
"Je pense que ce serait bien que nous allions faire du snorkeling et regarder ce qu’il se passe" a déclaré Surangel Whipps Junior. Le coût de ne rien faire à propos de ça, ce sera encore pire", a-t-il ajouté, en évoquant le changement climatique.
Les îles Palaos, archipel d’environ 340 îles situées en Micronésie, à l’est des Philippines, sont extrêmement vulnérables à la montée des eaux. M. Whipps considère que certaines îles pourraient disparaître dans les années qui viennent.
Ces derniers mois, Donald Trump a qualifié le changement climatique d’arnaque, retiré les États-Unis des Accords de Paris pour la seconde fois et suspendu les participations américaines aux recherches et initiatives de premier plan sur le climat.
"Tout le monde semble se préoccuper de son propre portefeuille, de sa propre population, de ce qui est le mieux pour elle. Mais même les États-Unis comptent de nombreuses zones de basse altitude", a déclaré M. Whipps.
Ce petit État insulaire habité par environ 20 000 personnes reste un soutien indéfectible des États-Unis. Le président des Palaos, né à Baltimore, dans le Maryland, craint que le retrait des États-Unis permette à la Chine de gratter du terrain sur la scène internationale.
"Si Trump s’inquiète du leadership, c’est là qu’il va perdre sérieusement du terrain", a-t-il déclaré à l’AFP, ce mercredi 12 mars, à Tokyo, en marge d’un sommet sur les océans. "La Chine en fait probablement plus pour le changement climatique que les États-Unis ces jours-ci".
Surangel Whipps Jr. a été réélu l’année dernière suite à un premier mandat qui a vu l’expansion rapide des intérêts militaires américains dans l’archipel.
Son pays, est l’un des seuls à maintenir des relations diplomatiques avec Taïwan malgré les représailles de la Chine, qui a notamment interdit officieusement à ses ressortissants de se rendre dans les îles Palaos, pourtant tributaires du tourisme.
"(La Chine) continue de faire pression sur nous par différents moyens", déclare M. Whipps, ajoutant que la politique des Palaos ne changera pas de direction. "Tout ce qu’on veut c’est le statu quo, nous voulons maintenir la paix".
Les îles Palaos sont devenues indépendantes des États-Unis en 1994, mais continuent d’autoriser la présence de l’armée américaine sur son territoire en vertu d’un accord de longue date. En retour, les États-Unis font don de centaines de millions de dollars, et assurent la défense de l’archipel.
Les Palaos se sont distinguées de leurs voisins du Pacifique en appelant à un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes.
Les îles tentent de dégager un consensus dans la région à l’approche d’une réunion qui pourrait fixer des règles pour l’exploitation minière dans les eaux internationales.
"La science et les données ne sont pas encore disponibles" sur les impacts potentiels, a déclaré M. Whipps.
Les scientifiques ont mis en garde contre le fait que l’extraction de métaux tels que le nickel et le cobalt (utilisés notamment dans les batteries des voitures électriques) dans de vastes zones de l’océan Pacifique pourrait dévaster des systèmes marins mal connus qui jouent un rôle crucial dans la régulation du climat.
Pourtant, certaines nations du Pacifique telles que Nauru, Tonga et les îles Cook considèrent l’exploitation minière en eaux profondes comme une potentielle rentrée d’argent pour leur économie en berne, en particulier lorsque le changement climatique détruit d’autres industries.
Le président des Palaos pense que cela révèle une vision à court terme. "Vous pensez peut-être que vous sauvez votre peuple à l’heure actuelle, mais vous détruisez réellement leur futur", a-t-il averti.
Des pays vulnérables comme les Palaos ont depuis longtemps tiré la sonnette d’alarme sur le réchauffement climatique, en plaidant pour une transition plus rapide vers l’abandon des combustibles fossiles comme le charbon, et en demandant des fonds pour soutenir les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques.
"Le président Trump a 78 ans maintenant, il devrait aussi penser à ses enfants et aux enfants de ses enfants."