- Baptiste Gouret | Crée le 27.05.2024 à 18h30 | Mis à jour le 27.05.2024 à 19h39ImprimerLe complexe commercial de Boulari a été pillé et incendié. Le quartier a été durement touché par les violences depuis le déclenchement des émeutes il y a deux semaines. Photo Baptiste GouretLes forces de l’ordre ont mené une vaste opération dimanche pour reprendre le contrôle de Boulari. Mais du Pont-des-Français à Robinson en passant par La Conception, les traces des incendies et des pillages sont partout. Dans les rues jonchées de déchets et noircies de cendre, l’ambiance est pesante.
Sur la route qui mène à Boulari, un jeune homme fait la circulation, assis sur une chaise de bureau au beau milieu de la VDE, déjà occupée par des branches et une machine à laver qu’il faut contourner. À l’approche du rond-point, c’est une carcasse de voiture calcinée qui oblige à passer sur l’autre voie, suivie par des dizaines de pierres déposées sur la chaussée. Même zigzags contraints pour se rendre jusqu’à Robinson.
Tir à l’arme automatique
Sur la route qui mène à Robinson, des débris entravent la circulation sur une des deux voies. Photo Baptiste GouretDans les quartiers nord de la commune du Mont-Dore, la circulation a repris depuis dimanche et la vaste opération menée par les forces de l’ordre pour reprendre le contrôle du quartier de Boulari. Pour autant, les traces des violences sont loin d’avoir disparu. Les incendies et les pillages ont touché une grande partie des commerces de la zone depuis le déclenchement des émeutes, dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai. Pont-des-Français, La Conception, Robinson… Aucun quartier n’a été épargné. "Et ça ne s’arrête pas, toutes les nuits ça recommence", raconte Élise, soignante, qui continue ses tournées à domicile dans le quartier. Elle témoigne de patients aussi inquiets qu’épuisés. "Ils ne dorment quasiment plus […] Ce matin, on a même entendu des tirs à l’arme automatique."
Des grosses pierres ont été déposées sur la chaussée, avant le rond-point de La Conception, obligeant à circuler sur la voie de gauche. Photo Baptiste GouretAu lendemain de l’important déploiement de forces de l’ordre, la présence des gendarmes a considérablement diminué dans le quartier. Seuls quelques agents protègent, ce lundi, l’entrée de l’hôtel de ville. En face, le complexe commercial qui abritait une épicerie et un cabinet vétérinaire est détruit. Seule la boulangerie Le pain corse semble avoir échappé aux flammes. Sur le parking, la scène est surréaliste : devant un salon de coiffure démoli, des garçons jouent au foot, pieds nus, au milieu des centaines de feuilles de papier qui jonchent le sol et d’une fine couche de cendres.
"Les gens sont complètement flippés"
Des habitants ont formé des barrages pour protéger leurs quartiers. Photo Baptiste GouretLa 2x2 voies qui traverse le centre-ville est devenue une longue ligne d’éclats de verre et de débris en tout genre. Plus aucun feu de circulation n’est en état de fonctionnement. À ces images de chaos s’ajoute une ambiance pesante, provoquée par des rues délabrées et désertes. "Les gens sont complètement flippés", pense Élise.
C’est à Robinson, relativement épargné en comparaison de son quartier voisin, que les signes de vie sont les plus nombreux. À l’abri des tivolis, des habitants surveillent leurs barrages. Au rond-point du Carrefour, les militants indépendantistes appliquent les consignes de la CCAT : pas d’entrave à la circulation, mais un barrage filtrant et des drapeaux brandis, le noir pour le deuil et celui du FLNKS pour la lutte. "Le mot d’ordre, c’est le retour au calme et desserrer l’étau", signale Jean-Marie, référent CCAT du quartier, répétant ainsi les propos tenus il y a quelques jours par Christian Tein, à la tête de l’organisation.
Devant le rond-point du Carrefour, à Robinson, les militants de la CCAT poursuivent leur mobilisation. Photo Baptiste GouretLe militant l’assure : "On n’a jamais appelé au pillage ou aux incendies." La preuve, souligne-t-il : les commerces qui entourent le lieu de la mobilisation "ont été préservés", notamment le Carrefour et la station-service. Les militants disent vouloir que les discussions engagées ces derniers jours entre les responsables politiques calédoniens aboutissent. C’est le seul moyen, selon eux, d’en finir avec les émeutes. "Depuis trop longtemps on fait semblant de nous écouter, déplore Jean-Marie. C’est malheureux que la population en soit arrivée là, mais c’est aussi la conséquence de revendications qui n’ont pas été entendues. "
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