- Par Julien Mazzoni | Crée le 15.03.2023 à 15h45 | Mis à jour le 16.03.2023 à 08h00ImprimerPhoto Jean-Alexis Gallien-LamarcheLa prison a deux principales fonctions : protéger la société en sanctionnant ceux qui ont commis des fautes, et préparer les détenus à se réinsérer dans la société. En Calédonie, le taux d'incarcération et le nombre de détenus en rupture avec la société forcent au constat d'échec. Pourtant la seconde chance est un droit. Comment retrouver une vie normale après la case prison ?
Des grilles surmontées de barbelés. Des cellules conçues pour deux (alors que la loi prévoit un encellulement individuel) où s'entassent quatre voire cinq détenus, dont certains dorment à même le sol. Des conditions d'hygiène honteuses. Des suicides. Des gardiens épuisés. Des détenus au visage tatoué défoncés aux anxiolytiques et un horizon bouché. Le Camp-Est, depuis des années, est pointé du doigt comme un établissement pénitentiaire d'un autre temps, "la honte de la République". Un "enfer" dont personne ne sort indemne.
Ceux qui passent par là ont commis des fautes. Parfois graves, mais souvent des délits mineurs. Quelle que soit la raison pour laquelle la justice les a enfermés, la loi pénitentiaire, dans son article 1, stipule que "la privation de liberté concilie la protection de la société, la sanction du condamné et les intérêts de la victime avec la nécessité de préparer l'insertion ou la réinsertion de la personne détenue afin de lui permettre de mener une vie responsable et de prévenir la commission de nouvelles infractions".
Avec un taux d'occupation indécent de plus de 150 % (610 détenus pour 410 places), le système carcéral semble faire du zèle en termes de protection de la société mais avoir oublié la seconde partie de sa mission.
Que fait-on pour la réinsertion des prisonniers en Calédonie ? "En fin de compte, rien", assène l'avocate Marie-Katell Kaigre, qui a fait de la dénonciation des conditions de détention son cheval de bataille. Selon elle, le taux de réincarcération serait très élevé en Calédonie. En réalité, il est très difficile de s'en faire une idée car aucune étude n'existe à ce jour et on connaît très mal la population carcérale. Cela dit, selon Lionel Lecomte, directeur du Service pénitentiaire d'insertion et de probation,"en moyenne, le taux de récidive pour les sortants de prison, c'est-à-dire le risque de commettre une nouvelle infraction dans les trois ans, est de plus de 50 %." Un chiffre qui exprime une réalité mondiale et qui serait même plus élevé sur le Caillou. Mais, poursuit-il, "il n'y a aucune littérature sur la récidive et la délinquance calédonienne. Rien. Nous sommes obligés d'aller voir ce qui a été fait en Amérique du Nord sur les populations amérindiennes, qui ont connu la colonisation et des conditions d'incarcération similaires."
"La réponse prison ne marche pas"
Ce que l'on connaît, en revanche, c'est le taux d'incarcération par rapport au nombre d'habitants : il est deux fois plus élevé qu'en Métropole, le même qu'en Polynésie française. Là encore, si aucune donnée objective ne permet d'avancer d'explication précise de ce phénomène, une piste semble se dégager, selon le professionnel de la réinsertion : le taux de résolution des enquêtes, qui est de 80 % alors qu'il n'est que de 27 % en France métropolitaine.
Autre particularité, beaucoup de détenus sont condamnés pour des délits mineurs, "des faits de délinquance liés à l'alcool et aux addictions, à des problèmes familiaux, ce sont des personnes qui se retournent contre la société, avance Marie-Katell Kaigre. Ils n'ont pas besoin d'enfermement mais d'accompagnement. La réponse prison ne marche pas."
Le 6 février, le centre de détention de Koné accueillait ses premiers détenus. Un bol d'air pour le Camp-Est, mais insuffisant pour résoudre le problème de surpopulation carcérale. Photo Waldemar de LaageD'autant plus que, ce n'est pas un scoop, les conditions de détention au Camp-Est n'en font pas un lieu propice à la reconstruction. Entassés vingt-deux heures par jour dans des cellules insalubres, les détenus perdent vite toute estime d'eux-mêmes et tout repère social. "Je ne suis pas une marchandise pour être dans un conteneur. J'ai grandi à la tribu, je connais la précarité. Mais là, c'est la saleté, je ne peux pas rester dans la crasse et les immondices", témoigne l'un d'eux. Scarifications, prise plus ou moins consentie d'anxiolytiques, tatouages sur le visage et circoncision au rasoir en guise de rite d'initiation, pour beaucoup, le passage au Camp-Est restera gravé dans leur corps et dans leur âme.
Alors qu'ils devaient être "dans un endroit où l'on se reconstruit, ils se retrouvent dans un tel état de déchéance et de rupture sociale et psychologique, que tout espoir de réinsertion devient difficile", déplore l'avocate.
Peines alternatives
Le 6 février, le centre de détention de Koné, axé sur la lutte contre la récidive et la réinsertion, a reçu ses premiers prisonniers. Destiné à accueillir 120 condamnés majeurs, il va donner un peu d'air à un Camp-Est en fin de vie, dont tout le monde, des gardiens aux magistrats en passant par les acteurs de la réinsertion, s'accorde à dire qu'il faudrait le raser pour reconstruire une prison aux normes.
Pour répondre à ce problème de surpopulation carcérale, qui constitue l'un des principaux freins à la réinsertion, la pratique des magistrats est, depuis quelques années, de limiter au maximum les courtes peines d'emprisonnement et de privilégier les peines alternatives.
"La politique pénale est de requérir du ferme avec exécution immédiate pour les faits de violences graves ou d'atteinte aux biens en récidive, explique Yves Dupas, le procureur de la République. Et de requérir du ferme avec aménagement au moment du procès. En 2022, 351 peines ont été prononcées (avec quantum maximum de douze mois) avec aménagement au moment du procès, dont 333 placements sous bracelet électronique et 320 peines de travaux d'intérêt général (+6 % par rapport à 2021). C'est un choix qui tient compte de la personnalité et de la situation familiale et professionnelle du condamné. En 2022, on note une augmentation de 110 % des aménagements. L'idée est d'éviter l'incarcération qui peut être préjudiciable."
"Beaucoup d'appelés, mais peu d'élus"
Parmi ces mesures, la semi-liberté : le juge d'application des peines s'appuie sur le travail des agents du Spip pour autoriser un détenu à quitter le centre de détention pendant la journée afin qu'il continue de travailler ou de suivre une activité. Mais avec un quartier de semi-liberté limité à 32 places, les aménagements constituent le plus souvent des placements sous bracelet électronique. "C'est une mesure très encadrante, explique Yves Dupas. C'est une peine qui a du sens, notamment pour les personnes en recherche d'emploi, avec impossibilité de sortir de chez elles le soir ou le week-end." "Le bracelet permet de maintenir l'emploi, l'activité sociale et familiale, acquiesce Frédéric de Greslan, bâtonnier de l'ordre des avocats de Nouméa. C'est beaucoup plus facile de se réinsérer que si l'on est complètement désocialisé. Mais la démarche de réinsertion doit venir des détenus eux-mêmes."
La Rapsa permet à des condamnés qui ont un projet de réinsertion de finir leur peine loin de la misère du Camp-Est. Mais les places sont chères, et rares sont ceux qui ont la chance d'y accéder. Photo Julien MazzoniCeux qui ont de la chance et un projet professionnel peuvent bénéficier d'un placement extérieur. En Calédonie, il existe une association agréée par la province Sud et le gouvernement habilitée à héberger des condamnés répondant à des conditions très strictes : c'est la Rapsa (Réintégration des anciens prisonniers dans une société accueillante), qui a fait sien ce combat depuis quarante-sept ans. En plus de la cinquantaine de condamnés y effectuant des travaux d'intérêt général chaque année, entre 120 et 130 personnes viennent y chercher un soutien et une aide au retour à l'emploi. Mais avec quinze lits, les places sont chères... "C'est comme le Paradis, ici, il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus", résume Ludovic Fels, directeur depuis 2017 du centre situé à la Vallée-du-Tir. "Deux fois par mois, on se rend au Camp-Est pour rencontrer des détenus. Il y a une liste bien fournie compte tenu de la surpopulation carcérale. On examine leurs projets et on les valide, en collaboration avec les agents du Spip. Le détenu s'exprime ensuite devant le juge d'application des peines qui va proposer un aménagement. C'est un rapport de confiance que l'on établit avec eux." Là, même si la tentation de s'évader est grande et que certains tentent parfois leur chance - sans succès, car le retour en prison est à chaque fois au rendez-vous - la plupart des pensionnaires ou des condamnés à des TIG sont conscients de la chance qui leur est offerte.
Parmi eux, Olivier*, 59 ans, effectue des travaux d'intérêt général. Il n'est pas rémunéré mais a droit à un repas et à deux tickets de bus par jour. Il a 140 heures de travail à effectuer, soit sur des chantiers en extérieur soit au sein de la Rapsa, en cuisine ou à l'entretien des locaux ou des espaces verts. Le prix à payer pour éviter la cellule crasseuse du Camp-Est. "J'avais une amende à payer et je n'avais pas les moyens. Si je ne paie pas, je vais de l'autre côté. J'accepte, je suis en tort. Je pointe ici le matin et je fais mes huit heures. Ça m'évite d'aller en prison. Je sais pourquoi je suis là et j'assume."
Les travaux d'intérêt général représentent une opportunité de payer sa dette à la société en évitant la case prison. En 2022, 322 condamnés ont bénéficié de cette mesure. Niko VincentD'autres, comme Yannick*, savent à quoi ressemblent les geôles de "la 400". Il fait partie des 100 à 130 détenus condamnés pour des faits de violences conjugales et il a mis à profit son passage de huit mois au Camp-Est et son placement à la Rapsa pour tirer les leçons de ses erreurs et regarder vers l'avenir. "En prison, ta fierté redescend, témoigne-t-il. Tu deviens petit. Un peu comme quand tu entres à l'école maternelle. Dehors, tu es un homme et dedans tu es un grain de sable. C'est vrai qu'on a fait des conneries, mais le plus difficile, le plus triste, c'est le manque d'affection de nos familles. C'est dur le monde carcéral et ici, à la Rapsa, je suis bien. Il y a des personnes qui donnent de leur temps, de l'amour, c'est une chance. Le reste de ma peine, je vais la purger ici. J'ai mes objectifs et on est bien suivis. Ils te lâchent pas, un peu comme un cerf-volant." Dans son cas, la prison a rempli son rôle de réhabilitation. "Souvent, la réinsertion n'est pas une question d'emploi, mais de travail sur les facteurs, les croyances", développe Lionel Lecomte. "Je n'avais pas envie de rester de l'autre côté, poursuit Yannick. Je me suis projeté sur ce que je veux faire, voir plus loin. J'ai pris la prison comme une leçon. Dans la vie, même si on fait des erreurs et qu'on est imparfaits, tout le monde a droit à une seconde chance. Quand elle se présente, il faut la saisir et aller à fond vers tes objectifs. Moi, mon objectif c'est de ne plus retourner là-bas. J'ai un projet professionnel pour ma petite famille, je veux profiter de la vie, de la joie de voir grandir mes enfants. J'ai ignoré mes responsabilités et, quelque part, je remercie la prison, ça m'a aidé à réfléchir."
"Quand vous passez en prison, vous vous déstructurez, rappelle Ludovic Fels. Là où il ne faut pas louper le coche, c'est à la première incarcération. Ces jeunes, c'est leur avenir qui se joue. Certains vont être capables de rebondir en disant "j'ai connu la prison, j'en ai gardé des séquelles et des douleurs que je ne veux plus revivre", mais d'autres se disent "je vais retrouver mes copains de quartier, c'est super, j'ai un toit, j'ai à manger, je n'ai plus ça quand je suis dehors"." Pour lui, la sensibilisation et la prévention au niveau scolaire sont les principaux leviers à actionner pour éviter le premier enfermement, principalement pour les mineurs. Car "si le taux de récidive global est effectivement inconnu, il l'est en revanche en ce qui concerne les mineurs : il est de 100 %", affirme le bâtonnier, Frédéric de Greslan.
Sensibilisation et prévention
Intervenir auprès des mineurs, c'est justement le cœur de métier de Frédéric Thomas-Dumont. À Nouville, dans les locaux de la DPJEJ, le chef du service éducatif de prévention et d'insertion (gouvernement) lutte contre la déscolarisation. "C'est un service qui fait vraiment de la prévention", pose celui qui a fait de cette thématique son sacerdoce depuis près de vingt ans. "La prévention a l'avantage de détecter les gamins qui commencent à décrocher et qui, par phénomène de bande, peuvent être pris dans une spirale destructrice." Au sein de cinq collèges (Tuband, Rivière-Salée, Normandie, Portes-de-Fer et Kaméré), ses éducateurs - un par établissement - suivent 440 élèves. Le but étant de "ne pas se rendre compte, quand le gamin est dans une voiture volée, que, finalement, il n'a personne à la maison". Pour les mineurs qui ont déjà commis des délits, la DPJEJ propose au travers d'ateliers et de chantiers d'insertion de leur faire découvrir la vie active dans un milieu protégé avec comme objectif de les resocialiser. "Une fois qu'ils tiennent le coup, on essaie de voir ce qu'ils veulent faire. Le plus long, c'est de leur donner la motivation d'y aller. Ça peut prendre des mois. On ne vend pas du rêve, on leur donne la réalité, pour les faire sortir de l'inactivité."
Dans les ateliers de jour de la DPJEJ, à Nouville, les mineurs délinquants se resocialisent grâce au travail. Photo Julien MazzoniMais avec des moyens qui se dégradent d'année en année, comme dans toutes les directions, "le défi c'est de maintenir les activités à moyens constants. D'autant qu'on a affaire à de pauvres mômes en déficit affectif avec une faible estime de soi. On essaie de colmater des fissures. Mais il y a de belles réussites, c'est ça notre vrai salaire", rappelle Frédéric Thomas-Dumont, qui voit son action comme une véritable mission.
Du côté du parquet, le procureur Yves Dupas insiste lui aussi sur l'importance de la prévention. Si le quartier des mineurs du Camp-Est reste heureusement celui dont l'état est le moins dégradé, il accueille tout de même entre cinq et douze détenus. "Il est nécessaire de toucher à la parentalité et d'aider les familles à mieux prendre en charge les enfants dans le désarroi pour éviter les situations d'errance, notamment dans le Grand Nouméa. Ces jeunes qui traînent la nuit sont exposés à des situations à risque. Souvent les parents sont absents ou en difficulté", rappelle le magistrat.
Le rôle essentiel des coutumiers
Un dispositif de contrôle des mineurs par les polices et la gendarmerie est ainsi mis en place pour identifier ces jeunes, évaluer leur situation familiale en vue d'une assistance éducative au travers, entre autres, de stages de responsabilité parentale. "L'idée est d'intervenir le plus tôt possible pour éviter la spirale de la délinquance."
Acteurs incontournables de la prévention et de la réinsertion, les coutumiers jouent d'ailleurs un rôle important dans ce dispositif. D'autant que les Kanak représentent l'immense majorité des détenus, même si, là aussi, aucune statistique n'existe. "La seule proportion sur laquelle on peut se baser, explique Lionel Lecomte, du Spip, c'est ceux qui prétendent relever du droit coutumier. On a une proportion très importante mais pas de chiffres. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a 90 % d'Océaniens au Camp-Est." Le Sénat mais aussi les conseils de clan sont ainsi associés à la plupart des démarches visant à reconnecter les délinquants, notamment les plus jeunes, avec les valeurs tribales. "Savoir d'où je viens pour savoir qui je suis", illustre Frédéric Thomas-Dumont. Pour le Spip, ce travail avec les coutumiers est "essentiel, notamment dans le cadre des TIG et du placement sous bracelet électronique. Il y a, pour les gamins qui commettent des infractions, la nécessité de savoir d'où ils viennent. Ils ont deux univers à maîtriser. Celui du code pénal et des codes qui viennent du monde occidental et celui de la vie d'un groupe communautaire, tribal. Il y a des points communs entre ces deux univers. Par exemple, culturellement, on ne casse pas la gueule à sa femme... Les coutumiers relaient ce discours. Autre notion, les TIG. Historiquement, ils ont été inventés ici, par la coutume : le travail coutumier. Pour le coup, c'est l'institution occidentale qui est venue chercher dans le Pacifique un mode de résolution des conflits communautaires."
Manque d'empathie
Cette écrasante majorité de Kanak composant la population carcérale pourrait expliquer un phénomène qui représente à lui seul un obstacle de taille à la réinsertion, le manque d'empathie de la population à l'égard des détenus. "La population kanak a de l'empathie, nous, avocats, on déborde d'empathie, mais on se retrouve tout le temps à être obligés d'expliquer à ceux qui n'en ont pas en quoi consiste notre métier...", déplore Frédéric de Greslan. Pourtant, le regard de la société sur les délinquants, "ça fait mal, explique Yannick, à la Rapsa. Eux aussi, ils sont imparfaits. Qui sont-ils pour nous juger ? Ça peut arriver à tout le monde de faire des conneries. Le pardon est universel, il est fait pour tout le monde quelle que soit la couleur de ta peau", rappelle le futur ex-détenu.
Un point de vue que partage Nathalie Vernet-Lataste, directrice adjointe du Spip : "La délinquance touche tout le monde, mais tout le monde ne sait pas comment accompagner les personnes à l'extérieur. Donner la possibilité à un détenu de se réinsérer implique que toute la communauté participe à cet effort, pas seulement le ministère de la Justice. Ce sont nos enfants, les enfants de nos amis et les copains de nos enfants... On assiste à quelque chose que l'on voit en Métropole avec cette étiquette "je sors de prison j'ai pas de boulot" qui colle à la peau. C'est dommage. Tout le monde doit participer à la prévention de la récidive."
EXERGUE
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J'ai pris la prison comme une leçon. Dans la vie, même si on fait des erreurs et qu'on est imparfaits, tout le monde a droit à une seconde chance. Quand elle se présente, il faut la saisir et aller à fond vers tes objectifs.
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Les missionnaires de la réinsertion
Frédéric Thomas-Dumont (en jaune) est chef du service éducatif de prévention à la DPJEJ. Son cœur de métier, c'est la lutte contre la déscolarisation pour prévenir la délinquance des mineurs. Photo Julien MazzoniLe Spip
Le Service pénitentiaire d'insertion et de probation intervient au sein du Camp-Est, du centre de détention de Koné et en milieu libre. Son rôle consiste essentiellement à préparer la sortie et à développer les aménagements de peine. En milieu ouvert, il y a 2 200 personnes suivies : ce sont soit les peines inférieures à un an placées en extérieur ou avec bracelet, soit les peines alternatives (personnes suivies de dix-huit mois à trois ans) et les suivis post-peine pour les personnes jugées les plus dangereuses qui ont exécuté leur peine et qui ont une mesure de sûreté. La période de contrôle peut aller jusqu'à vingt ans. Au centre pénitentiaire, conçu pour 420 personnes, six enseignants à temps plein et des vacataires assurent des cours avec une priorité absolue donnée aux mineurs et à la lutte contre l'illettrisme. Les détenus peuvent également travailler au profit de l'administration (cantine, nettoyage des locaux, etc.), ils ont droit à des activités socioculturelles qui visent à déconstruire les croyances (un millier d'heures par an), et à des programmes de prévention de la récidive pour amener les condamnés à un travail de réflexion sur leur comportement. Enfin, deux formations professionnelles sont proposées au Camp-Est, en soudure et en espaces verts. 60 % des détenus qui les suivent se voient proposer un emploi à l'issue de leur détention. Il y a 55 agents, dont 35 conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation, ce qui fait à peu près 60 personnes par conseiller, et 95 en milieu ouvert.
La DPJEJ
La Direction de la protection judiciaire enfance et jeunesse a été créée en novembre 2016. Ses compétences se déclinent autour de quatre missions : la protection de l'enfance dans le cadre de l'assistance éducative, le traitement de la délinquance des mineurs, la lutte contre la récidive et la prévention du décrochage scolaire. Ces quatre missions sont accomplies par le biais d'interventions externes ou directement au sein des établissements rattachés à la direction. Elle assure également l'indemnisation et le suivi administratif des personnes désignées "tiers dignes de confiance" par l'autorité judiciaire, qui accueillent un mineur retiré provisoirement de sa famille. Pour accueillir l'ensemble de ces mineurs, la direction dispose d'un Service éducatif de milieu ouvert, d'insertion et de suivi en détention (SEMOI) constitué d'une unité éducative de prévention de la déscolarisation et d'activités de jour, d'unités éducatives d'hébergement en familles d'accueil, d'un établissement de placement éducatif qui accueille des jeunes de 13 à 16 ans, à Nouville, d'une unité d'accueil des jeunes de 16 à 18 ans, à Païta et d'une autre dédiée à l'accueil d'urgence et à l'orientation, à Nouville.
La Rapsa
La Rapsa (Réintégration des anciens prisonniers dans une société accueillante) est une association loi 1901 qui a été créée en 1976 pour venir en aide aux anciens détenus. C'est la seule structure en Calédonie à proposer cet accompagnement. Depuis 2003 un agrément provincial et gouvernemental qui lui donne le statut de CHRS (centre d'hébergement et de réinsertion sociale) lui permet d'accueillir des détenus en fin de peine durant plusieurs mois pour les guider dans leur réinsertion. Ils ne sont pas libres pour autant puisque le cadre est très strict, les entrées et les sorties sont réglementées, et il y a une heure de "couvre-feu". Sorte de prison sans barreaux, la Rapsa permet aux anciens détenus ou en fin de peine d'avoir accès à du travail ou même de sortir le week-end si leur comportement satisfait les éducateurs. La Rapsa, au travers d'une convention avec le CHS, prend également en charge des psychotiques en traitement stabilisé ainsi que des familles en difficulté, sans forcément en lien avec la justice. 120 à 130 personnes passent chaque année par la résidence de la Vallée-du-Tir dans le cadre de travaux d'intérêt général ou d'un processus de réinsertion. Douze salariés composent son effectif.
Ludovic Fels est directeur de la Rapsa depuis 2017. Mais il œuvre à la réinsertion dans l'association depuis dix-huit ans. Photo Julien MazzoniNote
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