- AFP | Crée le 09.07.2024 à 10h07 | Mis à jour le 09.07.2024 à 10h12ImprimerAprès plusieurs cohabitations, c’est une configuration inédite avec trois blocs principaux – le Nouveau Front populaire, le camp présidentiel et le RN et ses alliés – qui se présente, transformant en casse-tête la formation d’une majorité parlementaire. Photo Bertrand Guay / AFPCohabitations, majorités relatives et désormais trois blocs de députés non majoritaires : retour sur ces périodes où le président de la Ve République n’a pas eu de majorité absolue à l’Assemblée nationale.
1986, cohabitation tumultueuse Mitterrand-Chirac
En 1986, l’échec de la gauche aux législatives contraint le président socialiste François Mitterrand à une cohabitation de deux ans avec le gouvernement du RPR Jacques Chirac.
Le 14 juillet, première crise : M. Mitterrand refuse de signer les ordonnances de privatisation d’entreprises publiques. A la place, M. Chirac passe par des projets de loi. D’autres tensions suivent, sur la réforme universitaire, abandonnée après la mort de l’étudiant Malik Oussekine, la crise des otages au Liban ou l’assaut sanglant de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie.
1988, majorité relative pour Mitterrand
Réélu en 1988, François Mitterrand dissout l’Assemblée, sans obtenir une "vague rose" comme en 1981. Socialistes et apparentés disposent d’une majorité relative de 275 sièges sur 577, quand une majorité absolue en nécessite 289. Afin de faire adopter leurs projets de loi, les gouvernements de Michel Rocard, Edith Cresson puis Pierre Bérégovoy font des concessions tantôt à gauche, tantôt à droite.
En cinq ans, l’article 49.3 de la Constitution, qui engage la responsabilité du gouvernement pour adopter une loi sans vote, est utilisé 39 fois. Treize textes sont adoptés ainsi sous le gouvernement Rocard, notamment la loi créant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Mme Cresson et M. Bérégovoy y ont également recours pour créer l’Agence du médicament ou le Fonds de solidarité vieillesse. Source de laborieuses négociations de couloirs, la majorité relative rééquilibre un peu les pouvoirs entre législatif et exécutif.
1993, cohabitation "courtoise" Mitterrand-Balladur
Au printemps 1993, nouvelle cohabitation. Le Premier ministre RPR Edouard Balladur la qualifie de "courtoise". Savoir que les protagonistes ne s’affronteront pas dans une futur présidentielle y contribue. Quelques désaccords émergent toutefois : suspension des essais nucléaires décidée par le président, réforme de la loi Falloux sur l’enseignement privé, droit d’asile. La maladie du président en fin de mandat permet à Edouard Balladur d’élargir quelque peu ses prérogatives. François Mitterrand lui rappelle toutefois sa prééminence en matière de politique étrangère.
1997, longue cohabitation Chirac-Jospin
Mi-1997, deux ans après son élection, le président Jacques Chirac dissout l’Assemblée nationale, pariant à tort sur une victoire de la droite. Il est contraint de nommer à Matignon le socialiste Lionel Jospin. Le président opte pour "une cohabitation constructive" et n’empêche pas le Premier ministre de gouverner. Toutefois que ce soit sur les 35 heures, la Corse, l’inversion du calendrier électoral, la vache folle, la justice et les affaires, de nombreux incidents émaillent le partage du pouvoir. Sur la scène internationale, les deux hommes parlent néanmoins d’une seule voix, générant parfois l’incompréhension dans leurs camps.
En 2002, Lionel Jospin est évincé du second tour de la présidentielle. Jacques Chirac est réélu avec 82,21 % des voix face au fondateur du Front national Jean-Marie Le Pen.
2022, majorité relative pour Macron
En avril 2022, Emmanuel Macron est réélu président face à la candidate du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, mais son camp n’obtient qu’une majorité relative aux législatives, 250 sièges (dont 172 du groupe Renaissance, ex-LREM). Entre mai 2022 et janvier 2024, la Première ministre Elisabeth Borne actionne 23 fois le 49.3, notamment sur le budget et l’impopulaire réforme des retraites, et affronte une trentaine de motions de censure. Son successeur Gabriel Attal connaît également plusieurs motions de censure.
2024 : 3 blocs non majoritaires, inédit sous la Ve République
En juin 2024, après un échec aux européennes où le RN arrive en tête, Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale à la surprise générale, convoquant des législatives trois semaines plus tard. Si le premier tour a été un succès pour le RN, la déferlante annoncée du parti d’extrême droite n’a pas lieu le 7 juillet après la mise en place d’un front républicain. Le nouvel hémicycle comporte trois blocs principaux – le Nouveau Front populaire, le camp présidentiel et le RN et ses alliés – une configuration inédite sous la Ve République, transformant en casse-tête la formation d’une majorité parlementaire.
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