- Baptiste Gouret | Crée le 18.03.2025 à 18h36 | Mis à jour le 18.03.2025 à 18h40ImprimerLa direction du centre culturel Pomémie a pris la décision d'annuler un concert programmé samedi 22 mars, à la suite de demandes de report et de changement d'horaires formulées par la ville, inquiète d'éventuels débordements. Photo centre culturel PomemieCinq artistes devaient se produire, samedi 22 mars, sur la scène du centre culturel Pomémie, à Koné. Par peur d’éventuels débordements, dix jours après les violences survenues au 1881 à Nouméa, la mairie a imposé des conditions jugées trop contraignantes par la direction du centre, qui a préféré annuler l’évènement.
Tout avait été préparé pour offrir "une belle soirée musicale". Elle laisse finalement place à de la "colère, déception et beaucoup de découragement", déplore le centre culturel Pomémie de Koné, dans une publication sur ses réseaux sociaux, ce mardi 18 mars. À quatre jours d’un concert qui devait réunir, samedi 22 mars, cinq artistes essentiellement originaires de la province Nord, la direction du centre a pris la décision d’annuler l’évènement, à contrecœur. La conséquence d’exigences de la municipalité, inquiète d’éventuels débordements, qui ont rendu sa tenue inenvisageable, pour les responsables de Pomémie.
"En premier lieu, la mairie nous a demandé de reporter la date du concert, mais certains artistes sont en tournée internationale, donc c’était impossible", rapporte Océa Naaoutchoué, directeur du centre culturel. Ce report devait permettre d’attendre le retour, à Koné, de gendarmes mobiles actuellement mobilisés à Nouméa, justifie la mairie. L’autre option présentée par l’exécutif municipal : programmer le concert plus tôt pour qu’il se termine à 18 heures, contre 22 heures à l’origine. Ce nouvel horaire aurait dénaturé l’évènement, selon ses organisateurs, qui ont préféré l’annuler.
"Pas le même public"
Une décision difficile à prendre, affirme la direction du centre culturel, encore étonnée par les contraintes imposées par la ville. Océa Naaoutchoué y voit les conséquences de la rixe survenue il y a dix jours au 1881, à Nouméa. "On paie le prix de ce qu’il s’est passé." La crainte de voir éclater des violences en marge du concert est "légitime", jugent les responsables du centre, mais ils déplorent que la bonne ambiance et le calme dans lesquels se sont déroulés les derniers évènements organisés à Pomémie n’aient pas davantage pesé dans la balance. "Le 8 mars, on a célébré la journée internationale des droits des femmes, il y avait plus de 300 personnes, ça s’est terminé à 22 heures et ça s’est très bien passé, affirme Océa Naaoutchoué. Depuis trois ans que je suis directeur, je n’avais jamais vu une bagarre ou un vol de voiture à la fin d’un concert à Pomémie."
Océa Naaoutchoué est le directeur du centre culturel Pomémie depuis avril 2022. Photo Archives LNC/Waldemar de LaageSelon lui, la nature du concert du 22 mars ne serait pas complètement étrangère aux inquiétudes de la municipalité. "Du reggae-kaneka, peut-être que, selon eux, ça attire les mauvaises personnes", suppose le directeur. Un "deux poids deux mesures" dont témoigne l’accord donné par la mairie pour la tenue d’une série de concerts, du 11 au 13 avril, de l’Association des artistes chrétiens de Nouvelle-Calédonie (Adac-NC), autorisée à se produire jusqu’à 22 heures sur la scène du centre culturel.
"La jeunesse mérite mieux"
"Ce n’est pas le même public", admet Patricia Coulon, troisième adjointe au maire de Koné en charge de la culture et de l’animation, évoquant le caractère "plus familial" de la journée internationale des droits des femmes et des concerts de l’Adac. Pour autant, la municipalité assure que les demandes de report de date et de changement d’horaires n’étaient que des "propositions". "Nous n’avons rien annulé, nous avons simplement donné un avis lors d’une réunion avec la direction du centre et la gendarmerie", justifie Patricia Coulon. L’adjointe au maire confirme craindre des troubles à l’ordre public, notamment "des attroupements" en fin de concert de nature à provoquer des violences. "Avec ce qui s’est passé récemment à Nouméa, on veut éviter tout évènement qui peut se terminer en frictions." "L’art, la musique et le partage méritent mieux. Nous méritons mieux. Et surtout, la jeunesse mérite mieux que ce que nous voyons aujourd’hui, ont regretté les responsables de Pomémie. On ne lâche pas… mais aujourd’hui, on accuse le coup."
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