- AFP | Crée le 17.07.2024 à 09h28 | Mis à jour le 17.07.2024 à 09h28ImprimerGabriel Attal a démissionné mardi mais il reste à la tête du gouvernement pour gérer les affaires courantes. Photo Alain JOCARD / AFPLe gouvernement Attal est officiellement démissionnaire mais reste en charge des affaires courantes, probablement pour au moins "quelques semaines". La gauche, elle, se divise toujours sur son candidat à Matignon, la spécialiste du climat Laurence Tubiana étant jugée trop "Macron-compatible" par les Insoumis.
Emmanuel Macron a "accepté" mardi en fin de journée la démission de Gabriel Attal et de tous les ministres, qui assurent désormais "le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement", a annoncé l’Élysée dans un communiqué. À la mi-journée, le chef de l’État leur avait laissé entendre en Conseil des ministres que cette situation pourrait "durer un certain temps", "quelques semaines", vraisemblablement jusqu’à la fin des Jeux olympiques (26 juillet – 11 août) au moins, selon des participants.
Après seulement six mois à son poste, Gabriel Attal a promis d’assurer "jusqu’à la dernière minute" la "continuité de l’État", notamment en vue des JO.
Cette démission permet aux ministres élus députés de siéger dans l’hémicycle pour participer à l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale jeudi, puis vendredi et samedi à l’attribution des postes stratégiques du Palais Bourbon.
Pacte législatif ?
Ils vont désormais s’atteler à la construction d’une majorité alternative à la gauche. Afin qu’un gouvernement de plein exercice voie le jour "le plus rapidement possible", "il appartient aux forces républicaines de travailler ensemble pour bâtir un rassemblement autour de projets et d’actions au service des Françaises et des Français", a affirmé l’Élysée.
Emmanuel Macron a lui exhorté son camp à reprendre la main en mettant "une proposition sur la table en vue d’une coalition majoritaire ou d’un large pacte législatif", selon un ministre. Gabriel Attal, qui a assuré qu’il ne serait pas "le prochain Premier ministre", a annoncé son intention de proposer "des rencontres" en ce sens aux autres groupes politiques.
Un "pacte législatif", c’est précisément ce qu’élabore Laurent Wauquiez, le chef du nouveau groupe La Droite républicaine à l’Assemblée, issu du parti Les Républicains. S’il se refuse à toute "coalition gouvernementale", il a listé plusieurs mesures sur le travail et l’autorité susceptible de rallier certains députés de l’ex-majorité.
Une partie de la macronie adhère à la manœuvre et l’a fait savoir. Ces propositions législatives "sont très intéressantes et méritent que nous en discutions", a lancé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans un message à ses collègues députés Renaissance, consulté par l’AFP. Mais le "bloc central" est tiraillé entre son aile droite et son aile gauche. "Combien de gains à droite et combien de pertes à gauche ? Le sujet c’est d’élargir, pas de faire des additions ou des soustractions", glisse un conseiller ministériel.
Pas encore de candidat RN au perchoir
Les mêmes discussions ont lieu pour la présidence de l’Assemblée. Si un accord est passé avec la droite, une candidature comme celle de la sortante Yaël Braun-Pivet, seule en lice pour le parti présidentiel, pourrait réunir plus de voix que la gauche. Mais d’autres personnalités sont évoquées pour le poste, comme Naïma Moutchou chez Horizons ou Geneviève Darrieussecq au MoDem. Le centriste Charles de Courson, représentant du groupe Liot, s’est officiellement déclaré.
Troisième bloc malgré sa forte progression, le Rassemblement national n’a pas encore décidé s’il présentera un candidat pour le perchoir, a fait savoir sur LCI son président Jordan Bardella.
Bras de fer PS/LFI
A gauche, les discussions pour soumettre un candidat au poste de Premier ministre ne cessent de se tendre, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon ayant refusé de les poursuivre tant qu’un candidat commun pour le perchoir n’a pas été trouvé. Socialistes, communistes et écologistes sont néanmoins revenus à la charge lundi soir en proposant une personnalité issue de la société civile, Laurence Tubiana, pour Matignon. Cette architecte de l’accord de Paris sur le climat avait été citée pour entrer au gouvernement en 2020, ce qu’elle avait exclu, assez critique par ailleurs sur la politique environnementale du chef de l’État.
Fin de non-recevoir des Insoumis : "Si c’est effectivement ce profil sur lequel travaillent nos partenaires, je tombe de ma chaise", a déclaré sur France 2 Manuel Bompard. Le coordinateur de LFI considère la proposition "pas sérieuse", car cela ferait "rentrer par la fenêtre les macronistes".
Un vote pour le futur Premier ministre
La députée Sophia Chikirou, proche de Jean-Luc Mélenchon, a elle semblé associer le nom de Laurence Tubiana à l’action de François Hollande, avec des mots choisis : "Le hollandisme c’est comme les punaises de lit : tu as employé les grands moyens pour t’en débarrasser […] mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau", a-t-elle invectivé sur X.
Les Insoumis ne peuvent "s’imposer à tous les autres", a rétorqué le patron du PS Olivier Faure sur France Inter. Pour sortir de l’impasse, le groupe communiste à l’Assemblée a appelé dans un communiqué à "soumettre au vote des députés la désignation d’un Premier ministre".
Au milieu de ce bras de fer, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a déploré que certains repartent "dans les travers d’appareils". "Le casting, c’est le cadet de mes soucis", regrette-t-elle dans un entretien à l’AFP.
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