Serait-ce les prémices d’une "contre-mobilisation" ? Ce mercredi matin, alors que le mouvement de protestation contre la taxe sur l’équilibre tarifaire, dite "taxe carburant", entre dans son septième jour de mobilisation consécutif, une centaine de militants indépendantistes de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) se sont installés sur le rond-point de Montravel.

Toujours fermement opposés au projet de réforme constitutionnelle, examiné dans la nuit au Sénat, ils reprochent également l’absence de réaction des autorités concernant les blocages des dépôts de carburant, organisés par le collectif Agissons solidaires à l’entrée de Ducos [1].

Pneus brûlés et Savexpress bloquée

Les militants indépendantistes ont mis le feu à des pneus installés sur la chaussée et ont bloqué, pendant quelques minutes, la circulation sur la Savexpress avant l’intervention des forces de l’ordre. Un important dispositif policier a été déployé pour encadrer la mobilisation. La tension est montée d’un cran lorsque les policiers se sont approchés des manifestants pour permettre aux pompiers d’éteindre les pneus brûlés. "Vous êtes en train de pourrir la situation des Calédoniens, a lancé Christian Tein, responsable de la CCAT, à l’adresse de l’État français et en particulier du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Les deux ronds-points vont sauter si vous continuez de manœuvrer comme ça."

"On a besoin de carburant, on doit aller travailler, on n’a pas les moyens de faire des réserves comme eux, s’agace Yoyo, 28 ans, militant de la CCAT, en pointant les membres du collectif Agissons solidaires. Nous, on est prêts à payer cette taxe et on en a marre des blocages. Ils mélangent tout et ils ne se rendent pas compte que des gens souffrent de cette situation." "La taxe est retirée, qu’est-ce qu’ils veulent de plus ?", interroge un autre manifestant.

"Un combat économique, pas politique"

Devant les dépôts de carburant bloqués, on déplore ce face-à-face qui se met en place et l’instrumentalisation du mouvement de contestation. "C’est dommage, on est un mouvement populaire qui cherche à offrir plus de pouvoir d’achat aux Calédoniens, on est dans un combat économique, pas politique", réagit Christophe Ramadi, président du Syndicat des rouleurs et du BTP, membre du collectif Agissons solidaires. Un discours qui fait écho aux termes employés mardi par le FLNKS [2], qui a qualifié le collectif "d’instrument des Loyalistes et du Rassemblement qui cherchent à déstabiliser nos institutions et le pays en espérant récupérer le pouvoir par la force".

"Beaucoup de politiciens veulent s’approprier notre mouvement et certains cherchent à nous diviser, regrette Christophe Ramadi. Mais nous, on se bat pour toute la population calédonienne, peu importent les ethnies ou les partis."