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    France
  • AFP / Cécile Feuillatre, avec le service politique de l'AFP | Crée le 23.09.2024 à 09h34 | Mis à jour le 23.09.2024 à 09h34
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    Fraîchement nommée, Laurence Garnier, secrétaire d'état à la consommation, embrasse le ministre de l'économie et de l'industrie Antoine Armand, sous le regard de l'ancien ministre Bruno Lemaire, ce 22 septembre. AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT
    Dirigée depuis plus de deux mois par une équipe démissionnaire dans un climat de chaos politique, la France a enfin un gouvernement, sous la houlette du Premier ministre Michel Barnier, qui devra imposer son équipe marquée à droite et déjà sous le feu des critiques.

    A peine annoncé par le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler samedi soir, la nouvelle équipe, composée de 39 membres, est déjà menacée par les oppositions. Le gouvernement "signe le retour du macronisme" et "n'a aucun avenir", a lancé Jordan Bardella, président du Rassemblement national, le parti d'extrême droite qui joue le rôle d'arbitre à l'Assemblée nationale.

    Le chef de la gauche radicale La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, a lui appelé à se "débarrasser aussitôt que possible" du gouvernement.

    Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a lui dénoncé "un gouvernement réactionnaire en forme de bras d'honneur à la démocratie" et donné "rendez-vous pour le débat de censure" à l'Assemblée.

    Le nouvel exécutif est né dans la douleur, après quinze jours de tractations menées par M. Barnier, lui-même nommé après de rocambolesques manœuvres politiques.

    La couleur de l'équipe penche nettement à droite, famille politique dont est issu ce dernier. La seule "prise" venue de la gauche est le nouveau ministre de la Justice, Didier Migaud, ex-socialiste en retrait de la politique active.

    Le président Emmanuel Macron, qui avait plongé le pays dans l'incertitude en décidant de dissoudre l'Assemblée le 9 juin, dans la foulée de sa défaite aux élections européennes, a donné son aval à la nouvelle équipe après d'ultimes tractations samedi.

    Le gouvernement Barnier aura fort à faire pour s'imposer face à une Assemblée fragmentée en trois blocs irréconciliables: la gauche, le centre droit macroniste et l'extrême droite.

    Un conservateur dur à l'Intérieur

    Le premier Conseil des ministres se tiendra lundi après-midi. M. Barnier a prévu de faire son discours de politique générale le 1er octobre. Et la première tâche, urgentissime, de son gouvernement sera de faire adopter le budget, au moment où la France, fortement endettée, est visée par une procédure européenne pour déficit excessif.

    Parmi les figures saillantes du nouveau gouvernement, le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, fait déjà figure d'épouvantail pour la gauche et des centristes, y compris macronistes.

    Figure d'une droite libérale-conservatrice inflexible, chantre de l'"ordre", de "l'autorité" et de la "fermeté", il entend notamment mettre en œuvre une politique dure sur l'immigration, sujet de préoccupation des Français qui enflamme régulièrement la classe politique.

    Du côté des "macronistes", le centriste Jean-Noël Barrot a été nommé aux Affaires étrangères. Ancien ministre délégué aux Affaires européennes, ce jeune responsable -41 ans-  va devoir s'imposer rapidement et se faire connaître sur une scène internationale explosive, marquée par deux conflits majeurs, en Ukraine et au Proche-Orient.

    Le ministre des Armées Sébastien Lecornu, fidèle du chef de l’État, est l'un des rares à conserver son poste et son ministère sera l'un des seuls à bénéficier d'un budget en forte hausse dans ce contexte de crises internationales.

    Rachida Dati, figure clivante de la droite, conserve aussi son portefeuille de ministre de la Culture.

     "Élection volée"

    La gauche, arrivée en tête des législatives, dénonce depuis des semaines une "élection volée" et fustige, à l'instar de l'eurodéputée de la gauche radicale Manon Aubry, une équipe qui sera, selon elle, "sous perfusion de l'extrême droite".

    Écologistes et militants de LFI ont manifesté samedi dans plusieurs villes de France à l'appel d'associations, d'organisations étudiantes, environnementales et féministes, contre le gouvernement "Macron-Barnier".

    "Je suis ici car ça ne correspond pas à ce qu'on a voté. Le Premier ministre représente un parti qui n'a presque rien eu aux élections. Je suis inquiète et en colère: à quoi ça sert de voter?", s'indignait une manifestante parisienne, Violette Bourguignon, 21 ans, étudiante en cinéma.

    Le chef de l'Etat a installé à Matignon "un Premier ministre de droite dure, anti-social, anti-migrants, au passé homophobe et qui ne pourra gouverner qu'avec l'accord permanent de Marine Le Pen", indiquait l'appel à manifester.

    LFI entend "augmenter la pression populaire", après une première journée de contestation le 7 septembre.

    Les principaux visages du nouveau gouvernement

    Le nouveau gouvernement français dirigé par Michel Barnier compte des personnalités plutôt, voire très marquées à droite, des vieux briscards de la politique comme des jeunes en pleine ascension. Voici quelques-uns des principaux visages de l’exécutif.

    Bruno Retailleau, un conservateur radical à l’Intérieur

    Figure d’une droite libérale-conservatrice inflexible, Bruno Retailleau, 63 ans, prend un ministère clé avec lequel il entend bien mettre en œuvre son triptyque favori : "ordre", "autorité" et "fermeté".

    Sénateur de Vendée (ouest), terre conservatrice et catholique par excellence, M. Retailleau affiche des convictions très droitières, sur le mariage homosexuel, l’avortement ou la fin de vie. Concernant l’immigration, un de ses chevaux de bataille, il est partisan d’une politique dure.

    "Il n’y va pas (au ministère de l’Intérieur, ndlr) pour faire une politique centriste, c’est sûr. Il va y aller franco", prévient un sénateur centriste.

    Ses compagnons de droite assurent cependant que l’homme "sait s’arrondir" et être "à l’écoute".

    Jean-Noël Barrot, la fulgurante ascension

    Le nouveau chef de la diplomatie française, 41 ans, connaît une ascension rapide, après être passé du Numérique à ministre délégué à l’Europe.

    Fils de l’ancien ministre et commissaire européen Jacques Barrot, il a reçu en héritage d’être "un Européen convaincu".

    Si certains diplomates estiment qu’il "vit sur la réputation de son père", d’autres concèdent qu’il a su imprimer discrètement sa marque notamment au moment de la campagne des élections européennes, au printemps dernier.

    Au Quai d’Orsay, il "va devoir travailler beaucoup de dossiers en un temps record", prédit un diplomate. Et "s’imposer", car "c’est un poids plume dans la jungle des relations internationales".

    Rachida Dati, l’insubmersible

    Très connue dans l’opinion publique en raison de son langage fleuri et ses piques mordantes, Rachida Dati, ex-protégée de l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy, est une figure insubmersible de la scène politique française.

    Le président Macron avait fait un "coup" médiatique et politique en la faisant revenir sur la scène nationale au poste de ministre de la Culture dans le gouvernement de Gabriel Attal. Elle est l’une des deux seules personnalités du précédent gouvernement à conserver son poste.

    Lecornu, le soldat de Macron

    Discret mais fin politique, fidèle du président, le ministre des Armées Sébastien Lecornu conserve son portefeuille auquel viennent s’ajouter les Anciens combattants, et reste un des rares à bénéficier d’un budget en forte hausse, sur fond de tensions internationales.

    "Lecornu, c’est le bon soldat qui par ailleurs n’a pas trop de charisme ni d’avenir présidentiel" susceptible de faire de l’ombre à Emmanuel Macron, dont il a activement animé la campagne présidentielle de 2022, relevait en début d’année un conseiller ministériel.

    Propulsé au gouvernement en 2017 à seulement 31 ans, l’homme politique issu du camp de droite est passé par l’Écologie, les Collectivités, l’Outre-mer, avant d’hériter du portefeuille stratégique des Armées.

    Anne Genetet, la surprise à l’Éducation nationale

    La députée macroniste Anne Genetet, jusqu’ici connue pour ses travaux sur la défense et la diplomatie, a été propulsée à la tête du ministère de l’Éducation nationale, la sixième titulaire du portefeuille en sept ans.

    Médecin puis journaliste, employée dans le privé puis députée… À 61 ans, Anne Genetet, inconnue du grand public et des enseignants, s’apprête à découvrir l’une des administrations les plus exigeantes de l’État.

    Un duo de macronistes pour Bercy

    Pour le poste le plus exposé du gouvernement, à l’heure où la France est visée par une procédure européenne pour déficit excessif, Michel Barnier a choisi un duo inconnu du grand public : Antoine Armand pour l’Économie, les Finances et l’Industrie d’un côté ; Mathieu Lefèvre de l’autre pour le Budget.

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