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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 02.12.2024 à 05h00 | Mis à jour le 02.12.2024 à 05h00
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    Près de cinq mois après le déclenchement de la crise, l’Isee a publié une note révélant les premières conséquences économiques des exactions. Photo Archives LNC/Anthony Tejero
    L’Institut de la statistique et des études économiques continue d’actualiser ses données sur les effets des exactions sur l’activité économique du pays. En octobre, le nombre de bénéficiaires du chômage diminue par rapport au pic de juillet-août, mais les radiations d’entreprises ont explosé. Les importations ont également fortement chuté, signe que la demande intérieure ne reprend pas. Revue de détails.

    9 000 emplois perdus dans le secteur privé

    Avant le déclenchement de la crise, en mai, l’emploi salarié privé était déjà en baisse de 2 %. À la suite des exactions, ce chiffre a explosé. Dans une première note conjoncturelle consacrée aux impacts de la crise et basé sur les principaux indicateurs économiques du territoire au 31 août, l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee) estimait à 6 000 le nombre de salariés du privé en moins depuis les exactions. Dans une nouvelle note basée sur des données au 30 octobre, l’Institut actualise ce chiffre à 9 000 emplois salariés perdus dans le secteur privé depuis mars 2024. Cela représente près d’un salarié sur six en Nouvelle-Calédonie. La baisse est même estimée à plus de 11 000 emplois pour la fin de l’année, des chiffres qui restent à confirmer. Ces données "ne seront mentionnées dans le tableau que lorsqu’elles seront consolidées, soit 5 mois après la fin du trimestre", indique l’Isee.

    Près de 5 000 bénéficiaires du chômage total

    En octobre, 4 900 personnes sont bénéficiaires du chômage total, dévoile l’Isee. Un chiffre constitué des bénéficiaires du chômage de droit commun (4 020) et des bénéficiaires du chômage spécifique aux actions mis en place dès le mois de mai par le gouvernement (859 personnes). Il est en forte baisse par rapport au mois de septembre, où plus de 5 800 personnes ont été indemnisées, dont 1 352 au titre du chômage spécifique aux exactions.

    Chômage partiel : davantage d’autorisations accordées que de salariés indemnisés

    Au plus fort de la crise, "la moitié des entreprises employeuses ont fait une demande de chômage partiel au titre des exactions, validée par le gouvernement", révèle encore l’Isee. Le nombre de salariés indemnisés au chômage partiel, c’est-à-dire toujours salarié mais dont le temps de travail a été partiellement réduit, atteignait 15 155 personnes en juin, période où la crise a eu les conséquences les plus importantes sur l’économie du pays. Un chiffre qui est tombé à 7 997 au 30 septembre et à seulement 3 202 au 30 octobre. Toutefois, depuis mai, le nombre de salariés qui pourraient prétendre au chômage partiel est bien inférieur à ceux qui en bénéficient réellement, fait remarquer l’Institut. Ainsi, le nombre de salariés indemnisables au titre du chômage partiel en octobre est estimé à 16 715 personnes.

    Des radiations d’entreprises et de patentes en hausse

    L’Isee s’est également penchée sur les disparitions d’entreprises, en collectant les radiations de sociétés ainsi que de travailleurs indépendants au Ridet. Entre le début des émeutes et la fin du mois d’octobre, la Nouvelle-Calédonie a perdu "120 sociétés et 1 150 entreprises individuelles (ou travailleurs indépendant)". Un phénomène visible en particulier dans l’industrie, les activités spécialisées et la santé. En octobre, 447 nouvelles radiations de société et 73 radiations de patentes ont été enregistrées.

    Les inscriptions au Ridet ne compensent pas cette baisse. En octobre, 327 nouvelles entreprises se sont inscrites, et seulement 48 patentes. Ainsi, le solde des inscriptions-radiations en 2024 est pour l’instant de – 1 215. En 2023, sur la même période, il était déjà négatif mais dans une mesure bien moindre (- 319).

    On découvre également que c’est en province Sud que les conséquences ont été les plus importantes, avec 3 436 radiations enregistrées en 2024, pour seulement 2 471 inscriptions. Un solde (- 965) bien plus négatif que l’année précédente (- 151).

    Procédures collectives : des effets encore difficiles à mesurer

    Paradoxalement, le nombre de procédures collectives (sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire) a chuté en mai. C’est certainement la conséquence d’une activité à l’arrêt aux premiers mois des exactions, y compris pour le mandataire judiciaire, et d’un contexte particulier où la cessation de paiements était davantage tolérée. Par ailleurs, une série d’aides financières de l’État et du gouvernement a permis à de nombreuses sociétés de ne pas atteindre la cessation de paiements. À la même période, les chiffres sont similaires à ceux de l’année 2023. Le pays devrait même s’en sortir avec moins de liquidations judiciaires que l’an dernier.

    Une extraction de minerai qui remonte doucement

    Si la baisse était amorcée bien avant la crise, notamment avec la mise en sommeil de KNS en février, les exactions et les blocages survenus à partir du 13 mai ont eu un impact considérable sur l’extraction de minerai brut. La quantité extraite est tombée au plus bas en juin, avec seulement 193 530 tonnes extraites, contre plus d’un million de tonnes en mars. En août, on était toutefois déjà remonté à 545 000 tonnes. La hausse se poursuit en septembre, avec 752 272 tonnes.

    L’impact est sensiblement identique sur les quantités de nickel produites par les entreprises métallurgiques. Concernant les exportations, leur valeur n’a eu de cesse de chuter ces derniers mois. Le territoire a vendu pour trois milliards de francs de produits métallurgiques en août. La production est remontée à 3,6 milliards en août. Un an plus tôt, le nickel avait rapporté 14,5 milliards de francs en un mois au territoire.

    Des importations en forte baisse

    Alors que le solde commercial (différence entre la valeur des exportations et celle des importations) d’avril s’établissait à un montant relativement bon pour les standards calédoniens (- 1 milliard de francs), la crise de mai a largement creusé le déficit. En septembre le déficit commercial calédonien a atteint 18 milliards de francs, avant de remonter en octobre en s’établissant à – 8 milliards. La valeur des exportations est presque plus de deux fois inférieure à celle de d’octobre 2023 (9 milliards contre 26 milliards un an plus tôt).

    Les importations continuent, elles aussi, de chuter. En octobre, leur valeur atteint 18 milliards de francs, contre 24 milliards un mois plus tôt. Pire encore : elles sont en baisse de 35 % par rapport au même mois en 2023, "signe que la demande intérieure ne redémarre pas, impactée par les réductions ou cessations d’activité des entreprises, par la baisse de pouvoir d’achat des ménages et une chute de l’investissement", explique l’Isee.

    Un impact notable sur les prix de l’alimentation

    L’indice des prix à la consommation, qui vise à mesurer l’évolution moyenne des prix des biens et des services consommés par l’ensemble des ménages calédoniens, a bondi de plus de quatre points en juin, passant de 113 à 117,22. Une hausse encore plus notable pour les 20 % des ménages les plus modestes, davantage fragilisés par la crise. Depuis, l’indice se maintient. Il a toutefois connu une nouvelle hausse en octobre, liée à l’augmentation de l’électricité, les produits manufacturés (vêtements, meubles etc.) et les transports. "Les prix de l’alimentation restent stables, mais leur hausse de 6,7 % depuis le début de l’année grève le pouvoir d’achat des ménages et fragilise particulièrement les plus modestes, qui consacrent 28 % de leurs dépenses à leur alimentation", note également l’Institut.

    Des impayés qui augmentent et une trésorerie limitée

    L’Isee a également observé la solvabilité des entreprises et des ménages. Le montant des "créances douteuses", qui correspondent à tout ce qui n’a pas été correctement payé à échéance, a fortement augmenté au deuxième trimestre 2024. À l’inverse, la trésorerie des entreprises est en baisse : 170 milliards de francs étaient disponibles sur l’ensemble des comptes courants des sociétés calédoniennes au deuxième trimestre 2024, contre 198 milliards un an plus tôt.

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