
Un hémicycle à moitié vide et 4 000 personnes devant les portes de l’institution [1]. Une semaine après la dernière séance publique et l’annonce du boycott des élus des groupes Loyalistes et Rassemblement [2], c’est dans un contexte un peu particulier que se sont réunis les membres du Congrès, ce jeudi matin. À l’ordre du jour notamment, une "mesure d’urgence" très attendue par la filière métallurgique calédonienne était examinée : l’allocation de chômage partiel spécifique pour les entreprises touchées, directement ou indirectement, par les conséquences de la crise du nickel. Un dispositif qui s’inspire largement "de ce que nous avions mis en place durant la crise Covid", a présenté Thierry Santa, membre du gouvernement en charge du travail.
Attribuée pour une période de trois mois renouvelable, cette allocation correspond à une indemnité de 70 % du salaire brut dans la limite de 2,5 fois le salaire minimum garanti (SMG), soit un montant bien plus attractif que les 66 % du SMG appliqués au chômage partiel "classique". L’objectif est clair : retenir le personnel qualifié dont la compétence pourrait s’avérer précieuse dans le cas d’une relance de l’usine KNS, mise en sommeil il y a un mois, et qui ne serait pas disposé à rester sur le Caillou autrement. La délibération prévoit également que les salariés qui étaient payés au salaire minimum touchent 100 % de leur rémunération, tout comme les personnes en contrat d’alternance.
Les entreprises concernées par le dispositif sont celles du secteur de l’industrie minière et métallurgique ainsi que de la fabrication d’acier inoxydable. Celles pouvant justifier d’une perte de chiffre d’affaires d’au moins 50 % liée à la crise du nickel pourront également en bénéficier. En contrepartie, les entreprises s’engagent à ne pas verser de dividendes à leurs actionnaires.
La mesure devrait concerner "environ 1 300 salariés", estiment les services du gouvernement. Pour l’instant, le régime de chômage partiel dispose d’une enveloppe de 440 millions de francs. Une somme loin d’être suffisante, puisque l’allocation représente un montant total d’un milliard par trimestre. Une absence de recettes qui a fait bondir Philippe Gomès : "On adopte une mesure et après on réfléchit à comment on va la financer, c’est invraisemblable. Il faut avoir les moyens en face pour financer ce système, c’est la base. On fait systématiquement le contraire", s’est agacé l’élu Calédonie ensemble, jugeant toutefois nécessaire un tel dispositif. "Est-ce qu’on a les moyens de financer un chômage partiel avec ces taux-là", s’est également interrogé Milakulo Tukumuli. L’élu de l’Éveil océanien a par ailleurs proposé d’élargir le dispositif aux entreprises du BTP à travers le dépôt de plusieurs amendements, finalement rejetés par la majorité.
"Nous avons débloqué 440 millions, qui nous permettent de tenir un ou deux mois, il est clair que ce n’est pas suffisant, notamment pour faire face à la période de six mois de recherche d’un repreneur pour KNS, a admis Thierry Santa. Des discussions devront se tenir lors du vote du budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie [prévu en mai NDLR] pour affecter des ressources complémentaires au régime."
Le projet de délibération a toutefois été voté à l’unanimité des membres présents.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/grand-noumea/noumea/politique/societe/on-doit-se-mobiliser-si-on-veut-essayer-d-avancer
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/pourquoi-les-loyalistes-et-le-rassemblement-ont-decide-de-boycotter-les-institutions
[3] https://www.lnc.nc/user/password
[4] https://www.lnc.nc/user/register
[5] https://www.lnc.nc/formulaire/contact?destinataire=abonnements