- Anthony Tejero | Crée le 26.11.2024 à 11h16 | Mis à jour le 26.11.2024 à 11h59ImprimerFranck Leandri, chef de mission aux Affaires culturelles en Nouvelle-Calédonie, Raymond Proner, président de l’Association Salomon, Alain Le Breüs et Nathalie Vattier, respectivement président et directrice du Musée maritime, ont assisté à une conférence Photo A.T.La mairie d’Albi, ville d’Occitanie d'où est originaire Lapérouse, entend ouvrir un nouveau musée dédié au voyage de ce navigateur, dont l’expédition a mystérieusement disparu au large des Salomon et du Vanuatu en 1788. Alors que le Musée maritime a restauré et abrite 85 % de la collection mondiale liée au périple de cet explorateur, le chef-lieu du Tarn a l’ambition de sceller un partenariat "inédit" avec les équipes et bénévoles calédoniens pour faire rayonner cette histoire à l’international.
C’était un "moment très important" pour la ville d’Albi, chef-lieu du Tarn (région Occitanie), que sa maire, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, a souhaité officialiser, ce lundi soir, lors d’une conférence de presse organisée en visio avec Nouméa. Et plus particulièrement avec des représentants du Musée maritime de Nouvelle-Calédonie et de l’Association Salomon, grâce à qui la majeure partie des vestiges liés à l’histoire du navigateur Jean-François de Lapérouse, ont été sortis de la mer, après le naufrage des deux frégates de son expédition, au large de l’île de Vanikoro (aux îles Salomon), en 1788, peu de temps après avoir sans doute longé le Caillou.
Si certains mystères demeurent sur les circonstances de la disparition de ces navires et du devenir de ses 220 membres d’équipage, 236 ans plus tard, le musée de Nouville a restauré et abrite pas moins de 4 300 références (objets, fragments, etc.), soit 85 % des collections existantes autour de l’histoire de Lapérouse à travers la planète. Rien d’étonnant, donc, que ce travail intéresse de près la maire d’Albi, ville de naissance du célèbre navigateur, et qui ambitionne d’ouvrir un espace culturel qui lui sera entièrement dédié en 2029. Les travaux du projet "Escale Lapérouse, des mondes à explorer" doivent d’ailleurs démarrer dès l’an prochain. D’ici là, la ville entend bien sceller une convention de partenariat avec le Musée maritime, "officialisée" donc ce lundi devant la presse hexagonale et calédonienne, mais qui devra encore être actée en conseil municipal, le 16 décembre.
"Sans le travail effectué à Nouméa, rien n’aurait été possible"
"L’histoire de Lapérouse et de notre ville sont intimement liés. Nous sommes très fiers de ce jeune Albigeois qui est parti à l’âge de 15 ans, alors qu’il n’avait jamais vu la mer, pour devenir l’une des plus grandes figures maritimes, glisse la première magistrate de la préfecture du Tarn, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, qui ne tarit pas d’éloges sur les équipes du Musée maritime et des associations qui y sont liées (Salomon, Fortunes de mer, etc.). Sans le travail effectué à Nouméa, rien n’aurait été possible à Albi. Dans le cadre de ce futur établissement culturel dédié au voyage de Lapérouse, nous aurons besoin de votre expertise et de votre connaissance fine des collections pour désigner les objets saillants que nous exposerons. Et ce, pour asseoir la dimension nationale, internationale et même universelle de notre navigateur."
Le futur partenariat entre la mairie d’Albi et le musée doit notamment permettre de "créer une nouvelle dynamique", en multipliant les "projets conjoints" notamment autour de la recherche scientifique, de l’édition de publications, mais aussi au travers d’expositions temporaires communes. Ce rapprochement entend également ouvrir "des perspectives de coopération inédites" avec l’Australie, et plus particulièrement avec la Ville de Randwick, jumelée avec Albi depuis 1988, Botany Bay, étant la dernière escale officiellement connue de l’expédition Lapérouse, avant que ses navires ne fassent naufrage entre les Salomon et le Vanuatu.
Encore des expéditions archéologiques à mener
Une volonté saluée par le président du Musée maritime, Alain Le Breüs : "Cette convention est très importante pour nos scolaires, afin qu’ils comprennent un peu mieux la découverte du Pacifique".
Des découvertes qui seront d’ailleurs sans doute encore nombreuses à l’avenir tant les parts d’ombre demeurent autour de cette expédition malheureuse à en croire Raymond Proner. "Nous sommes toujours sur la piste des survivants à Vanikoro où les gens de l’île ont montré à l’un de nos bénévoles des objets qu’ils continuent encore de découvrir. Il faudrait pouvoir y mener une expédition terrestre archéologique pour vérifier leur correspondance avec cette époque", indique le président de l’association Salomon, figure de proue dans la découverte des vestiges de l'’expédition de Lapérouse, et selon qui des ossements pourraient reposer sur l’île.
236 ans d’histoire(s), de recherches et encore bien des mystères
Découverte d’un canon appartenant à l’Astrobale ou à la Boussole, les deux navires de l’expédition Lapérouse, qui se sont échoués vers Vanikoro, aux Salomon.Parti de France en août 1785, Jean-François de Galaup, le comte de Lapérouse, a disparu en 1788 avec ses 220 hommes sur les deux navires, La Boussole et l’Astrolabe. Ils ont quitté le 10 mars 1788 l’Australie depuis Botany Bay, en direction du Nord-Ouest et donc vers la Nouvelle-Calédonie, avant de ne plus donner signe de vie.
La mission de Lapérouse, ordonnée par Louis XVI, était vaste : apporter des connaissances sur le Pacifique, améliorer les cartes, étudier les mœurs des peuples locaux jusqu’alors inconnus par les Occidentaux, rapporter de nouvelles plantes, etc. Elle prévoyait la reconnaissance de la Nouvelle-Calédonie, qui avait été découverte par les Européens avec James-Cook, onze ans auparavant.
La disparition de Lapérouse fut longtemps un mystère. Louis XVI en montant sur l’échafaud aurait encore demandé "a-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse", indique une publication sur le site calédonien croixdusud.info.
À la recherche de Lapérouse
Une expédition a été envoyée à sa recherche en septembre 1791. Dirigée par l’Amiral d’Entrecasteaux, elle arriva à l’île des Pins le 16 juin 1792. En faisant plus tard route sur l’archipel des Santa-Cruz, au sud des Salomon, l’expédition découvrit le 19 mai 1793 une île nouvelle que d’Entrecasteaux baptisa l’île de La Recherche.
Or il s’agissait de Vanikoro et d’Entrecateaux manqua la découverte des derniers membres de l’expédition Lapérouse dont certains vivaient probablement encore sur l’île.
Ce fut qu’en 1826 et 1827, que le capitaine marchand Peter Dillon découvrit les témoignages du naufrage des deux bateaux, à Vanikoro, île située au sud des Salomon et au nord du Vanuatu.
Par ailleurs, depuis 1981, sept expéditions de fouilles ont eu lieu sur cette île, notamment menées par l’association Salomon. Les recherches en mer ou à terre ont permis de découvrir une grande quantité d’objets qui ont été traités, étudiés et classés. Les recherches ont été effectuées avec des spécialistes, archéologues marins ou terrestres et des botanistes. Des informations sur le naufrage des navires et le camp dit "des Français" sont issues des récentes recherches à Vanikoro.
L’expédition de 2003 a démontré que le navire de Lapérouse, La Boussole est bien celui qui a coulé dans la faille alors que le second navire, l’Astrolabe, n’aurait pas été immédiatement détruit, ce qui aurait permis à une partie de son équipage de se sauver sur l’île. Un squelette et des pierres de meules à grains ont notamment été découverts sur les lieux des naufrages.
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