- AFP | Crée le 21.07.2022 à 17h09 | Mis à jour le 21.07.2022 à 17h09ImprimerWillie Littlechild a passé quatorze ans de sa vie dans plusieurs de ces pensionnats. Cet ancien chef de 78 ans a consacré sa vie à défendre les siens. AFPLa visite du pape François, le 24 juillet, est entourée d'immenses espoirs. Il doit prononcer des excuses pour le rôle de l'Église dans le drame des pensionnats pour enfants autochtones.
À Maskwacis, à 100 kilomètres au sud d'Edmonton (Alberta), dans l'une des communautés amérindiennes où doit se rendre le souverain pontife, chacun se prépare à cette visite historique, espérée et réclamée depuis des années.
"Recevoir le pape ici va probablement aider de nombreuses personnes. Certains vont entendre des choses qui pourront les aider à avancer dans leur vie", veut croire Randy Ermineskin, chef de la communauté crie de Maskwacis, où vivent 19 000 autochtones de quatre peuples différents.
Le pape François, 85 ans, sera au Canada, à partir du 24 juillet, pour renouveler des excuses historiques pour les violences perpétrées pendant des décennies dans des pensionnats pour autochtones administrés par l'Église, après celles formulées début avril au Vatican.
Entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150 000 Inuits, métis ou membres des Premières nations ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats à travers le pays. Ils y ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture, et souvent victimes d'abus.
Pour Wilton Littlechild, qui a passé quatorze ans dans ces pensionnats, "les excuses du pape auront de grandes conséquences". Elles marquent une étape essentielle, estime cet avocat, qui a milité toute sa vie pour faire avancer le dialogue entre Canadiens et peuples autochtones. La réconciliation est devenue ces dernières années l'une des grandes causes du gouvernement de Justin Trudeau.
Une loi de 1876
Aujourd'hui encore, beaucoup d'autochtones (5 % de la population du Canada) vivent dans la pauvreté, et le racisme perdure. Les relations entre l'État et les Premières nations restent définies par la "Loi sur les Indiens", un texte de 1876 qui a notamment créé des centaines de réserves dans le pays.
Dans celle de Maskwacis, une plaque commémorative rappelle l'existence du pensionnat d'Ermineskin, ouvert en 1894, et aujourd'hui détruit. Géré par l'Église catholique, cet établissement a été l'un des plus importants du Canada, jusqu'à sa fermeture en 1976. Autour, dans les rues désertes d'un lotissement traînent des chiens errants au milieu de tricycles et matelas à l'abandon, devant des maisons taguées ou incendiées.
"On a besoin d'une grande bénédiction, surtout pour les jeunes. C'est dur ici... Il y a beaucoup de gangs et de drogue", notamment parce que "les gens sont incapables d'aller de l'avant", estime Connie Roan, qui habite près de l'une de ces maisons à la toiture carbonisée. L'alcoolisme et les taux de suicide élevés ravagent les communautés autochtones, traumatisées par les pensionnats et toute la politique d'assimilation, qui a été reconnue comme un "génocide culturel" par l'État canadien.
Seanna Fryingpan, 22 ans, est "excitée" par cette visite qui "n'arrive qu'une fois dans une vie". Mais pour cette jeune maman, "ça ne va pas changer tout ce qui s'est passé". Brian Lee, 68 ans, va plus loin. Celui à qui on a répété que sa "langue était celle du diable" aimerait que le pape n'en reste pas là et soutienne l'apprentissage des langues, dont l'usage s'efface peu à peu.
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