- Anne-Claire Pophillat | Crée le 25.03.2025 à 14h31 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h07ImprimerManoël Van Aerschodt, directeur de la Ddec, (2e en partant de la droite) sollicite une contribution exceptionnelle de 500 millions de francs pour payer les salaires à partir du mois de mai, lors d’une conférence de presse lundi 24 mars. Photo DdecLa Direction diocésaine de l’enseignement catholique alerte sur sa situation financière, qu’elle juge "alarmante". La Ddec demande aux collectivités de régler les sommes non versées et d’octroyer une contribution exceptionnelle de 500 millions de francs. Sans cela, annonce le directeur, Manoël Van Aerschodt, la totalité des salaires ne pourra plus être payée à partir du mois de mai. Une réunion est prévue avec les différents partenaires jeudi 27 mars.
La situation financière de la Direction diocésaine de l’enseignement catholique est "alarmante", a annoncé Manoël Van Aerschodt, son directeur, lors d’une conférence de presse lundi 24 mars. Pourtant, après une marche qui avait regroupé plusieurs milliers de personnes en mai 2023, les élus du Congrès avaient voté, fin novembre de la même année, une délibération créant un cadre de financement pérenne de l’enseignement privé. Alors pourquoi la Ddec se trouve-t-elle dans cette impasse, un an et demi plus tard ? "Dans un premier temps, nous nous sommes félicités de cette avancée historique, rappelle Manoël Van Aerschodt, mais force est de constater que son application n’a pas été à la hauteur de nos besoins".
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Une trésorerie "exsangue"
En clair : la totalité des sommes prévues n’a pas été versée. "Certaines collectivités ne payent pas", explique Isabelle Champmoreau, en charge de l’enseignement au gouvernement. C’est le cas des provinces Nord et Îles. Il est question "de plus de 800 millions de francs dehors". Et même si l’ensemble des partenaires s’était acquitté de leur dû, pointe Manoël Van Aerschodt, cela n’aurait pas suffi. "Il nous manquera quand même 500 millions de francs pour assurer l’accueil de nos 892 internes et le repas des 9 335 demi-pensionnaires". La Ddec a également réalisé des économies, réduisant sa masse salariale de 20 % depuis 2018. Mais, "ces mesures ont atteint leurs limites", poursuit le directeur. Et la trésorerie est désormais "épuisée, exsangue".
La situation est telle, que si aucune solution n’est trouvée pour apporter cette contribution exceptionnelle de 500 millions de francs avant la fin du mois d’avril, "il ne nous sera plus possible d’honorer la totalité des salaires de nos 513 personnels", prévient Manoël Van Aerschodt, qui envisage de ne plus assurer les services de cantine et d’internat et de se recentrer "sur notre mission première qu’est l’éducation", dispensée à 12 100 élèves.
Réviser la carte scolaire
Isabelle Champmoreau, qui gère le dossier depuis plusieurs années, insiste sur le soutien apporté par le gouvernement à la Ddec. "La Nouvelle-Calédonie est à jour de ses paiements." Et espère que les collectivités vont débloquer les fonds qu’elles doivent verser. "L’enseignement est une priorité. Il faut que les élus prennent leurs responsabilités."
Mais le problème est plus profond, considère la membre de l’exécutif. La Ddec rencontre une "problématique de déficit structurel", qui requiert une "réforme de fond" obligatoire "pour passer le cap". Elle se traduirait par la révision de la carte scolaire et la fermeture de classes et d’établissements, les effectifs ayant diminué. La question se pose par exemple à Thio, où deux collèges, un public et un de l’enseignement privé catholique, coexistent alors qu’ils se vident de leurs élèves. Rien n’a encore été acté. Et tout est envisageable en fonction du contexte de chaque entité. "Il ne faut pas s’empêcher de voir les choses différemment et imaginer un collège public et un internat privé, par exemple", indique Isabelle Champmoreau, qui dit avoir conscience de la difficulté d’une telle démarche. "Cela peut être douloureux, une fermeture, surtout quand cela concerne un établissement historique. Mais, il faut anticiper et réformer plutôt que d’attendre l’effondrement." Autre souci : "la Ddec fait face à pas mal d’impayés et moins d’enfants mangent à la cantine", ce qui signifie moins de revenus et une rentabilité moindre.
Une réunion est prévue jeudi 27 mars avec les différents acteurs afin d’évoquer l’état de l’enseignement catholique privé.
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