Si les touristes coincés sur le Caillou et les Calédoniens bloqués à l’extérieur, sont plongés dans une profonde incertitude quant à un éventuel départ, à l’aéroport de La Tontouta, où les vols commerciaux sont au moins suspendus jusqu’au 21 mai, l’activité n’est pas totalement à l’arrêt.

Afin de déployer les importants renforts de militaires envoyés depuis l’Hexagone sur le Caillou, un dispositif hors normes et inédit s’est mis en place sur la plateforme aéroportuaire, l’un des trois sites stratégiques actuellement protégés par l’armée (avec l’aérodrome de Magenta et la zone portuaire de Nouméa) dans le pays.

À chaque arrivée d’avions de l’étranger, un pont aérien est désormais déployé entre Païta et la capitale afin d’envoyer par les airs ces renforts au plus près des exactions, le transport terrestre restant impossible en raison des nombreux barrages encore érigés sur les axes majeurs de l’agglomération.

Pour ce faire, un ATR de la compagnie Aircal est spécialement affrété afin d’assurer des liaisons express entre Tontouta et Magenta. C’était encore le cas dans la nuit de ce vendredi à samedi, où a atterri un nouvel airbus de la République française. À son bord, près de 130 militaires, dont une grande partie de gendarmes mobiles.

"Un accueil le plus serein et rapide possible"

Une organisation de crise coordonnée par l’État en lien avec les acteurs habituels de la plateforme (CCI, Pacific Engie, Direction de l’aviation civile, personnels navigants, etc.) et l’armée implantée sur la base aérienne Paul-Klein voisine.

"Une noria d’avions s’est mise en route depuis l’Hexagone. Ma mission est de m’assurer de la bonne coordination de l’ensemble des acteurs chargés de préparer l’accueil et d’assurer l’acheminement de ces renforts vers les différentes zones d’emploi, explique Grégory Lecru, le commissaire délégué de la République pour la Province Sud. Tout doit être préparé pour assurer les meilleures conditions de sécurité et d’accueil de ces gendarmes, de ces CRS, de ces unités d’intervention spécialisée de la police et de la gendarmerie, de sorte cela se fasse le plus sereinement et le plus rapidement possible, afin qu’ils puissent appuyer leurs camarades, leurs collègues, ici ou là, sur le territoire."

Alors que les émeutes dans le pays ont déjà causé cinq morts dont deux gendarmes (un jeune homme de 22 ans et un père de famille qui avait deux enfants), les renforts accueillis cette nuit ont d’abord observé un temps de recueillement avec le représentant de l’État lors de son discours d’accueil. "Ces faits ont affecté tous les agents des services de l’État et en particulier les militaires de la gendarmerie, avec qui, au moment de leur arrivée, nous partageons un moment en mémoire de deux sous-officiers décédés", poursuit Grégory Lecru.

2700 forces de sécurité

Au total, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé l’envoi d’un millier de forces de l’ordre supplémentaires en Nouvelle-Calédonie, venues de l’Hexagone et, dans une moindre mesure, de Polynésie française. Des renforts qui viennent s’ajouter aux 1 700 effectifs déjà présents sur le Caillou, soit près de 2 700 forces de sécurité. Un dispositif, là encore, inédit.

"La situation est grave et nos objectifs sont clairs : rétablir l’ordre et mettre hors d’état d’agir tous ceux qui pillent, incendient, agressent et sont responsables de ces émeutes ; assurer la continuité de la vie en Calédonie et enfin, établir les conditions du dialogue", a martelé le Premier ministre. Le Président de la République a demandé la plus grande fermeté à l'endroits des pillards et des émeutiers. Une circulaire pénale sera publiée par le Garde des Sceaux pour garantir les sanctions les plus lourdes."