100 millions de francs de dégâts

Inauguré fin décembre 2021, le cinéma Origin (ex Mk2) amorçait sa troisième année d’activité quand les émeutes ont éclaté, en mai. Les locaux ont été pillés et vandalisés, et l’établissement culturel est resté fermé pendant près de six mois, soit 177 jours de cessation d’exploitation d’activité. Cela a représenté "à peu près 100 millions de francs de pertes", précise Émilie Pommelet, directrice d’exploitation. La direction "s’est battue pour préserver les emplois et reconstruire", indique Séverine Lathuillière, directrice générale et artistique, ce qui représente une équipe de 30 personnes toujours en place. Car si les "équilibres économiques ne sont pas menacés, ils sont fragiles".

Une reprise en novembre

La réouverture, le 6 novembre, a été tirée par le film Vaiana. Les gens sont revenus, déclare Séverine Lathuillière, et l’équipe a reçu de nombreux témoignages bienveillants. "C’était vraiment émouvant, parce que beaucoup de spectateurs venaient nous dire qu’ils étaient contents d’être là, certains nous proposaient leur aide pour les travaux ou pour autre chose." Mais, la fréquentation ne retrouve pas le niveau d’avant mai 2024. "On connaît une perte de fréquentation d’environ 30 % environ. Ce n’est pas non plus catastrophique, mais on sent qu’il y a encore de la peur, certains n’osent pas revenir jusqu’à nous."

Afin d’encourager ceux qui seraient encore réticents, poursuit la directrice, le cinéma a renforcé la sécurité avec un vigile dans le cinéma et un autre sur le parking. Il y aurait 40 % de délinquance en moins par rapport à l’année dernière, grâce à la présence des forces de l’ordre. "Le message que nous voulons faire passer est que tout va bien et qu’il n’y a pas de problème", ajoute Émilie Pommelet. D’ailleurs, précise la direction d’exploitation, depuis la réouverture, aucun incident n’est à signaler. "On peut venir en toute sécurité." À noter que l’Origin café a également repris le service le 14 février.

Un espace de "cohésion"

C’est ce que l’équipe souhaite mettre en avant, afin d’inciter le public à retrouver les salles obscures dumbéennes. "Origin est un endroit de culture avec des festivals, des débats et, surtout, de cohésion, où on se réunit autour de valeurs communes et de différentes formes artistiques, avec le réseau associatif pour prendre la parole sur les sujets sociétaux importants." La structure veut faire perdurer son action. "Il faut venir chez nous pour nous soutenir, afin que nous puissions continuer à faire ce que l’on fait."

Le corps dans tous ses états

Après la femme, l’environnement et le métissage, le thème retenu cette année est : "le corps dans tous ses états". Un signe fort de volonté de résilience, explique Séverine Lathuillière : "Après ce qu’il s’est passé en 2024, tout le monde a été abîmé. Et, en commençant par soigner le corps et en prendre soin, on va peut-être guérir les esprits et les traumatismes." Un défi, relève Émilie Pommelet, de "continuer à créer du lien, la résilience se fera ensemble". La thématique sera au cœur de multiples évènements tout au long de l’année.

Les temps forts de 2025

Parmi les grands temps forts à venir, dès le week-end du 8 et 9 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la projection de deux films liés à la thématique du Corps dans tous ces états autour du sport. Julie se tait, sur une jeune joueuse de tennis confrontée à un entraîneur toxique, qui sera accompagné par un partage en vidéo depuis l’Hexagone de l’athlète calédonienne Esther Wejieme sur son expérience en tant que sportive. Et Tatami, sur une judokate iranienne et son entraîneuse qui se rendent aux Championnats du monde de judo à Tbilissi en Géorgie, avec l’intention de ramener sa première médaille d’or à l’Iran, en partenariat avec l’association Les Kimonos du cœur, implantée aux tours de Magenta.

Suivra, le 11 avril, de 20 heures à 8 heures, la Nuit de l’horreur, avec 10 films à l’affiche ; en juin, un mois dédié à l’Année de la mer, alors que se tiendra à Nice, du 9 au 13 juin, la 3^e conférence des Nations unies sur l’Océan ; en juillet, le Calédonie Tattoo Festival et un festival sur le Japon ; en août, deux animations hip-hop et graff avec la réalisation de deux fresques, mais aussi un festival des maths, un défilé de mode, un marché de Noël, une collecte de dons, des séances Opéra au cinéma…

Blockbusters et cinéma d’auteur

Après Capitain America ce mois-ci, Blanche-Neige arrive sur les écrans le 20 mars. Il y aura aussi Minecraft : Le Film en avril, Lilo & Stitch et Mission Impossible en mai ; Elio et Dragons en juin ; Jurassic World : Rebirth et Superman en juillet ; Saw XI et Mortal Kombat 2 en octobre ; Zootopie 2 et Wicked : For Good en novembre, avant le retour attendu d’Avatar : Fire and Ash pour finir l’année, en décembre. "On est quand même assez confiant pour 2025, parce que la programmation s’annonce plutôt riche", pose Émilie Pommelet.

Du côté du cinéma indépendant, il y aura, entre autres, The Alto Knights de Barry Levinson en mars, Les Linceuls de David Cronenberg en avril, The Bride ! de Maggie Gyllenhaal en septembre, mais aussi Chien 51 de Cédric Jimenez et Moi Qui T’aimais de Diane Kurys en octobre.