Le cancer l'a finalement emporté lundi à l'âge de 84 ans. Réginald Bernut n'était pas connu pour sa parenté avec l'écrivain calédonien Jean Mariotti. C'est en politique que le fils d'éleveur de La Foa, né en Australie, s'est fait connaître.

Régi, un homme gentil

Agriculteur à la suite de son père et commerçant à Nouméa, il s'est engagé pour le Rassemblement de Jacques Lafleur dans les années 1980. Il devient premier adjoint de Pierre Frogier au Mont-Dore de 1987 à 2001, puis maire de la commune de Grand Nouméa entre 2001 et 2003. Il remplace Pierre Frogier quand celui-ci est élu président du gouvernement. "C'était quelqu'un d'aimable et aimé de tout le monde, se souvient Eddie Lecourieux, l'actuel maire. J'étais agent à l'époque, j'avais 22 ans, on l'appelait tous Régi." Son mandat l'amène à gérer difficilement les évènements de l'Ave-Maria à Saint-Louis. Les affrontements font plusieurs morts et de nombreux blessés. En 2003, il surprend tout le monde en quittant son siège, parce que, dit-il, "la confiance réciproque a été perdue" avec les autres conseillers. Il restera conseiller municipal jusqu'en 2008, avant de se lancer dans la politique provinciale. Il présidera le Comité du développement rural à la province Sud et deviendra vice-président du Congrès.

Il sera resté plus de vingt ans au service des Mondoriens. "Les Bernut, c'était une institution à l'époque, la nouvelle génération l'a un peu oublié. Régi, c'était une belle personne, quelqu'un de vraiment pas méchant", raconte Eddie Lecourieux. Les divisions politiques de la droite calédonienne les ont fait prendre deux chemins différents, mais l'élu local retient surtout le "Calédonien attaché à sa culture et tellement gentil". En dehors du Mont-Dore, Réginald Bernut n'était pas inconnu. Le maire de La Foa, Nicolas Metzdorf, salue une "figure calédonienne, en particulier de la région de La Foa et de la vallée de Pierrat". Il se rappelle de "son expérience, son humour, sa vision du pays". "Nous partagions le même amour de la Brousse et du secteur agricole", poursuit le premier édile. L'ancien premier adjoint de La Foa, Serge Guillermet, déplore "un morceau de La Foa qui s'en va, une part de l'âme de la vallée de Pierrat et une part du Mont-Dore".

"Une certaine
Calédonie"

Serge Guillermet l'a côtoyé à l'Avenir ensemble en 2004 et au sein de Calédonie ensemble en 2008. "Il incarnait une certaine Calédonie : celle dont les racines sont profondément enfouies dans la terre et l'histoire du pays", raconte-t-il.

Réginald Bernut était particulièrement apprécié en Brousse. "Après Éric Babin, la Brousse et l'agriculture perdent encore un de leurs piliers", assure Nicolas Metzdorf. Le maire de Farino, Régis Roustan, se souvient de "l'homme engagé". Il laissera le souvenir d'une personne qui "aimait contempler la nature". Ses funérailles se dérouleront la semaine prochaine à La Foa.