sont de plus en plus sensibles et il faut répondre à leur demande », indique Sylvie Jouault, déléguée générale du syndicat des importateurs et des distributeurs.
Une offre locale insuffisante
L’idée étant de se caler sur la réglementation de la Métropole. « Il faut une alternative avec du biocompostable par exemple. Il y a déjà une offre locale, mais ce n’est pas suffisant. Que l’on parle de boîte en carton ou de fourchette en bois, il faut encourager les initiatives et les importateurs s’adapteront. » Des produits de remplacement qui auront inévitablement un coût. « Une fois qu’il y aura les volumes, ils s’y retrouveront. Mais il faut un accompagnement des institutions, avec pourquoi pas une fiscalité plus favorable. » La première étape serait donc de changer de produit, mais pas forcément le geste. « On voit que les choses bougent, il y a déjà une épicerie en vrac, certains réclament le retour à la consigne. Mais cela nécessite une éducation du consommateur et que la réglementation évolue, qu’elle ne soit pas trop stricte. »
60 millions
de sacs plastique seraient utilisés chaque année en Nouvelle-Calédonie.
Un chiffre qui passe à 5 000 milliards à l’échelle mondiale.
Repères
Ce que dit la proposition de loi
Le 14 septembre, Calédonie ensemble a proposé une loi du pays qui vise à interdire la distribution de sacs plastique à usage unique et les sacs cabas à partir du 1er mai 2019. Une mesure qui porterait sur les couverts et les pailles en plastique quatre mois plus tard, au 1er septembre, puis sur les barquettes alimentaires au 1er mai 2020.
Quelques dates dans le Pacifique
● 2008 : les grandes surfaces calédoniennes cessent de distribuer des sacs plastique à usage unique aux caisses.
● 1er janvier 2016 : la Papouasie interdit la distribution de sacs non biodégradables.
● 1er juillet 2017 : Wallis-et-Futuna interdit les sacs plastique en caisse.
● 1er février 2018 : le Vanuatu interdit l’importation et la distribution de sacs plastique.
● 20 juin 2018 : deux grandes enseignes australiennes mettent fin à la distribution des sacs plastique gratuits, la mesure passe mal.
● 10 août 2018 : la Première ministre néo-zélandaise prévoit l’interdiction progressive des sacs plastique à usage unique en 2019.
● 31 août 2018 : le gouvernement de Polynésie française annonce la fin des sacs pour le second trimestre 2019.
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