
Le président indépendantiste de la Polynésie française depuis près de deux ans a fait passer un message lors de son discours prononcé au congrès du Tavini, son parti, qui s’est déroulé ce week-end à Faa’a, où il a été beaucoup question du scrutin des municipales, en mars 2026. Moetai Brotherson a annoncé, d’une part, qu’il n’était "candidat à rien du tout" et qu’il avait interdit à ses ministres d’être têtes de liste dans ces élections, pour se consacrer à leurs fonctions gouvernementales.
Et d'autre part, à l’heure où le parti indépendantiste doit faire des choix dans chaque commune, il a évoqué le besoin de renouvellement du mouvement. À la tribune, le chef de l'exécutif a rappelé qu’il s’était promis, dès son engagement politique en 2014 au sein du conseil municipal de Faa’a, de ne pas "vieillir en politique". Une promesse que l’élu de 55 ans se dit déterminé à tenir : il a annoncé, devant les quelque 500 militants du congrès, la fin de sa carrière politique au 1er janvier 2034, alors qu’il approchera des 65 ans. Cette date lui laisse cependant assez de temps pour tenter de briguer un second mandat à la tête du pays aux territoriales de 2028.
Cette déclaration a un écho particulier au Tavini, présidé par son fondateur âgé de 80 ans, Oscar Temaru, qui reste entouré de nombreux militants de la première heure. Moetai Brotherson indique qu’il passera les "451 semaines qui lui restent" à "préparer la relève". Une ligne qu’il avait suivie lors des législatives en 2022, où il s’était engagé aux côtés de Tematai Le Gayic et Steeve Chailloux, respectivement 24 et 39 ans, puis dans la constitution de son gouvernement l’année suivante. "Un parti politique, c’est comme un lagon, si l’eau ne se renouvelle pas, il finit par mourir, explique-t-il après son intervention. À un moment donné, il faut laisser la place et s’assurer que ceux à qui on la laisse sont là pour les bonnes raisons et ont les capacités de le faire."
Cette promesse de retraite dénote avec certaines décisions actées lors du congrès. Comme le choix probable de soutenir la candidature d’Émile Vernaudon, 81 ans, aux municipales de Mahina. Ou encore la décision prise concernant la limitation des mandats. Une résolution précise, en substance, que la limitation du nombre de mandats n’est pas souhaitable dans le cadre institutionnel actuel, car l’application "d’une règle automatique sans nuance serait contraire à l’intérêt supérieur du mouvement souverainiste et à l’efficacité de son action politique", a expliqué Tony Géros, vice-président du parti et président de l’Assemblée de Polynésie française. Repoussant ainsi la limitation des mandats promise à l’après-indépendance.
En revanche, l’avant-projet de constitution de Maohi Nui comprend bien, lui, une limitation des mandats pour les députés, sénateurs et autres élus du futur état fédéral.