
A 48 heures du lever de rideau, la dépression annoncée sur Tahiti pour ce début de semaine a eu une première conséquence pour les organisateurs du Fifo (Festival international du film océanien) : la venue des écoliers prévue lundi a été annulée. Un vrai désagrément pour une manifestation qui a toujours privilégié la participation du public et le partage des savoirs ; mais impossible de l’éviter. En attendant, sous un ciel d’azur, le centre culturel de Papeete finit de s’apprêter. Dans le port voisin, des va’a slaloment entre les navettes vers Mooréa et les paquebots pour gagner leur terrain d’entraînement, et le vrombissement d’un avion au décollage trouble de temps à autre la quiétude des lieux.
Dix films et documentaires sont au programme de la sélection officielle cette année, à quoi s’ajoute une douzaine d’autres présentés hors compétition. Australie, Nouvelle-Zélande, Papouasie Nouvelle-Guinée, Hawaii, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis-et-Futuna, France : comme c’est désormais la tradition, les œuvres ont des nationalités variées. Deux autres sélections sont au programme, affichant l’une une dizaine de films sous l’intitulé " 14e nuit de la fiction ", et sept courts-métrages (de 11 à 27 minutes) dans le cadre de " Fenêtre sur courts ". Pour les six membres du jury et leur présidente, la réalisatrice et écrivaine maorie Briar Grace-Smith, la semaine s’annonce bien remplie.
De compétition, il va bien sûr en être question à partir de mardi et jusqu’à dimanche. Mais cette rivalité artistique n’est qu’un des aspects du festival. Au fil du temps, le Fifo s’est imposé comme un rendez-vous majeur du calendrier océanien. Un point fixe permettant à tous ceux qui œuvraient dans le même domaine chacun de son côté de se découvrir.
Un lieu de croisement, fait plutôt rare dans le Pacifique sud, des représentants des univers anglophone et francophone, de nature à faire exister une vraie notion de culture océanienne. Et celle-ci peut voyager : des Fifo " hors les murs " existent un peu partout, jusqu’en Métropole.
Enfin, sur place, le festival sera comme à l’accoutumée l’occasion de rencontres, d’échanges, d’ateliers et de tables rondes de toutes sortes destinées à l’ouvrir au plus vaste public possible. Nombre d’équipes de films ont d’ailleurs fait le déplacement jusqu’en Polynésie. Les scolaires privés de Fifo et que l’univers du cinéma, de la vidéo et de la création intéresse auront toute la semaine des séances de rattrapage.
Rayon calédonien, deux films sont au programme officiel : Eloi Machoro, itinéraire d’un combattant, d’Éric Bauducel, projeté jeudi après-midi en compétition, et Nation of Water, hors compétition, jeudi matin. Les Calédoniens ont déjà pu voir ce documentaire sur la montée des eaux dans le Pacifique, réalisé durant le confinement en grande partie par une équipe de l’UNC. En charge notamment de la francophonie et de l’audiovisuel, le membre du gouvernement Yoann Lecourieux participera avec le président de la Polynésie française Moetai Brotherson à une table ronde sur le thème des choix politiques à faire afin d’aider au développement de l’audiovisuel en Océanie.