Originaire de la tribu de Vao, Norbert Douépéré, 19 ans, est l’ambassadeur de la parole des jeunes Kunié à travers le dispositif Prends la parole. « Je me suis porté volontaire pour aller à la rencontre des jeunes de l’île. Ma mission est de déclencher la discussion, sur divers sujets », commente le jeune homme, qui a surtout vécu sur la Grande Terre.

Ce dispositif est une démarche inédite lancée en juillet par la direction jeunesse et sport de la province Sud afin de mieux cerner les attentes et les besoins des 15 à 30 ans. « C’est bien, parce que ça passe mieux quand ce sont des jeunes qui parlent à d’autres jeunes », observe-t-il.

Norbert passe donc deux jours par semaine sur le terrain en quête d’informations et le reste du temps à transmettre les informations recueillies.

L’emploi, un thème récurrent

« Je fais des rencontres soit dans la rue, soit à la MIJ ou encore au terrain de sport ou lors de manifestations comme les kermesses. J’explique la démarche, j’ai un bloc-notes et je marque ce que l’on me dit. Ensuite, je fais une synthèse que j’envoie à ma responsable à Nouméa ».

Norbert a vite remarqué que les garçons sont plus à l’aise avec lui que les filles. Et quand on lui demande les sujets récurrents des jeunes Kunié, la réponse ne tarde pas : « Dans la majorité des cas, c’est le thème du travail qui revient. Malgré des diplômes, les jeunes ont des difficultés à trouver un emploi sur l’île, mais aussi à Nouméa. »

D’autres sujets les préoccupent également. « Les sportifs déplorent le manque de matériel pour bien s’entraîner ou encore que les terrains sportifs pour le football et le volley-ball ne soient pas en bon état. » Les transports sont aussi un sujet de discussion. « Les sportifs se plaignent des prix des billets d’avion pour aller jouer sur la Grande Terre et les jeunes des tribus ont des difficultés à se déplacer sur l’île, sans voiture. Ici, le centre administratif est à Vao. Ils souhaiteraient avoir un service de bus municipal dédié à la population, avec une rotation le matin et une l’après-midi entre le nord et le sud de Kunié ».

Puis il rebondit sur un autre sujet. « J’ai aussi remarqué que les jeunes générations ne veulent pas perdre la tradition. Ils sont attachés à la coutume et à la culture de l’igname. Ils suivent à leur rythme l’évolution de la modernité, mais n’oublient pas les chants et les danses de Kunié qui racontent la généalogie et l’histoire des clans ».

Recruté par la Mission d’insertion des jeune de Vao, Norbert a suivi deux formations en juillet avant de se lancer dans l’aventure. « On a aussi fait une troisième formation, fin août, de trois jours à Poé sur le thème de l’animation de groupe, les postures et les communications non verbales. Ça a été super utile. On est plus à l’aise pour s’adresser à un groupe et mettre en confiance. »

Avec 32 heures par semaine, il terminera sa mission fin décembre. « C’est une bonne expérience. Avant, j’étais timide, j’ai pris confiance en moi. Je n’ai pas de diplôme. J’ai fait une terminale littéraire, mais je n’ai pas passé mon bac. Pour 2018, j’envisage de reprendre mes études », a-t-il conclu.