- Anne-Claire Pophillat | Crée le 08.04.2025 à 18h39 | Mis à jour le 17.04.2025 à 10h15ImprimerDominique Fochi, secrétaire général de l’UC, à l’animation du bureau politique du FLNKS (à gauche), et Aloisio Sako, président du RDO, estiment que le projet d’accord proposé par l’État ne s’inscrit pas, pour l’instant, dans la construction d’une "solutio Photo A.-C.P.Lors d’une conférence de presse en début d’après-midi ce mardi 8 avril, le FLNKS a annoncé que sa participation à la troisième séquence, cette fois de négociations, concernant un accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, sera décidée lors d’une convention du Front prévue le 26 avril, juste avant la venue de Manuel Valls, attendu le 29 avril.
Si ce n’était pas assez clair, le FLNKS l’a à nouveau affirmé lors d’une conférence de presse ce mardi 8 avril en début d’après-midi : les deux premières séquences de rencontres avec les partenaires lors des déplacements de Manuel Valls fin février et au début du mois étaient bien des discussions, en phase avec le mandat donné lors du Congrès annuel du Front fin janvier à Saint-Louis. "Nous n’avons fait que poser nos affaires sur la table concernant notre projet, c’est-à-dire celui de l’indépendance, de l’accession du pays à la pleine souveraineté", indique Aloisio Sako, président du Rassemblement démocratique océanien (RDO). Avec, comme prérequis, le fait que l’accord de Nouméa constitue le "plancher des négociations qui vont s’ouvrir", ce dernier étant, "par essence, un accord politique de décolonisation".
Un projet d’accord lacunaire
Mais, cette phase de discussions arrive à son terme, et le ministre des Outre-mer a posé un projet d’accord sur la table avant de quitter la Nouvelle-Calédonie, le 2 avril. Un document lacunaire qui n’engage que lui, souligne le Front de libération national kanak et socialiste. "Il fait état des positions de chaque partie prenante, avec des écarts encore trop importants", relève le FLNKS, qui ajoute : le texte ne traduit "qu’un lien d’appartenance encore plus fort à la France", sans mentionner de délai "précis" concernant les transferts de compétence régaliens ni de garantie pour exercer le droit à l’autodétermination, indique Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne, à l’animation du bureau politique du FLNKS.
Globalement, le contenu ne satisfait pas. "On ne se retrouve pas dans les positions qui sont dans le projet politique de l’État". La question du corps électoral, jugée "cruciale", serait reportée à une date ultérieure par le biais d’une loi fondamentale chargée d’établir les règles de la citoyenneté. Concernant la gouvernance, le FLNKS estime que la nation calédonienne "ne peut pas s’inscrire dans un projet de partition du pays" : "Le renforcement des provinces est à contre-courant de notre vision". Autre reproche : l’absence de sujets importants comme l’urgence sociale, le nickel, la libération des prisonniers…
Pas de compromis
Le FLNKS envisage donc d’amender le texte. C’est le sens du travail qui s’engage maintenant, annonce Dominique Fochi. Les différentes composantes vont se réunir pour faire le bilan et apporter leur contribution, avant la tenue d’une convention prévue le 26 avril. C’est elle qui tranchera et donnera mandat ou non au Front pour participer à la troisième séquence de négociations, selon quel calendrier et quelle méthode. "C’est là que les choses vont commencer, précise Aloisio Sako, le plus dur."
Les négociations, déjà, ne devraient pouvoir s’engager que selon certaines conditions. Le FLNKS continue de porter ses fondamentaux, comme la supervision de l’ONU, "un sujet central qu’il faut actionner avant d’entamer les prochaines séquences. Car notre combat doit s’inscrire dans le respect du droit international". Autre dossier épineux, la participation de Christian Tein, en présentiel ou par visio. Un dossier "en cours". "Des solutions pourraient être trouvées. De toute façon, c’est dans la motion de Saint-Louis, on ne peut pas changer ce qui est inscrit dans le marbre", appuie Dominique Fochi. Et puis, bien sûr, aller chercher la pleine souveraineté. "C’est l’ultime accord que nous aurons à signer avant notre indépendance." Le mouvement prendra donc le temps qu’il faut. "Cette phase ne peut se conclure par un accord négocié dans la précipitation au détriment de nos aspirations."
Il n’est pas question d’envisager un compromis, insiste le secrétaire général de l’UC, qui représenterait un accord "perdant-perdant", marqué par les "concessions" que chaque partenaire devrait faire, mais de parvenir à un accord "gagnant-gagnant", dans lequel tout le monde se retrouverait. La seule condition selon laquelle un accord serait possible, pour Dominique Fochi. "On ne signera pas coûte que coûte si on ne s’y retrouve pas."
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