"C’est un jour merveilleux", lâche Muriel dans un grand sourire. L’habitante de la baie des Citrons n’avait plus posé sa serviette sur la plage de son quartier depuis le début de l’année. L’étroite zone de baignade sécurisée installée ces derniers mois n’avait pas suffi à la convaincre de revenir faire trempette. Mais, ce mercredi matin, elle était parmi les premiers à profiter de la réouverture de la baignade sur les plages et les îlots de Nouméa, neuf mois après son interdiction par la municipalité à la suite d’une série d’attaques de requins.

10,2 hectares pour nager

Ce n’est pas tant l’autorisation de se baigner que la possibilité de le faire dans un espace sécurisé qui a fait revenir Muriel dans l’eau. La levée de l’interdiction de baignade coïncide en effet avec l’installation de la première barrière anti-requins à la baie des Citrons.

En empêchant le passage de la mégafaune, et en particulier des requins, cette installation offre aux nageurs une zone protégée de 10,2 hectares. "On n’aurait pas pu espérer une chose pareille, c’est vraiment super de bénéficier d’un tel espace", se réjouit Muriel. Depuis les attaques, elle n’était jamais rassurée dans l’eau. Désormais, elle profite du "plaisir de nager sans appréhension".

Même soulagement pour Jacqueline, 67 ans et grande habituée de l’endroit avant l’interdiction de baignade. "En 2019, j’ai croisé un requin bouledogue dans l’eau, je n’ai jamais été tranquille depuis. Alors, cette barrière, je trouve que c’est vraiment une superbe initiative. Et peut-être que ça va redonner un peu de vie dans la baie", suppose l’habitante de Val-Plaisance.

Treize nageurs-sauveteurs bientôt recrutés

C’est du moins la tendance qui se dessinait en ce jour de réouverture, avec plusieurs dizaines de personnes dans l’eau dès le début de la matinée. "On retrouve les habitués et les sportifs, tout le monde avait hâte", confirme le commandant Géraldine Bourgoin, chef de corps des sapeurs-pompiers de Nouméa. Les moyens ont été renforcés pour assurer la sécurité des baigneurs sur cette nouvelle étendue d’eau. "On est passé de deux à trois nageurs-sauveteurs présents en continu de 8h45 à 17 heures."

Si la zone sécurisée devrait concentrer la majeure partie des baigneurs, les pompiers devront rester attentifs à ceux qui s’aventureraient à l’extérieur. "Ils y sont autorisés. On incite tout le monde à venir dans cette zone protégée, mais chacun est libre", fait remarquer le commandant.

Les pompiers de Nouméa préparent également leur retour, vendredi, à la plage du Château Royal, où sera installé un petit espace de baignade surveillé en attendant la pose, d’ici avril 2024, d’une seconde barrière anti-requins. En attendant, la baignade y est interdite jusqu’au 7 décembre inclus. "La nouveauté, c’est qu’on va désormais surveiller toute l’année la plage du Château Royal, alors que jusqu’ici nous n’y étions que l’été."

Pour assumer ce nouveau rythme, la municipalité envisage le recrutement de "treize nageurs-sauveteurs et deux sapeurs-pompiers pour les encadrer", dévoile la chef de corps, soit quinze créations de poste.