
C’est un peu le jeu "du chat et de la souris" qui s’est emparé des tours de Magenta, ce jeudi matin. Dans le rôle du chat, la police nationale. Dans celui de la souris, un groupe de jeunes suspectés de faire partie d’un réseau de trafic de stupéfiants.
Sauf que pour échapper aux interpellations par les forces de l’ordre et ainsi aux convocations devant la justice, certains de ces vendeurs ont pris l’habitude de cacher leur herbe de cannabis dans les moindres recoins des parcs et du mobilier urbain du quartier. Dissimulée sous un tas de feuilles mortes, glissée dans le mécanisme d’un volet roulant… Les policiers passent au crible le secteur et ne tardent pas à mettre la main sur plusieurs pochons.
"Les jeunes qui ont été ciblés par nos effectifs ont été contrôlés et palpés. Certains ont de la matière sur eux, d’autres, comme c’est généralement le cas, s’en délestent avant ou alors ont le réflexe de le cacher dans tous les lieux qu’ils jugent opportun", explique le commandant Frédéric Moeljokario, qui coordonne une "opération coup de poing" en partenariat avec le procureur et le haut-commissaire de la République.
Nom de ce dispositif national pour la première fois relayé sur le Caillou : "place nette". Objectif : résorber, ou du moins faire reculer les trafics dans les hauts lieux de la vente de drogue à Nouméa. À commencer donc par les tours de Magenta qui attirent bon nombre de dealeurs, dont certains venus d’autres quartiers.
"Ils ont trouvé dans ce site, un drive facile où ils trafiquent avec les automobilistes, analyse le commandant, qui face à la montée en puissance de certains groupes, doit être "plus intelligent" que ces vendeurs afin de débusquer leurs nouveaux stratagèmes, souvent inspirés de vidéos sur les réseaux sociaux. Il ne faut pas dévoiler tout ce que nous savons, mais par exemple, il peut y avoir des tags apposés sur certains bâtiments de la cité qui leur permettent de communiquer en indiquant aux futurs acheteurs les différentes parts à vendre. Là, par exemple, il est écrit "1K à 10K", ce qui signifie qu’il y a des parts de 1 000 à 10 000 francs disponibles."
Seul moyen pour les forces de l’ordre de dissuader ces jeunes : assurer le plus de présence possible sur place, à travers des patrouilles et des "opérations de sécurisation permanentes et quotidiennes", autant en semaine que le week-end.
"L’herbe de cannabis est particulièrement toxique en Nouvelle-Calédonie avec un taux de THC à 35 %. C’est un véritable enjeu de santé publique et c’est de l’économie souterraine générée par des réseaux qui commencent à se structurer sur le territoire. L’Hexagone a déjà hélas connu cette évolution par le passé et la Nouvelle-Calédonie n’y échappe pas. Il faut donc y mettre un terme, martèle le procureur de la République Yves Dupas. L’idée, c’est de lutter contre ces agissements qui pourrissent la vie des résidents dans ces immeubles pour à la fois ramener de la tranquillité dans la vie des gens au quotidien et renforcer le traitement judiciaire par rapport à ces trafics."
Le Parquet l’assure : ces opérations "place nette" seront désormais menées "tout au long de l’année".