«Dans le cercle familial, il nous manque encore beaucoup », témoigne son fils aîné, Bruno Iékawé. « Il a tout donné pour la Nouvelle-Calédonie. A la maison, il était souvent absent, mais ça ne veut pas dire qu’il n’a pas joué son rôle de père. » Et c’est bien ce père qui lui a inspiré sa carrière dans l’administration et « donné le goût du travail pour les autres et le pays. »

Figure. Bruno Iékawé est aujourd’hui directeur de cabinet d’Anthony Lecren, en charge de l’économie au gouvernement. Longtemps appelé « le fils de Jacques », il confie s’émanciper depuis quelques années de la figure paternelle, non sans estimer qu’« au niveau de la vie publique, il manque aujourd’hui quelqu’un de l’envergure » de son père. Nommé secrétaire général adjoint de la Nouvelle-Calédonie en janvier 1982, Jacques Iékawé devient le premier préfet calédonien, et surtout mélanésien, en avril 1990.

Ami. Son ancienne équipe de collaborateurs est unanime : Jacques Iékawé était un homme rayonnant de bonhomie, un haut fonctionnaire incroyable de simplicité. « C’était un ami », témoigne Claire Léhé, chargée de mission auprès de lui. « Nous n’avons jamais connu de conditions de travail aussi bonnes, renchérit Olivier La
Barre, un autre proche collaborateur. De temps en temps, il disait : “Allez, on fait une pause, je vais appeler mes copains musiciens de la CPS et on va faire une petite fête.” » Mais, « on y pense aussi souvent parce qu’il a été à l’origine de pas mal de choses, poursuit-il. La coopération régionale, Mélanesia 2000. Il a même été corédacteur d’une première tentative de constitution kanak. »
Elisabeth Gremont était assistante de direction. Elle se souvient comment toute l’équipe avait travaillé pour sa nomination de secrétaire général de la Communauté du Pacifique Sud. « Quand il avait été nommé, on était tous très très fiers. » Jacques Iékawé devait prendre ce poste en juin 1992. Il était en train de parfaire son anglais en Nouvelle-Zélande, quand il est mort subitement, à 45 ans, le 10 mars 1992.

Modèle. « C’était un homme qui savait aussi très bien expliquer le milieu kanak », souligne encore Olivier La Barre. Une qualité qui a aussi marqué Rock Wamytan. « Quand un haut fonctionnaire de France arrivait, Jacques Iékawé a toujours fait en sorte de le guider et de l’accompagner vers le monde kanak », se rappelle-t-il.
Guide, il l’était aussi pour les jeunes générations. « C’est Jacques qui m’a conseillé des études économiques », raconte Roch Wamytan. C’est encore Jacques Iékawé qui l’a pris comme collaborateur et a aidé à sa carrière. Il a fait de même avec d’autres étudiants kanak, comme Neko Hnepeune. « Il nous attrapait nous les petits jeunes et nous donnait des responsabilités tout de suite », sourit Roch Wamytan.
Le haut-commissaire, Albert Dupuy, a salué hier « l’une des personnalités les plus marquantes de la Nouvelle-
Calédonie et un modèle pour les nouvelles générations mélanésiennes. »