fbpx
    Monde
  • Outremers360 | Crée le 05.04.2025 à 12h32 | Mis à jour le 05.04.2025 à 12h33
    Imprimer
    À gauche : le Canopée de Zéphyr et Borée, qui a transporté des éléments d’Ariane 6 de l’Europe vers la Guyane. À droite : le Neoline Origin qui prévoit de transporter des marchandises entre Saint-Nazaire et Baltimore, en passant par Saint-Pierre-et-Miquel Photo Outremers360
    Encore marginale, la propulsion vélique, tend à se développer y compris dans certains territoires ultramarins dont la Guyane, Saint-Pierre-et-Miquelon ou encore la Polynésie française. À l’approche d’un sommet crucial sur la décarbonation du transport maritime à Londres, les projets de fret maritime à voile, bien que balbutiants, étaient bien présents cette semaine à Paris au Salon international du transport et de la logistique. Les explications de notre partenaire Outremers360.

    La propulsion vélique, autrement dit des cargos qui s’aident du vent pour naviguer, "c’est une goutte d’eau dans l’océan", fait remarquer François Daniel, délégué général de TLF Overseas, qui regroupe les entreprises françaises organisatrices de transports aériens et maritimes. D’après l’association Wind Ship, qui milite pour le développement de cette technique, il existe environ 60 navires équipés de voiles solides, de rotors ou de kites pour réduire l’usage des moteurs fonctionnant au gaz ou au fioul lourd.

    L’immense majorité de ces bateaux sont des navires rétrofités, sur lesquels des dispositifs pour s’aider du vent ont été installés, ce qui permet de "réduire de 3, 5, jusqu’à 20 % de la consommation de carburant", explique la déléguée générale de Wind Ship, Lise Detrimont.

    La moitié de la flotte mondiale équipée d’ici 2050 ?

    Une centaine de projets sont dans les carnets de commandes pour l’année 2025, a-t-elle précisé. "D’ici 2030, on s’attend à ce qu’il y ait environ 1 600 bateaux " utilisant le vent au moins partiellement pour leur propulsion, " et pour 2050, on vise 33 000, soit 45 % de la flotte mondiale équipée de systèmes véliques", affirme Lise Detrimont.

    Une projection "optimiste", pour François Daniel de TLF Overseas. D’après lui, "le vélique fait partie des solutions", mais au même titre que beaucoup d’autres comme les carburants alternatifs (méthanol, ammoniac) voire la propulsion nucléaire, qui n’en est qu’à la phase de recherche.

    À quand le tour des porte-conteneurs ?

    Pour autant, certains acteurs se sont déjà lancés avec des navires à voile, comme Grain de Sail, qui fait des rotations avec deux bateaux entre Saint-Malo, New York et les Caraïbes pour transporter du café et du chocolat.

    Le navire Canopée de l’armateur Zéphyr et Borée transporte ,lui, différents morceaux du lanceur Ariane 6 entre l’Europe et Kourou, en Guyane. Il est partiellement propulsé par le vent, ce qui génère une réduction de 30 % de ses émissions de gaz à effet de serre. Zéphyr et Borée prévoit de construire un porte-conteneurs doté d’ailes rigides qui permettraient de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre.

    Actuellement, aucun des 7 283 porte-conteneurs dans le monde n’utilise le vent. Mais la compagnie Neoline entend bien être pionnière en lançant le 21 juillet son cargo roulier (transport de véhicules) vélique capable d’embarquer aussi des conteneurs entre Saint-Nazaire, Saint-Pierre-et-Miquelon, Halifax et Baltimore, principal port d’entrée des voitures ou véhicules agricoles importés aux États-Unis.

    Selon Madeleine Poulin-Poirier, responsable commerciale de Neoline, "il y a beaucoup d’enthousiasme autour du projet". Le Neoline Origin a été mis à l’eau le 31 janvier en Turquie et ses deux mats ont été installés la semaine dernière. Ce sera le plus grand cargo roulier à voile au monde, affirme-t-elle. "Le conteneur sera un peu plus cher mais en termes de roulant, on sera dans les clous du marché", prévient Madeleine Poulin-Poirier.

    99 % de la flotte navigue au fioul ou au gaz

    Actuellement, le transport maritime est responsable de 3 % des émissions mondiales de CO2 et près de 99 % des navires dédiés au transport international utilisent du fioul lourd ou du gaz naturel liquéfié. L’Organisation maritime internationale (OMI) vise une réduction des émissions de 20 à 30 % d’ici à 2030 pour atteindre le " zéro émission " net en 2050.

    Les États membres de l’OMI se réuniront du 7 au 11 avril pour discuter des mesures à déployer pour atteindre cet objectif, avec comme possibilité l’instauration d’une taxe carbone mondiale pesant sur le secteur. Ils doivent aussi se mettre d’accord sur une norme internationale permettant de mesurer l’intensité carbone des navires et évaluer leur efficacité énergétique. "C’est ce qui va donner la température des prochaines années", annonce Lise Detrimont.

    En Polynésie, un vent de renouvelable sur la desserte des îles Australes


    Dès 2026, la Société de Navigation des Australes desservira l'archipel éponyme depuis Tahiti avec un cargo flambant neuf équipé d'une turbovoile.

    Le Tuha'a Pae IV devrait être remplacé, dès 2026, par un nouveau cargo mixte sur la ligne des Australes et de Rapa. Plus gros, avec ses 89 mètres, plus spacieux et plus pratique pour le fret, les produits frais et les passagers, le Na Hiro e Pae sera surtout un laboratoire flottant de la transition énergétique. Entre sa turbovoile et ses générateurs prêts pour le biocarburant, le navire à 5 milliards Fcfp promet de montrer la voie de la décarbonation aux autres goélettes.

    Le Na Hiro e Pae pourra ainsi compter sur une source d'énergie renouvelable : le vent. La tour de 22 mètres de haut qui sera installée au centre du navire n'a en effet rien d'une cheminée mais tout d'un mât : cette turbovoile, un tube creux et effilé, qui, correctement orienté, permet de réduire sensiblement la consommation de carburant. Objectif : 10% d'économie de gazole dans un premier temps, là où la moyenne mesurée pour ce genre de technologie est de 13% et que certains essais ont abouti à une économie de plus de 20% sur la consommation. 

  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS