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    Nouvelle Calédonie
  • Charlie Réné / charlie.rene@lnc.nc | Crée le 23.04.2018 à 04h25 | Mis à jour le 23.04.2018 à 06h25
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    Le haut-commissaire Thierry Lataste devant la stèle érigée dans l’enceinte de la gendarmerie de Fayaoué. Il a salué l’ensemble du travail de mémoire et de réconciliation mené entre gendarmes et coutumiers, entre tribus, communautés religieuses et familles de l’île ou du pays après les événements tragiques d’Ouvéa, de 1988 et 1989. Photos Charlie Réné
    ÉVÉNEMENT. Autorités du pays et habitants d’Iaaï étaient réunis hier pour commémorer l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué, le 22 avril 1988. Le début de la tragédie d’Ouvéa, mais aussi du processus du « plus jamais ça ».

    Dans la paroisse de Saint-Michel, à portée de marches de la gendarmerie de Fayaoué, on s’est assis en rangs serrés, on a rajouté des chaises jusqu’au chœur et on se tasse devant la porte. Rien à faire, tout le monde ne rentrera pas. Alors on reprend les chants depuis l’extérieur ou on se met sur la pointe des pieds pour assister au culte œcuménique. Dans la foule qui « communie », on croise des uniformes de la gendarmerie, de l’armée ou d’anciens combattants, des élus et des coutumiers des îles, des représentants de l’État et des institutions du pays… Et surtout beaucoup d’habitants d’Iaaï venus « marquer la mémoire » du 22 avril 1988. « Il y a 30 ans déjà », lit-on sur les t-shirts déjà arborés la veille au soir, pour le lancement des commémorations à Gossanah. Les représentants de la tribu étaient bien là pour la cérémonie marquant l’attaque de la gendarmerie, point de départ de ce qui deviendra la tragédie d’Ouvéa. C’est l’aumônier militaire qui, le premier, rappellera le triste bilan de deux semaines d’enfer sur Iaaï. « Quatre gendarmes, deux parachutistes, et dix-neuf enfants d’Ouvéa dans la grotte, liste Amaury Cariot. La mémoire de ces morts doit être une promesse pour aujourd’hui et pour demain. Profitons de ce moment pour nous demander, chacun, comment planter un arbre de vie, un arbre de paix, un arbre de don ».

     

    Côte à côte

    C’est sur ces paroles que la foule longe la plage, en milieu de matinée pour rejoindre la gendarmerie de Fayaoué. Devant la stèle à la mémoire d’Edmond Dujardin, Daniel Leroy, Georges Moulié et de Jean Zawadzki, tués lors de l’attaque par une quarantaine de militants indépendantistes qui avaient pour plan de l’occuper, ainsi que de Régis Pedrazza et Jean-Yves Veron, soldats du 11e choc morts pendant l’assaut de la grotte, le 5 mai, tous les discours officiels, sans exception, associeront à ces noms ceux des dix-neuf indépendantistes morts « de l’autre côté ». « Ce sont des événements dont personne n’est sorti vainqueur, martèle Jean-Marie Dassule. Mais ils ont été le déclencheur d’un processus qui a dit “ plus jamais ça?? et qui a guidé la Calédonie pendant trente ans ». Le président du comité du 22 avril a tenu à prononcer son discours aux côtés de Macki Wéa, figure de Gossanah et d’Alexandre Wallepe, président du comité du 5 mai et membre du groupe qui a attaqué la gendarmerie. « C’est une image, je crois, unique et qui m’a frappé », salue Thierry Lataste, le haut-commissaire qui, dans son allocution, s’est employé à retracer tout le chemin parcouru, de 22 avril en 22 avril et pendant trois décennies, vers la réconciliation.

     

    Trouver un sens

    Le travail est fait ? « Il faut continuer à se souvenir, à se rapprocher. La paix, ça s’entretient », exhorte Macki Wéa, qui rappelle que les « blessures sont toujours là et ont parfois du mal à se refermer ». À quelques mois du référendum, ce trentième anniversaire est un double symbole. « Quels que soient les résultats de nos travaux, de nos votes, nous&discReturn; devons démontrer notre envie collective de dépasser nos différences, lance Philippe Dunoyer, député de Nouméa et des îles. C’est pour ça que nous sommes ici si nombreux aujourd’hui ». Pas de doute pour le général Marietti, ces commémorations, qui dureront jusqu’au 5 mai, ne doivent pas être une série d’hommages : « Il faut réaffirmer la recherche de sens, pointe le patron de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie. Un sens de paix et d’unité ».

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