
Au début du siècle dernier, la plupart des outils fonctionnaient à l’huile de coude, et les menuisiers disposaient d’une multitude d’instruments adaptés à des travaux bien précis.
Les rabots avaient tous un nom. Le " guillaume " était un rabot étroit destiné à rectifier le champ des feuilles ou des lattes ; le " bouvet " servait à la confection des languettes et rainures ; la " mouchette " permettait de réaliser les moulures. Les scies étaient " égoïnes", " à araser ", " à chantourner ", " à cordes" ou " passe-partout ".
Il arrivait même que les menuisiers fabriquent ou modifient leurs outils, pour les adapter à des tâches précises, comme les ajustages " en gueule-de-loup ".
Ils maniaient le " trusquin " pour tracer leurs traits de coupe, dont les angles étaient rapportés à la " sauterelle ", l’équerre à branches mobiles. On assemblait alors " à tenons et mortaises ", avec de la colle de poisson.
Même si elle s’est transformée, la profession de menuisier n’a pas disparu. En revanche, les charpentiers de marine sont des artisans en voie d’extinction. Eux aussi avaient leurs outils spécifiques, et notamment l’herminette, sorte de hache à fer recourbé dont le tranchant se trouvait dans un plan perpendiculaire au manche. Ils maniaient également la guimbarde, ou la " plane ", des lames équipées de poignées à chaque extrémité.
Les charpentiers de marine devaient être capables, également, de repérer les arbres et les branches qui leur fournissaient des pièces spéciales, à la courbure naturelle. Elles servaient notamment aux étraves et aux liaisons entre la quille et l’étambot. Leur choix se portait sur le niaouli, sur le gaïac et sur le palétuvier, utilisé aussi pour les membrures.
Cet été, les Nouvelles calédoniennes dépoussièrent les objets du passé [1]
Quelques-uns de ces charpentiers étaient célèbres, et certains de leurs bateaux ont survécu jusqu’à nos jours. Ils ont fabriqué nombre de petits cotres de pêche, à vivier, qui alimentaient Nouméa en poissons vivants. [2]
Il y a une vingtaine d’années, on pouvait encore choisir son bec de cane ou sa loche après l’avoir regardé nager dans un bassin d’eau de mer, près des pilotines, au bout du vieux quai.
Et les anciens du CNC se souviennent sans doute de cette construction inachevée du père Lechanteur, qui est longtemps restée sous un hangar à moitié démoli, sur la gauche de la route qui mène à la base Chaleix.
Les charpentiers de marine travaillaient souvent au jugé. Ceux qui construisaient les maisons étaient les rois de l’équerre. Plate, en acier, elle comportait une petite branche, la " langue " et une plus longue, la " lame ". Sur la face (la partie visible de l’outil tenu par la langue à main droite et la lame orientée vers la gauche), et au dos, étaient gravées des tables et des échelles qui permettaient de calculer les angles de coupe, de tracer des formes géométriques et de déterminer des angles de pente. Durant la guerre, les Gl’s utilisaient des " pieds du roi ", de petites règles repliées en quatre parties, avec lesquelles ils ont construit leurs baraquements.
Les constructeurs de maisons utilisaient aussi la " varlope ", un grand rabot parfois équipé de deux poignées, le " riflard " et différentes égoïnes, gouges ou " bédanes ".
Nombre de ces outils, en plus ou moins bon état, figurent dans les fonds de l’Association témoignage d’un passé. Ceux que nous présentons ici sont ceux d’Arnold Russ.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/histoire/nouvelle-caledonie/cet-ete-les-nouvelles-caledoniennes-depoussierent-les-objets-du-passe
[2] https://www.lnc.nc/article/histoire/nouvelle-caledonie/serie-ete-objets-du-passe-les-cotres-ou-la-mer-a-bord
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