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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 12.06.2024 à 09h38 | Mis à jour le 12.06.2024 à 09h38
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    Un mois après le déclenchement des émeutes, il est devenu très difficile de souscrire à un nouveau contrat d’assurance pour les particuliers comme les professionnels. Photo Anthony Tejero
    Dans le contexte actuel, les compagnies d’assurances se montrent très frileuses à l’idée de souscrire de nouveaux contrats. Les propriétaires d’un nouveau véhicule doivent se contenter du minimum, tandis que les entrepreneurs ne peuvent pas relancer leur activité.

    La voiture de Marjorie a été incendiée à Dumbéa-sur-Mer il y a quelques semaines. Pour la soignante, impossible de se passer d’un véhicule, outil indispensable pour se rendre à son travail. Elle a donc décidé d’en racheter un sur fonds propres, sans attendre les indemnisations de l’assurance. Problème : "ma compagnie souhaite m’assurer uniquement au tiers sous prétexte que je travaille au Médipôle", déplore Marjorie, qui pointe l’injustice de la situation.

    Au déclenchement des émeutes, le 13 mai, les assurances ont mis un terme à la souscription de nouveaux contrats, pour les particuliers comme pour les professionnels. Un mois après, elles se montrent toujours très réticentes à l’idée d’assurer leurs clients sinistrés. "Concernant les véhicules, on limite actuellement à la responsabilité civile seule", confirme Jean-Michel Calba, directeur général de Groupama-Gan Pacifique. Une garantie qui cantonne les indemnisations aux dommages causés à autrui et exclut la couverture d’éventuelles dégradations ou même l’incendie de son véhicule. Aucun contrat "tous risques" n’est pour l’instant proposé.

    "Une coquille vide"

    Les difficultés sont les mêmes pour les entreprises. Benoît (prénom d’emprunt) a vu son local commercial partir en fumée aux premiers jours des émeutes. Pour limiter les pertes, lui et son associé ont décidé de rebondir en relançant rapidement leur activité dans un nouveau local. "On a signé un bail que j’ai envoyé à mon assurance", raconte Benoît. La réponse de la compagnie n’a pas tardé : "elle m’a dit qu’elle n’assurait désormais plus personne en Nouvelle-Calédonie." Un non-sens, selon le gérant, qui voyait dans la relance rapide de son activité le moyen de "limiter les pertes d’exploitation" et donc les indemnités que l’assurance devra lui verser. Finalement, après "un parcours du combattant" et de nombreux échanges avec le siège de leur compagnie, installé dans l’Hexagone, Benoît et son associé ont réussi à souscrire un nouveau contrat. "C’est une coquille vide, pointe toutefois celui-ci. L’assurance ne nous remboursera rien en cas d’incendie ou de pillage, ce qui est quand même le gros risque du moment."

    "Concernant la location ou l’achat d’un pas-de-porte, c’est encore extrêmement compliqué", confirme Jean-Michel Calba. Les compagnies d’assurances ne prendront pas le risque de couvrir un professionnel "tant qu’il n’y aura pas une visibilité sur un retour de la sécurité" dans le pays. Une prudence qui s’explique en partie par le montant des dégâts déjà provoqués par les émeutes (120 milliards de francs estimés). Les compagnies d’assurances vont devoir faire appel aux "réassureurs" (les assureurs des assurances), qui partagent avec elles les risques dans ce genre de situation. "Sans eux, il faudrait payer la totalité des préjudices sur nos fonds propres et nous n’en avons tout simplement pas les moyens", souligne le directeur général de Groupama-Gan Pacifique.

    Une suppression de la cause "émeutes" ?

    Pour garantir la participation des réassureurs dans l’indemnisation des émeutes en Nouvelle-Calédonie, "nous ferons preuve de beaucoup de prudence", assure Jean-Michel Calba. Pas question "d’ajouter de la sinistralité à la situation" en assurant un local commercial qui pourrait de nouveau être incendié ou pillé. "Le réassureur pourrait considérer que notre gestion n’est pas sérieuse et on perdrait sa confiance."

    Si elles vont certainement prendre en charge une partie des indemnisations pour couvrir la crise calédonienne, les sociétés de réassurance ne manqueront pas de renégocier leurs contrats avec les compagnies calédoniennes, compte tenu des évènements. Les nouvelles conditions pourraient se traduire par une augmentation des tarifs, qui seraient répercutés sur les particuliers et les professionnels, voire une suppression de la cause "émeutes et mouvement populaire" parmi les garanties applicables sur le territoire. Si cette dernière option était prise par les sociétés de réassurance, de facto, ce risque ne pourrait alors plus être couvert par les contrats d’assurance calédoniens.

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