
C’est une marche aux accents politiques mais surtout "pacifique" qu’ont tenu à organiser des habitants et militants de la Vallée-du-Tir, ce jeudi matin, dans leur quartier. Banderoles brandies en tête de cortège, drapeaux Kanaky en veux-tu en voilà, sonos allumées… Cette manifestation visait avant tout à montrer que "la mobilisation contre le dégel du corps électoral continue."
"Cette action, c’est pour changer la donne. Comme dans notre quartier, les barrages, y compris filtrants, sont enlevés, on marche pour dire qu’on est toujours là, glisse le porte-parole de cette manifestation. Les loyalistes ont tenté de passer en force, mais on ne veut plus de ces méthodes politiques. Désormais, à la Vallée-du-Tir, on s’est organisés pour placer le dialogue au centre de tout."
Dès le déclenchement des émeutes, ce quartier populaire a été au cœur des exactions avec à la clef de nombreux affrontements, ainsi que des commerces et des habitations incendiés. Depuis, un calme relatif semble revenu. Du moins à en croire ces manifestants. "Il reste encore de la peur. Au fond, cette peur a toujours existé, mais là (avec la crise) elle s’est exacerbée et on la comprend. Pour moi, elle est née du colonialisme, estime Fere, 21 ans, qui reconnaît les violences qui ont émaillé son quartier. À travers cette marche, on essaie de véhiculer un message et une image plus positive de la Vallée-du-Tir en démontrant qu’on reste pacifiques. Il y a une colère qui a éclaté, notamment avec l’alcoolisation de certains, mais notre priorité, c’est de contenir cette colère et de maintenir l’apaisement."
À quelques pas de là, Arnaud porte une pancarte en hommage aux "guerriers de lumière", en particulier aux victimes de ces émeutes. "Je suis en deuil aujourd’hui. Et c’est aussi pour ceux qui sont tombés que le combat continue, explique cet homme de 31 ans. Initialement, c’est avant tout un combat d’idées. Je pense donc que la colère s’apaisera uniquement si les politiques, aussi bien indépendantistes que loyalistes, arrivent enfin à se parler. Nous, on continuera d’exercer notre droit de résister tant qu’il n’y aura pas d’issue politique."