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  • AFP | Crée le 09.12.2024 à 09h10 | Mis à jour le 09.12.2024 à 09h10
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    Le président syrien Bashar al-Assad a été chassé du pouvoir par des rebelles islamistes, dimanche. Il a trouvé refuge en Russie. Photo Omar HAJ KADOUR / AFP
    Le président Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes, un tournant de l’histoire qui met fin dimanche à un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad.

    La chute de 50 ans de dictature et de répression sanglante. Dimanche, l’offensive des rebelles islamistes a mis fin au règne par la terreur de Hafez al-Assad, puis de son fils, Bachar. Ce dernier, qui a pendant 24 ans dirigé d’une main de fer la Syrie meurtrie par près de 14 ans de guerre, se trouve avec sa famille à Moscou, selon les agences de presse russes.

    "Enfin, le régime d’Assad est tombé", a déclaré le président américain Joe Biden, tout en soulignant que "certains des groupes rebelles" avaient des "antécédents de terrorisme". En Syrie, des scènes de liesse ont accueilli la chute d’Assad, alors que le chef des rebelles islamistes, Abou Mohammad al-Jolani, a fait son entrée dans la capitale Damas. "On attendait ce jour depuis longtemps", a déclaré en fondant en larmes Amer Batha, à Damas. "Je n’arrive pas à croire que je vis cet instant".

    A l’étranger, de nombreux Syriens ont exprimé leur joie. En Irak, Yamen promet de "prendre le premier avion pour rentrer", et en Egypte, Mohamed Feras, dit pouvoir "enfin retourner" dans son pays. A Damas, placée sous couvre-feu jusqu’à lundi 5 heures (13 heures en Calédonie), une partie du palais présidentiel a été incendiée. C’est "devenu un lieu pour le peuple syrien", affirme Omar Khairallah, sur place. A deux kilomètres de là, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont pénétré dans la résidence fastueuse des Assad, qui a été pillée après sa prise par les rebelles, selon un journaliste de l’AFP sur place.

    Réunion d’urgence à l’ONU

    Dans la capitale, comme dans d’autres villes, des manifestants ont renversé et piétiné des statues de Hafez al-Assad, qui a dirigé la Syrie de 1971 à sa mort en 2000, et de son fils Bachar. Des soldats syriens se sont débarrassés à la hâte de leur uniforme.

    Le 27 novembre, une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de Jolani, a lancé une offensive à partir de son fief à Idleb (nord-ouest). En dix jours, devant l’effondrement des forces gouvernementales, les rebelles ont conquis de vastes territoires et les grandes villes d’Alep (nord), de Hama (centre), de Deraa (sud) et de Homs, avant d’entrer dans la capitale. Il s’agit de l’avancée la plus spectaculaire depuis le début de la guerre civile, déclenchée en 2011 après la répression sanglante de manifestations prodémocratie, et qui a fait près d’un demi-million de morts. Au moins 910 personnes, dont 138 civils, ont été tuées pendant l’offensive rebelle, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

    A la télévision publique, les rebelles ont annoncé la chute du "tyran" et la libération tous les prisonniers "injustement détenus", dont ceux emprisonnés à Saydnaya, une prison symbole des pires exactions des forces de M. Assad.

    Principal allié du pouvoir déchu, la Russie a annoncé avoir demandé une réunion d’urgence lundi du Conseil de sécurité de l’ONU. Selon les agences russes, les rebelles ont "garanti la sécurité" des bases militaires russes en Syrie.

    "La Syrie a été purifiée"

    Après ses combattants, Abou Mohammad al-Jolani est arrivé à Damas où il s’est prosterné sur une pelouse avant de se rendre à la mosquée historique des Omeyyades. "Cette victoire est un triomphe […] pour toute la communauté islamique", a-t-il martelé. "La Syrie a été purifiée."

    Plus tôt, il a demandé à ses combattants de ne pas s’approcher des institutions publiques, ajoutant que celles-ci restaient sous contrôle du Premier ministre jusqu’à la "passation officielle". Le groupe HTS est l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda qui dit avoir rompu avec le jihadisme, sans réellement convaincre les chancelleries occidentales. Tout en saluant la chute du pouvoir, plusieurs pays ont exhorté les Syriens à éviter le piège de l’extrémisme. La France a appelé la population "à la réconciliation" et le chef de l’ONU, Antonio Guterres, à protéger "les droits de tous les Syriens".

    "Rendre des comptes"

    Dans son allocution, Joe Biden a affirmé qu’Assad devrait "rendre des comptes" pour les "centaines de milliers de Syriens innocents" qui ont été "maltraités, torturés, et tués". Les Etats-Unis échangeront avec "tous les groupes syriens" au sujet de la transition du pouvoir vers une Syrie "indépendante", a-t-il ajouté.

    La Turquie, qui soutient des groupes rebelles et accueille des millions de réfugiés syriens, a dit être en contact avec les insurgés pour garantir la sécurité, ajoutant que les nouvelles autorités ne devaient pas "constituer une menace" pour les pays voisins.

    Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que la chute d’Assad était "une conséquence directe des coups" qu’Israël avait "portés à l’Iran et au Hezbollah" libanais.

    Face à l’offensive rebelle, le soutien de Moscou, dont les troupes sont mobilisées pour la guerre en Ukraine, s’est effrité tout comme celui de l’Iran et du Hezbollah, sortis affaiblis de la guerre entre le mouvement libanais et Israël, laissant le pouvoir syrien isolé, selon des experts.

    L’Iran, dont l’ambassade à Damas a été saccagée, a prévenu que sa politique était susceptible de changer en fonction "du comportement des acteurs" sur le terrain en Syrie.

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