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    Nouméa
  • Propos recueillis par Coralie Cochin | Crée le 13.12.2011 à 03h00 | Mis à jour le 23.07.2016 à 23h40
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    Pascal Hébert, secrétaire général de la FOL, lance un appel au soutien du public pour sauver l'association et sa salle. Photo : Jacquotte Samperez
    On la croyait fermée pour toujours, après les dégats causés par Vania. La diffusion inattendue de L'Ordre et la Morale offre à la salle de la FOL une dernière chance de faire parler d'elle. Et de convaincre les politiques de réhabiliter ce bâtiment en danger de mort.
    • La salle de la FOL semblait condamnée depuis dix mois. Qu’est-ce qui explique cette reprise d’activité soudaine, pour la diffusion de L’Ordre et la Morale ?

    Pascal Hébert : La salle est toujours condamnée. Ce qui nous a amené à faire le choix de cette réouverture provisoire, c’est l’événement qu’il y a eu autour de la sortie de ce film, qui ne peut pas être distribué dans les salles commerciales à grande échelle. Pour nous, c’est un événement grave pour la Calédonie, parce que c’est encore cette histoire douloureuse du pays qui s’enkyste un peu plus. Avec ce film, on n’est plus dans une logique commerciale. C’est vraiment l’aspect citoyen qui nous intéresse. La FOL est une association d’éducation populaire. On travaille sur la question de la citoyenneté au travers de nos actions. Et on souhaitait vraiment répondre à une demande de la population.

    • Le projet a pourtant failli capoter, la semaine dernière, quand vous avez appris que le centre Tjibaou envisageait aussi de faire des projections publiques ?

    La production nous avait contactés pour diffuser ce film en l’absence de tout lieu de diffusion. Et nous aussi, en tant qu’administrateurs, nous étions très interpellés par cette absence de possibilité de diffusion. On savait qu’il y aurait des diffusions sur invitation au centre Tjibaou. Mais on n’était pas au courant du fait qu’il y avait des discussions avec le centre pour une semaine de diffusion. La position du conseil d’administration de la FOL, c’était de rouvrir temporairement cette salle, uniquement dans l’idée qu’il n’y aurait pas d’autre endroit de projection. Mais en rediscutant, on s’est dit que le centre Tjibaou et nous étions des lieux qui allaient participer à une diffusion massive de ce film.

    • Ces projections seront-elles accompagnées d’un débat comme au centre Tjibaou ?

    Oui. Il nous semblait fondamental, face à un film qui traite de questions aussi douloureuses, qu’on ne laisse pas chacun avec ses positions arrêtées et que l’on aide à créer du débat. On ne pouvait évidemment pas en faire tous les soirs. On a fait le choix, sur quinze projections, d’avoir quatre séances de débats. Elles seront animées par des membres de la FOL, des membres de la Ligue des droits de l’homme, qui ont été présents lors de ces Evénements, notamment Jean-Pierre Deteix, qui est marié avec quelqu’un d’Ouvéa. Et il va y avoir les acteurs, surtout. Parce que l’idée, c’est surtout de créer des échanges autour du film. On n’est pas là pour trancher sur le fait que ce film rapporte la vérité ou non. On est là pour échanger sur ce que l’on ressent.

    • Le choix de ce lieu est aussi symbolique, puisque la FOL a participé à l’histoire du pays, notamment pendant les Evénements…

    Oui. Il y a eu d’abord l’Assemblée territoriale, qui a été hébergée pendant quelques mois à la FOL, avant qu’elle ne soit construite. Puis, pendant les années 80, elle a été le lieu où ont été jugés les prévenus de l’embuscade de Hienghène, au cours de laquelle sont morts les frères de Jean-Marie Tjibaou. Enfin, en 1997, à la sortie des Médiateurs du Pacifique, la salle a été le lieu de diffusion de ce film, qui avait été interdit de projection ailleurs, lui aussi. Mais la FOL ne revêt pas que cet aspect symbolique. En 2010, elle a accueilli 34 000 spectateurs à l’année. Un jour sur trois, il s’y passait quelque chose. La FOL accueille aussi la fête des écoles. Elle porte une logique de culture pour tous et avec tous. On essaie d’en convaincre les politiques. Visiblement, ils ont d’autres priorités.

    • Justement, où en sont les discussions, avec les institutions, sur la réhabilitation du bâtiment ?

    C’est en stand-by. On est toujours dans l’espoir - il est très faible - d’être reçus par la ministre de la Culture, Dewe Gorodey. Les autres collectivités impliquées dans la démarche, ce sont la province Sud et la mairie de Nouméa, qui conditionnent leur soutien financier à celui du gouvernement (le coût des réparations est évalué à 600 millions de francs, NDLR). Comme avec le gouvernement, c’est l’impasse depuis maintenant dix mois, on en tire des conclusions : on n’est la priorité de personne. Or, cette salle est un lieu de patrimoine, qui a une utilité citoyenne et sociale. Le pays se construit et il a besoin aussi de symboles.

    • La projection du film a prouvé qu’il était possible de rouvrir la salle. Pourquoi l’avoir fermée pendant dix mois ?

    Ce qui nous a amenés à sa fermeture, en février, c’est le principe de précaution. Le toit a été soulevé par la dépression. Et il y a de l’eau qui s’est infiltrée auprès des blocs de puissance, qui sont des éléments fondamentaux pour pouvoir utiliser tous les projecteurs sur scène et proposer des spectacles vivants. La FOL n’est pas un cinéma au départ, donc nous n’avions pas fait le choix de la garder uniquement comme salle de projection. Là, nous n’avons obtenu qu’une autorisation d’ouverture d’un mois, jusqu’à la fin décembre.

    • Dans le cadre d’une simple projection, la sécurité du public sera donc assurée ?

    Il n’y a aucune crainte à avoir. Il y aura un écran sur scène mais pas d’utilisation des blocs de puissance et des projecteurs. Nous sommes en contact avec le bureau des établissements recevant du public, qui est l’un des bureaux de la DITTT. Derrière cette salle, il y a des administrateurs bénévoles, qui n’ont pas en vie de prendre un quelconque risque. Par contre, depuis des années, on fait tourner cette salle avec des bouts de ficelle. Et ça, ce n’est plus possible. Cette autorisation temporaire ne crée pas de perspective au-delà de ce film. C’est un soubresaut avant la mort définitive de la salle.

    • N’y a-t-il plus aucun moyen d’inverser la tendance ?

    Si les élus ne sont pas convaincus de la nécessité de faire vivre ce lieu, nous espérons que les Calédoniens nous montreront que, pour eux, c’est fondamental. Nous sommes restés, jusque-là, dans les chemins classiques, institutionnels, avec des courriers, des échanges téléphoniques. Puisque personne ne veut nous donner de réponses concrètes, nous allons enclencher une deuxième étape : en appeler à un soutien fort de la part des gens.

    Bio express

    Pascal Hébert est originaire de Normandie. Il est arrivé à Nouméa en 2001, à la fin de ses études universitaires en biologie marine, pour un stage pratique accueilli par l’université de Nouvelle-Calédonie, et qui lui a valu de passer trois mois à Wallis-et-Futuna. Très engagé dans les associations étudiantes mais aussi dans les fédérations d’associations avec la Ligue de l’enseignement (à laquelle est affiliée la FOL), il s’est inscrit à la Ligue des droits de l’homme à son arrivée en Calédonie. En 2004, il a été désigné pour représenter la LDH au conseil d’administration de la FOL, « à l’époque où la fédération a failli mourir et où Catherine Poedi a relancé la machine. » Vice-président, puis président de la FOL, il est passé secrétaire général il y a un an. Ce qui fait de lui un salarié de la Fédération, désormais, et non plus un bénévole. Il a été, pendant dix ans, consultant en biologie marine, et a travaillé principalement sur le dossier d’inscription des récifs coralliens à l’Unesco.

    L’Ordre et la Morale à la FOL

    La FOL diffuse le film de Mathieu Kassovitz, à partir de demain, à 18 heures, et tous les soirs jusqu’au 30 décembre (excepté le week-end de Noël). Les séances des 14, 17, 22 et 30 décembre seront suivies d’un débat. Tarif unique : 500 francs.

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