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  • Pierrick Chatel / pierrick.chatel@lnc.nc | Crée le 12.09.2017 à 15h32 | Mis à jour le 10.12.2018 à 11h40
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    Le procès des deux jeunes de 19 ans qui ont renversé Mathilde Molina s'est ouvert ce matin devant le tribunal correctionnel de Nouméa. Photo P. Ch.

    [MàJ 17h05] Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a prononcé une peine de six ans de prison avec mandat de dépôt pour Allan Nicol, le conducteur du véhicule, et huit mois de prison pour Thomas Louviers, le passager.

    Les réactions de Me Jean-Jacques Deswarte (avocat de la partie civile), du père de Mathilde Molina et de Me Denis Milliard (avocat de la défense) en vidéo :

    [MàJ 15h45] Le procureur vient de requérir une peine d’au moins six ans de prison à l’encontre du conducteur, Allan Nicol et de trois ans de prison à l’encontre de Thomas Louviers, le passager avant.

    [15h30] Aujourd'hui, le prénom de Mathilde est devenu une sorte d'étendard : celui du symbole de la délinquance routière en Nouvelle-Calédonie comme l’a été celui d’Antinéa il y a quelques années de cela. C’est tellement vrai qu’il y a une certaine ironie à ce que depuis ce mardi matin, devant le tribunal correctionnel où ils sont jugés, Allan Nicol et Thomas Louviers emploient seulement le prénom de leur victime, lorsqu'ils sont questionnés sur les faits.

    Les deux jeunes de 19 ans sont soupçonnés d'avoir renversé Mathilde Molina, le 19 août 2016 au petit matin alors qu'elle traversait la promenade Roger Laroque à hauteur des farés de l'Anse-Vata. Ils avaient ensuite pris la fuite.

    L'audience s'est ouverte peu après 10 heures, ce matin. La chronologie des faits a été examinée dans le détail par Evelyne Camerlynck, la sourcilleuse présidente du tribunal. La magistrate a rappelé au public, venu nombreux, que la « sérénité et la solennité » étaient nécessaires pour accomplir correctement l'œuvre de justice.

    Une certaine tension a effectivement entouré le début de la matinée lorsque l'entourage de la famille de la victime a croisé le chemin des deux prévenus dans l'enceinte du tribunal.

    La magistrate, qui n'ignore bien évidemment pas l'émotion suscitée dès le déclenchement de l'affaire, a également indiqué qu'elle avait pris ses fonctions une dizaine de jours de cela. « C'est sans doute préférable pour juger ce type d'affaire », a-t-elle ajouté, afin de dépassionner l'examen d'une affaire qui le restera sans doute à jamais aux yeux de l'opinion publique.

    Ce matin, lors de l'examen minutieux des faits, la trajectoire personnelle du conducteur a été à elle seule éloquente. Allan Nicol fête ses 18 ans le 4 juillet 2016 et obtient le permis de conduire le 4 août qui suit. Son père lui remet sa voiture le 10 août, mais sans assurance au nom de son fils. Neuf jours plus, il percute Mathilde Molina et prend la fuite. Le 4 septembre, alors que les enquêteurs piétinent et que les appels à témoins ont été lancés, Allan Nicol est interpellé pour conduite en état d'ivresse, ce qui lui vaut un retrait de permis.

    L'émotion suscitée par l'affaire est encore présente au tribunal, ce matin, dans une salle pleine à craquer.

    Les juges sont aussi revenus sur le délai entre l'accident et la révélation des faits. Allan Nicol a expliqué qu'il avait caché son acte notamment par crainte de son père. Pourtant, le lendemain des faits, lorsque ce dernier avait découvert le pare-chocs abîmé, il avait cherché un garagiste pour faire la réparation avant de s'en charger lui-même. « Je ne voulais pas que mon fils aille au lycée avec une voiture abîmée », avait-il expliqué aux enquêteurs, ne voyant en revanche pas d’inconvénient à ce que son fils circule à bord d'une voiture qui n'était pas assurée à son nom.

    Quinze jours après l'accident, au cours d'une soirée d'ivresse, le conducteur s'était finalement confié à quelques-uns de ses amis. La petite amie de l'un d'eux avait déposé un papier avec le nom des deux suspects au commissariat central quelques jours plus tard. C’est comme cela que l’étau s’était resserré autour des deux suspects.

    « Entre les faits et votre interpellation, on a l'impression d'une certaine insouciance par rapport aux faits », lui a fait remarquer la présidente du tribunal. « Je ne voulais pas en parler à tout le monde. J'étais mal. Mon père m'avait confié une forte somme d'argent, j'ai tout dépensé en alcool », explique celui qui a par moments fait preuve d'une certaine arrogance dans son attitude et ses réponses, donnant des « on n’est pas responsable à nos âges » ou « j’ai plus envie de parler » lorsqu’il est pressé par les questions de la partie civile.

    Thomas Louviers, le passager avant, poursuivi pour non-assistance, risque moins que son comparse. Il avait attendu son copain en dormant dans la voiture, alors que celui-ci s'amusait en boîte, juste avant l’accident. Mais après avoir percuté Mathilde Molina, il lui aurait dit de poursuivre sa route sans s'arrêter. Autour de lui, les débats se sont concentrés sur ses déclarations afin de déterminer son rôle.

    En tout début d'audience, la présidente avait demandé aux deux prévenus s'ils reconnaissaient les faits. Tous deux avaient répondu « oui ». Pourtant, quelques minutes plus tôt, la défense avait tenté de distiller le doute en demandant un complément d'information. Une mesure destinée à évoquer une deuxième thèse : celle d'un pick-up vert, qui aurait percuté Mathilde Molina avant le passage du Kia Sorento conduit par Allan Nicol.

    « Ce n'est pas possible que le corps de la victime ait été projeté à une soixantaine de mètres du point d'impact. Il faut admettre que cet accident s'est déroulé en deux temps », s'est justifié le bâtonnier Denis Milliard pour qui cette « incertitude empêche le bon jugement de l'affaire ».

    « Manœuvre dilatoire, argutie non-recevable et chicane indécente », a estimé le procureur Richard Dutot. « Théorie du complot, thèse abracadabrante qui repose sur un témoin jugé non crédible par la défense au début de l'instruction et qu'on nous ressort comme un cheveu sur la soupe », ont répondu en substance Mes Martin Calmet et Jean-Jacques Deswarte pour la partie civile.

    La demande a été rejetée par le tribunal : « ces arguments ne sont pas scientifiques, vous auriez pu demander cet acte pendant l'instruction du dossier (qui s'est étalé sur près d'un an NDLR) et il est constant qu'il n'y a jamais eu de deuxième véhicule », a renvoyé la présidente du tribunal, soulignant au passage « la qualité du travail mené par les services d'enquête », qui ont « exploré toutes les hypothèses ».

    Parmi l'assistance nombreuse, plusieurs personnes portant le T-Shirt de l'association Antinéa, qui œuvre en faveur des victimes de la route. La famille de Mathilde a fait le déplacement depuis la région d'Annecy, où elle réside et où le corps de Mathilde avait été transféré, en état de mort cérébrale.

    L’audience s’est poursuivi avec les questions des parties aux deux prévenus et par les plaidoiries.

    La famille de Mathilde a fait le déplacement depuis la Métropole.

    Compte-rendu d'audience complet à retrouver dans votre édition papier de demain mercredi en pages Pays.

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