
Pour Neil Meadows, président, « ce changement est probablement le plus important dans l'histoire de Koniambo Nickel depuis le démarrage des opérations ». Aurélien Archambeault, directeur de l'usine métallurgique, dépeint lui « une avancée majeure » sur le site de Vavouto.
L'objectif industriel, en passe d'être atteint si les résultats se confirment ces jours-ci, a trait à la stabilité électrique des fours, à 80 mégawatts. Une condition essentielle pour obtenir un bon niveau de production de ferronickel en continu. Les deux fours disposaient chacun, auparavant, de deux électrodes d'une même polarité : négative. De l'instabilité électrique avait été enregistrée, ce qui limitait la puissance des installations, donc réduisait la production, et créait des perturbations au niveau de la centrale. Le projet « Inversion de polarité" consiste à modifier cette configuration, pour utiliser une électrode négative et une seconde positive. Autrement dit, une correction a permis de transformer une cathode en anode. En clair, de changer la polarité d'une électrode.
Les travaux ont été engagés en janvier sur le four N°2. Avec succès. « Nous avons réussi à tenir 80 mégawatts, 24 heures, sans perte d'arc » c'est-à-dire sans détérioration de la circulation électrique, et « même des périodes de plus de 12 heures, à 85 mégawatts, sans perte d'arc » observe Aurélien Archambeault. Avec l'autorisation des autorités, notamment de la Direction de l'industrie, des mines et de l'énergie, Dimenc, la même opération est en cours sur le four N°1 et devrait s'achever, pour sa phase de tests, ce mercredi ou jeudi.
Les dirigeants de KNS sont unanimes, il ne s'agissait nullement au départ d'un défaut de design.
Un constat s'est en fait imposé au sein des équipes de Koniambo Nickel : l'instabilité électrique est perturbante. Il fallait en trouver l'origine. La littérature scientifique a mis en évidence des références sud-africaines et canadiennes en la matière qui, contactées, ont mené les investigations. « La phase d'études et l'analyse de risques ont duré quinze mois » calcule Aurélien Archambeault. Conclusion, une électrode pouvait perturber l'autre. Diverses étapes techniques ont suivi : modélisation, essais sur un modèle réduit, élaboration du cahier de travaux, enjeu financier, etc. Dix à douze experts sont intervenus lors des études de haut niveau, dix à vingt techniciens participent à la mise en œuvre qui, une nouvelle fois, ne nécessite pas de nouveaux matériels, mais une reconfiguration d'éléments existants dénommés thyristors. « Cette inversion de polarité nous ouvre, de manière indéniable, des perspectives de production plus forte » estime le directeur de l'usine de KNS. « C'est un pas de géant ». Cette astuce technique est a priori une première dans le monde, car KNS possède des fours à courant continu, ce qui n'est pas très commun dans l'industrie du nickel.
Les deux à trois jours d'arrêt sur chaque four afin d'inverser la polarité d'une électrode, seront rapidement compensés par une hausse de la production de ferronickel dans les prochains mois, indique Aurélien Archambeault. Selon le directeur de l'usine métallurgique de Koniambo Nickel, la précédente configuration permettait tout de même des productions non négligeables : deux records de rendement mensuel ont été battus l'an dernier avec plus de 3 200 tonnes. Avec cette modification sur deux électrodes, « on passe du téléphone au smartphone » résume, par une image, le responsable.
L'objectif annuel pour l'exercice 2023 est établi à 36 000 tonnes de nickel dans du ferronickel, après 25 400 tonnes de nickel en 2022.