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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 04.10.2024 à 05h00 | Mis à jour le 04.10.2024 à 05h00
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    Les usagers se font très rares à l’arrêt de bus des Fraisiers. Ces deux jeunes du village ne sont venus que parce qu’ils se sont fait déposer en voiture. Photo Anthony Tejero
    Depuis la reprise des bus Tanéo, le 1er octobre, le réseau a été nettement revu à la baisse et les prix ont bondi. À Païta, le dernier arrêt desservi se situe aux Fraisiers, au bord de la voie express, très loin du village et des quartiers résidentiels alentour. Un choix que ne comprennent pas les habitants qui se sentent abandonnés.

    Dans le village de Païta, la gare routière n’a jamais aussi mal porté son nom. Auparavant véritable carrefour et lieu de rencontre pour les habitants de la commune, la plateforme est bien vide en ce jeudi matin.

    Seul un groupe de retraités discute, assis sous l’un des abris de bus. Sauf que ces riverains n’iront pas plus loin. Alors que le réseau Tanéo a repris du service depuis mardi dans le Grand Nouméa, avec un réseau nettement revu à la baisse, Païta est la grande oubliée. Les bus ne vont pas au-delà de l’arrêt Les Fraisiers, situé au bord de la voie express et à plus de 2 kilomètres du village.

    De quoi décourager la plupart des usagers. "On prenait tous le bus, mais c’est trop loin maintenant, on est trop vieux, peste Pétélo. Sinon, on est obligés de payer un taxi jusqu’aux Fraisiers. Du coup, Nouméa, c’est fini, on n’y va plus. Ça coûte trop cher."

    "On va grogner"

    La décision du SMTU de passer le ticket de bus à un tarif unique de 500 francs ne passe pas non plus pour ces habitants qui se sentent abandonnés alors que la plupart des commerces du village ont été pillés et détruits. "On n’est pas du tout contents, ça pénalise tout le monde et surtout les plus pauvres, s’énerve Patelise, 72 ans, pour qui ces choix sont de nature politique. Attention, il y aura bientôt des élections et on va grogner si ça continue. Ces décisions ont été prises sans concertation de la population. On avait nos habitudes, il ne fallait pas les changer. Les bus doivent revenir chez nous et coûter moins cher !"


    Seuls ce groupe de retraités et une poignée de chauffeurs de taxi animent la gare routière en ce jeudi matin. Photo Anthony Tejero

    À quelques encablures de là, le ton est un brin plus fataliste parmi ces dames qui discutent sur la place du village. Ces habitantes, qui ont toutes perdu leur travail lors des émeutes, se retrouvent désormais sans ressource et sans moyen de transport accessible. C’est notamment le cas de Nathalie, qui vit au Mont-Mou : "J’en ai pour une heure de marche rien que pour venir jusqu’ici car il n’y a plus les navettes de la commune. Alors je ne peux pas, en plus, me rendre jusqu’aux Fraisiers. Les bus, c’est fini tant qu’ils ne repasseront pas au village."

    Une situation qui désole Zita : "C’est vraiment n’importe quoi ! Pour retirer de l’argent, la banque la plus proche est à la Zac Panda, et ça nous coûte au moins 500 francs de bus et plus d’une demi-heure de marche pour se rendre à l’arrêt. On est tous dans la galère, c’est usant. On n’a plus de distributeurs, on n’a plus de sous et tout coûte de plus en plus cher. Faut pas s’étonner que les gens prennent des 'taxis 1000' aujourd’hui. À Païta, on commence même à voir des taxis 100…"

    Un phénomène confirmé par ce chauffeur professionnel. "C’est vraiment une mauvaise chose que les bus ne reviennent pas dans le village. Rien que pour déposer les clients jusqu’aux Fraisiers, le tarif est de 600 francs. C’est pour ça que tous ces taxis 1000 émergent en toute illégalité. Nous, on paie des assurances, des contrôles techniques parfois hors de prix, mais les gens n’ont plus de sous, analyse Steeve. Faire payer plus cher un service dégradé, il y a quand même un problème. Je ne comprends vraiment pas pourquoi les bus ne viennent plus jusqu’ici, au moins quand il fait jour. Ce ne sont pas les forces de l’ordre qui manquent en ce moment. Pour les usagers, c’est vraiment le parcours du combattant. Et de ce que j’ai vu, les bus arrivent de toute façon presque vides aux Fraisiers. Je ne suis pas sûr que ce soit rentable."

    Une reprise du réseau dictée par la sécurité

    Dans les quartiers jugés les plus sensibles de l'agglomération, le trafic de Tanéo est largement allégé pour assurer un "service minimum".

    "La desserte sera beaucoup moins fine, c'est-à-dire que les bus n'emprunteront que l'axe principal et ne rentreront plus dans certains quartiers pour des raisons de sécurité, a détaillé aux Nouvelles calédoniennes, le directeur adjoint du SMTU (Syndicat mixte des transports urbains du Grand Nouméa). Nous nous basons sur les remontées des forces de l'ordre, du haut-commissariat et des communes qui nous alertent d'un risque toujours avéré dans certaines zones où les gens devront davantage marcher pour prendre le bus."

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