- LNC | Crée le 10.04.2024 à 14h00 | Mis à jour le 07.05.2024 à 11h56ImprimerToute une famille (20 personnes) en négatif sur cette plaque photographique malheureusement non datée. Photo DRNotre série sur les métiers du passé et les objets qui leur sont associés ne pouvait ignorer la photographie. Des sels d’argent et du " collodion humide " aux pixels numériques d’aujourd’hui, quelle métamorphose !
Notre propos ne concernant que les " professionnels ", nous ne ferons que citer les précurseurs, qui furent tous des amateurs. Ces " passants considérables " avaient pour nom André Chapuis (qui photographie Mgr Douarre à Anatom dès 1849, probablement la première photo faite dans notre région du Pacifique), Eugène Bourdais, Evenor de Greslan ou Léon Armand (auteur d’un portrait de Kuindo en 1856). À cette époque, Nouméa est à peine née. Il faudra attendre les années 1860-1870 pour voir apparaître les premiers photographes professionnels du territoire, trois Anglo-Saxons : Robin, Dufty et, bien sûr, Hughan.
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Robin est le premier. Dès 1867, il publie dans le Moniteur impérial (on est encore sous Napoléon III) une réclame par laquelle, " de retour d’un voyage autour de I’île des Pins ", il " a l’honneur de prévenir le public qu’il tient à sa disposition des épreuves photographiques du pays au prix de 12 francs la douzaine en cartes de visite et de 25 francs en grandes épreuves assorties ".
Hughan le fécond
Robin ne fit qu’un court séjour dans l’île. Les Dufty, eux, finissent par installer un studio rue de l’Alma, dont on retrouve la trace en 1877.
Hughan enfin, sans doute le plus fécond et le plus connu, arrive sur le territoire en 1870 comme photographe du banquier Marchand, puis devient " photographe du gouvernement " de 1872 à 1878.
Il travaillait au " collodion humide " avec un appareil 9x12 ou 13x18, et aussi en stéréoscopie. Très organisé, il a réalisé des photos marines, des vues de Nouméa et de la Brousse, de l’armée, des indigènes, de la transportation.
Des particuliers et des organismes comme la Mitchell Library de Sydney détiennent des plaques de verre et des albums entiers d’Allan Hughan, qui fit souche à Nouméa où l’une de ses filles vécut longtemps.
James Peace, l’auteur de ce cliché, était l’assistant de Dufty. II travaillera à Nouméa jusque vers 1895. Photo DRRobin, Dufty et Hughan furent les premiers maîtres photographes de Nouvelle-Calédonie. Ils furent suivis en 1879 par Van Haele et Morin, puis en 1887 par Peace, lui aussi " photographe du gouvernement ", qui s’installe rue d’Austerlitz.
Premiers Français
Mais les temps changent, et deux Français vont à leur tour se lancer dans l’aventure de la photographie : Léon Devambez, qui achète l’ancien studio Dufty en 1887, et Charles Billiard, dit Nething, qui fera une longue carrière, de 1889 à 1923. Ils seront rejoints de 1899 à 1909 par Talbot, qui s’installe rue Solferino et se réclame d’une " médaille d’or " obtenue en 1892.
Un Compur à soufflet à objectif Karl Zeiss, deux Kodak Anastigmat à soufflet, deux Brownie : des appareils anciens, mais déjà plus évolués que ceux des pionniers. Photo DRLa photographie prend dès cette époque sa place parmi les arts. En septembre 1910, dans le cadre des fêtes anniversaires de la prise de possession, le gouverneur Richard et le maire Oulès inaugurent le premier " Salon calédonien " qui rassemblait 66 tableaux mais aussi six séries de photographies et une douzaine d’agrandissements. Le premier prix revint à un certain Leborgne, le second à MM. Dupuy et Baudry. D’autres photographes amateurs furent récompensés Ragot, Tardivel, Cormier.
Enfin, dans les années 1920, quatre photographes se partagent la clientèle nouméenne : Nething, toujours là, mais aussi Thomas, Louis Tranchand et Edouard Ventrillon (père). La photographie a définitivement conquis la Calédonie.
La pellicule d’après-guerre : le 6x6 120 de Kodak, marque représentée par la maison Ventrillon et Cie. Photo DRTraces
De cette époque, de nombreuses familles calédoniennes conservent de précieuses images montées sur carton fort, des portraits en ovale sur macaron en relief, avec fond estompé au dégradateur. Les hommes y posent en costume cravate, les dames en lourds vêtements sombres, rarement en blanc. La photo est encore chère. Ainsi, une facture de Talbot, en date de 1901, fixe deux agrandissements 50x60 à la somme importante pour l’époque de 160 francs.
Un Kodak 616 Anastigmat, de 120 de focale et 6,3 d’ouverture. Photo DRDe ces pionniers subsiste aussi du vieux matériel, dont l’association Témoignage d’un passé conserve un bel échantillonnage. Y figure notamment l’appareil du père Rouel, un gros appareil à soufflet Compur, des Kodak et autres Brownies du début du siècle dernier, des lanternes et lampes (Pigeon et Kosmos Brenner) pour chambre noire, des bacs de développement et de séchage et même quelques plaques imprimées. Ces objets ont, pour partie, illustré une exposition de photographies anciennes organisée voici quelques années par le centre culturel Tjibaou.
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