
C’était il y a 160 ans. 250 bagnards triés sur le volet débarquent à l’anse Paddon, actuelle Nouville. Ce sont les premiers transportés du bagne. Ils construiront leurs propres geôles. Ces condamnés arrivent à bord d’une frégate de 54 mètres de long, l’Iphigénie. Le Musée maritime propose une exposition temporaire afin de découvrir ce navire militaire spécialement aménagé pour ce trajet de cinq mois, avec 663 personnes à son bord. Une traversée exceptionnelle dans le but de bâtir un bagne en Nouvelle-Calédonie.
Si le site historique de l’île Nou retrace en partie cette expédition, le Musée maritime, dans son rôle, détaille les conditions de la traversée et les spécificités de ce bateau. L’exposition temporaire est agrémentée de deux pièces maîtresses, exceptionnelles car inédites. La plus imposante est la maquette de l’Iphigénie. L’auteur, Jacques Laville, ancien pilote maritime, compte près de 400 heures de travail sur ce projet bénévole. "Il a plus de 90 ans !, souligne Alain Le Breüs, président de l’Association du Musée maritime de Nouvelle-Calédonie. Il est également l’auteur de la maquette de la Monique." Une reproduction unique donc, qui vient compléter le fonds du Musée.
Ce bateau militaire a été spécialement aménagé pour transporter 250 condamnés. Deux grandes cages installées de part et d’autre du navire accueillaient 125 forçats. "Il n’y avait pas assez de place pour installer des hamacs pour tous, certains dormaient par terre. Les condamnés pouvaient sortir 4 heures par jour, et ils chantaient le dimanche", raconte Valérie Vattier, directrice du musée. À bord du navire, également, des bœufs vivants, des poules, pour nourrir les 623 passagers, composés de membres d’équipage, de personnel administratif pour construire Port de France, future Nouméa, des gardes-chiourmes et les 250 bagnards.
Au fil de l’exposition, une autre pièce attire le regard du visiteur : un registre rédigé à la main. "C’est un don de M. et Mme Moret, deux passionnés d’histoire. Ils ont découvert ce registre dans leur placard, ils ne savaient même pas qu’ils l’avaient !" sourit Valérie Vattier. Ce cahier liste l’arrivée des bateaux de transport de condamnés au bagne et leurs passagers condamnés. L’Iphigénie est donc le premier navire de la liste. Quelques noms résonnent encore aujourd’hui. "Sur les 250 condamnés, deux sont morts pendant la traversée, 89 décèdent durant leur peine, 152 sont libérés, et de ces libérés, 101 enfants naissent, raconte la directrice du Musée maritime. C’est ce qui fait la mosaïque de ce pays. Cette histoire contemporaine est enracinée."
Lors de cette exposition, les visiteurs apprendront que le médecin de bord soignait les passagers et l’équipage avec du jus de citron et du vin de quinquina, que le bateau a transporté le phare Amédée en pièces détachées ou encore qu’il est revenu sur le Caillou trois ans plus tard. Pour d’autres détails passionnants, il faudra se rendre sur place.
Quant aux autres rendez-vous à venir au Musée maritime, au vu de la situation, de l’insécurité, de l’instabilité, du couvre-feu, "nous avançons au jour le jour, nous nous adaptons", indique la directrice du Musée. Le 11 septembre, tout de même, Christiane Terrier donnera une conférence sur le bagne de Guyane.
Les Calédoniens peuvent désormais découvrir leurs liens avec l'histoire du bagne en un clic [1]
Exposition Iphigénie, premier convoi vers la Nouvelle-Calédonie, à découvrir au Musée maritime les mercredis, vendredis et samedis, de 9 heures à 16 heures. Tarif : 700 F à gratuité.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/grand-noumea/noumea/nouvelle-caledonie/histoire/serie/les-caledoniens-peuvent-desormais-decouvrir-leurs-liens-avec-l-histoire-du-bagne-en-un-clic
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