C’était une élection sans véritable suspense ce mercredi 8 janvier. Au lendemain de la désignation des onze membres du 18^e gouvernement, dont la majorité bascule de nouveau dans le giron des non-indépendantistes, Alcide Ponga, candidat de la liste commune Rassemblement-Loyalistes, a été désigné à la tête de l’exécutif. Au total, le maire de Kouaoua a engrangé six voix, grâce au soutien de Petelo Sao et de Jérémie Katidjo-Monnier, de la liste d’alliance entre Calédonie ensemble et l’Éveil océanien.

Face à lui, Samuel Hnepeune, briguait également ce fauteuil. Mais le candidat de l’UC-FLNKS (qui avait déjà affronté, en vain, Louis Mapou, en 2021) n’a obtenu que les trois suffrages de son propre mouvement, les deux membres de l’UNI ayant préféré s’abstenir.

À la sortie de cette élection, Alcide Ponga, tout sourire, a d’emblée annoncé accepter ce fauteuil "en esprit de responsabilité", conscient des enjeux de taille qui l’attendent, le pays étant plongé dans une crise sans précédent, mais aussi du peu de marge de manœuvre dont son exécutif dispose, puisqu’il prendra fin, lors des prochaines élections provinciales, qui devraient être organisées d’ici la fin de l’année.

"On n’a pas beaucoup de temps"

"Ce gouvernement va avoir une durée de vie autour de 8 à 10 mois. Ce qu’attendent les Calédoniens aujourd’hui, c’est que l’on puisse travailler ensemble et donner un signal d’espoir, martèle le président de l’antenne locale du Rassemblement, pour qui le compte à rebours est désormais activé. Il va falloir se mettre assez rapidement en ordre de marche. On n’a pas beaucoup de temps, mais ce qu’on pourra engranger, ce sera ça de gagné pour pouvoir tourner également les pages politiques et continuer de mener la Calédonie sous de meilleurs auspices comme l’ont fait nos vieux, il y a 30 ans."

Sans surprise, la priorité affichée par Alcide Ponga sera la reconstruction du pays et le "renforcement" de l’économie. Mais pour ce faire, encore faut-il que le gouvernement soit opérationnel, alors que la répartition des portefeuilles de compétences n’a pas encore fait l’objet de consensus pour être partagés entre les onze membres. Un sujet sur lequel "les discussions sont en cours".

"Je viens du monde de l’entreprise, donc pour que l’entreprise fonctionne correctement, il faut que tout soit coordonné et structuré afin que tout le monde puisse avancer ensemble et pour montrer aux Calédoniens qu’on est là pour travailler pour eux, poursuit le chef du gouvernement, par ailleurs cadre dirigeant chez KNS. On ne pourra pas apporter toutes les solutions, on n’a pas de baguette magique, mais ce qu’on pourra faire, on essaiera de le faire bien. Néanmoins, il va falloir qu’on partage, entre les onze membres du gouvernement, ce chemin qu’on va parcourir ensemble pour avancer."

La vice-présidence reviendra-t-elle aux indépendantistes ?

Signe que les discussions et négociations sont loin d’être terminées : les membres de l’institution ne sont pas parvenus à trouver un accord pour désigner la personne qui occupera la vice-présidence de ce gouvernement. Les deux mouvements indépendantistes (UC et UNI) ont demandé un délai en vue de trouver un éventuel accord sur ce poste.

"Nous n’allons pas quémander la vice-présidence. Il n’est pas question pour nous d’accepter n’importe quoi à n’importe quelle condition, réagit d’emblée Samuel Hnepeune. Nous avons demandé un délai supplémentaire pour en discuter parce qu’on doit d’abord savoir ce qu’on peut obtenir comme portefeuille pour accepter éventuellement ce poste. On est là pour travailler, pas pour dealer des postes et des besoins en vue de préparer les prochaines provinciales. Ce n’est pas notre état d’esprit. Nous souhaitons que le gouvernement soit mis en place le plus rapidement possible pour commencer à travailler parce que le pays l’exige et la population nous attend. Elle attend qu’il y ait des signes forts qui soient envoyés par le gouvernement."

De son côté, Alcide Ponga s’est d’ailleurs dit prêt à ce que la vice-présidence soit attribuée à un membre indépendantiste, espérant que toutes ces discussions puissent être tranchées avant la fin de la semaine.

Toujours est-il, le 18^e gouvernement n’entrera donc pas en fonction ce mercredi. Ce sera cependant le cas automatiquement dans sept jours si les membres ne sont toujours pas parvenus à un accord pour désigner une personne à la vice-présidence.