- Anthony Tejero | Crée le 15.04.2025 à 16h30 | Mis à jour le 22.04.2025 à 08h14ImprimerEn Nouvelle-Calédonie, selon le dernier recensement de 2019, la population s’établissait à 271 407 habitants, dont 94 285 à Nouméa. Photo Archives LNC / Baptiste GouretPendant quatre semaines, du 22 avril au 22 mai, près de 800 agents vont sillonner toute la Nouvelle-Calédonie afin de recenser l’ensemble de la population. Une campagne qui permettra de connaître le nombre d’habitants dans le pays en 2025, mais aussi d’orienter les politiques publiques sur les besoins en infrastructures ou encore en services. Des chiffres très attendus, notamment depuis les émeutes, qui auraient causé plusieurs milliers de départs.
À quoi sert le recensement ?
Obligatoire, le recensement de la population est généralement organisé tous les cinq ans. Initialement prévue l’an dernier, cette campagne a été reportée à 2025 en raison des émeutes. Ce travail permet, bien sûr, d’établir le nombre d’habitants dans le pays mais aussi d’analyser l’évolution de la population et de la société. Ce "portrait" de la Nouvelle-Calédonie fournit ainsi de nombreuses autres informations comme l’âge, l’ethnie, le niveau de diplômes, les conditions de logement, les transports utilisés, etc. Ces données sont particulièrement utiles aux décideurs et collectivités (gouvernement, provinces, communes…).
Ces chiffres permettent ainsi d’orienter les politiques publiques en matière d’aménagement du territoire, tant pour les besoins en infrastructures, qu’en services, pour le secteur de la santé ou encore pour l’ouverture de nouveaux commerces. C’est pourquoi la participation de tous est jugée "essentielle". "Le recensent identifie également certaines populations aux besoins spécifiques, dont les familles monoparentales, les personnes âgées isolées, celles qui n’ont accès à aucun service public, etc. liste Élise Desmazures, directrice de l’Isee (Institut des statistiques et des études économiques). En matière de transport, ce travail permet de savoir si les zones les plus denses sont bien desservies et on interroge aussi les personnes sur leur lieu de travail afin d’établir quelles sont finalement les migrations pendulaires, les besoins en bus, etc. On voit bien que c’est un besoin spécialement identifié depuis les événements du mois de mai. Le recensement est donc une mine d’informations pour pouvoir développer des politiques publiques vraiment adaptées."
Combien de temps durera le recensement ?
Les agents recenseurs sillonneront le pays pendant quatre semaines, du 22 avril au 22 mai. Afin de n’oublier personne, l’ensemble du bâti a été cartographié en amont.
Quels seront les moyens déployés ?
Près de 800 agents recenseurs, ainsi que 77 contrôleurs et 17 superviseurs, dont certains viennent spécialement de l’Hexagone pour mener à bien cette mission, sont mobilisés. Ils se répartiront un découpage géographique de près 2 500 districts.
Les agents doivent ainsi se rendre à plusieurs reprises, à différentes heures, dans les domiciles de leur(s) secteur(s) jusqu’à ce qu’ils rencontrent les personnes habitant chaque logement, de 8 heures à 20 heures, sept jours sur sept, y compris les jours fériés.
Comment se déroule l’entretien ?
L’agent recenseur présentera deux questionnaires différents à la population. L’ensemble de ces données sont en revanche confidentielles. L’identité des sondés est uniquement demandée pour ne pas compter deux fois la même personne.
Comment reconnaître un agent recenseur ?
Chaque agent est tenu de se présenter avec une carte officielle où figure leur photo, munie d’une sacoche bleue et d’une chasuble orange fluo sur lequel est inscrit "recensement". En cas de doute, et pour que chacun se sente rassuré, un numéro vert (05 20 00) sera ouvert, le temps du recensement, tous les jours, de 8 heures à 20 heures.
Jean-Philippe Grouthier, chef de mission de l’Insee, et Élise Desmazures, directrice de l’Isee, ont montré à la presse, ce mardi 15 avril, les signes distinctifs des futurs agents recenseurs. Photo A.T.Que faire en cas d’absence ?
Les personnes qui ne seront pas présentes à leur domicile ou qui n’auront pas reçu la visite d’un agent, du 22 avril au 22 mai, sont tenues d’en informer l’Isee au 05 20 00 ou par mail : recensement@isee.nc
Quand ces données seront-elles disponibles ?
Les chiffres établissant la population de référence en Nouvelle-Calédonie ainsi que dans les différentes communes et provinces devraient être établis et communiqués d’ici le 31 juillet.
En revanche, les autres données (sur la ou les communautés d’appartenance, sur la pyramide des âges, sur le niveau de qualification, etc.) qui permettent notamment d’établir des analyses et des enquêtes plus poussées (sur les forces de travail, les budgets des familles, les cadres de vie, etc.) seront, elles, communiquées dans le courant de l’année 2026.
La population calédonienne va-t-elle baisser ?
Ces derniers mois, les spéculations vont bon train sur des vagues de départ depuis les émeutes. David Guyenne avait notamment avancé le chiffre de 10 713 départs en 2024, en se basant sur les données de passagers depuis l’aéroport de La Tontouta. Mais ces données ne sont pas consolidées, et ne peuvent, pour l’Isee, constituer un chiffre fiable.
Toujours est-il, le recensement n’a pas vocation à corroborer ou non ces données puisque les résultats traduiront l’évolution de la population entre 2019 (date de la dernière campagne) et 2025.
"Ces flux de passagers à l’aéroport de la Tontouta ne constituent pas une information suffisante pour parler de soldes migratoires. C’est néanmoins une information très intéressante parce qu’on voit quand même qu'il y a plus de gens qui ont quitté la Nouvelle-Calédonie que de personnes qui sont arrivées l’an passé, analyse Élise Desmazueres. C’est vraiment le recensement qui va permettre d’être le juge de paix sur la question. Dans un premier temps, on saura effectivement combien de personnes ont quitté la Nouvelle-Calédonie en solde migratoire (entre 2019 et 2025), puisqu’on s’attend quand même à un solde négatif. C’est déjà ce qu’on avait constaté entre 2014 et 2019. C’était un résultat qui était assez inédit et on s’attend effectivement à ce que la tendance se soit accentuée depuis."
Pour rappel, entre 2014 et 2019, 27 000 personnes ont quitté le Caillou et 17 000 ont rejoint le territoire, soit un solde migratoire nettement négatif. Et ce, pour la première fois depuis 1983.
La population globale, qui avait été fixée à 271 407 habitants en 2019, pourrait ainsi baisser. Et ce, à la fois en raison de départs plus important que d’arrivées, ainsi qu’en raison de la courbe de natalité qui pourrait également s’éroder dans le pays. Autrement-dit, afin de connaître l’ampleur concrète du nombre des départs depuis les émeutes, une étude plus spécifique devra donc être menée.
-
-
DANS LA MÊME RUBRIQUE
-
VOS RÉACTIONS
- Les transports aériensà consulter ici