- Aurélia Dumté | Crée le 16.07.2024 à 17h21 | Mis à jour le 16.07.2024 à 17h21ImprimerLe Congrès a voté à l'unanimité en séance publique le budget supplémentaire 2024. Photo Aurélia DumtéLe Congrès s’est réuni toute la matinée, ce mardi 16 juillet, pour voter le budget supplémentaire 2024 de la Nouvelle-Calédonie. Un budget "d’urgence" selon Louis Mapou, président du gouvernement, pour combler les pertes importantes de recettes et tenter de financer retraites, salaires et autres jusqu’à la fin du mois de juillet.
Beaucoup de monde ce mardi matin pour la séance publique du Congrès, tant du côté des élus que du côté du public. Pour cause, le vote du budget supplémentaire 2024, un "budget d’urgence" précise le président Louis Mapou, qui comble tout juste les énormes trous dans la coque de la pirogue Nouvelle-Calédonie. Le bateau prend l’eau et les décisions modificatives de budget, les reports de fonds, ne sont que des pinoches, ces bouts de bois qui comblent des trous sur une coque de bateau.
Car ce budget supplémentaire, voté à l’unanimité, ne permettra de financer les besoins du pays et des collectivités que pour quelques semaines. Jusqu’à fin juillet. "La crise est encore très présente, nous n’en sommes pas encore sortis. Elle impacte profondément toutes les dimensions de la Nouvelle-Calédonie, et nous n’avons pas fini d'en mesurer les conséquences, commence Louis Mapou. Cela nous place dans un contexte très contraint, Nous prospérons à tâtons pour espérer trouver le meilleur chemin. La Nouvelle-Calédonie avait des ressources importantes, peut-être utilisées de façon trop éparses. Nous devons revoir notre copie, nous devons faire face aux urgences. Nous avons travaillé pour essayer de diminuer au maximum les dépenses de la collectivité. Cela montre que quand on veut faire des efforts, on peut le faire."
Le budget global de la Nouvelle-Calédonie est réparti en trois sections, qui se montent respectivement, après le vote du budget supplémentaire, à 81 milliards (5 milliards de moins qu'en 2023) pour le budget annexe de reversement, à 106 milliards (40 milliards de moins qu'en 2023) pour le budget annexe de répartition, et à 90 milliards pour le budget principal propre.
Louis Mapou l’annonce d’ores et déjà, un plan de sauvegarde, de reconstruction, de relance et de réformes est en train d’être mis sur pied pour tenter de remettre la pirogue à flot.
682 millions pour l’Agence sanitaire et sociale
En attendant, les recettes fiscales du pays sont divisées par deux ces derniers mois, l’activité économique étant passée de "à l’arrêt", à "au ralenti". Plusieurs décisions modificatives ont donc été votées ce matin en séance afin de renflouer les comptes les plus urgents. L’Agence sanitaire et sociale, par exemple, accuse une baisse de 542 millions de francs. Ainsi, l’ASSNC va récupérer la taxe générale sur la consommation (TGC), qui sert actuellement à rembourser l’une des deux dettes Covid auprès de l’OPT, d’un montant de 682 millions de francs.
Pour autant, l’Office a lui aussi subi des dégâts importants durant ces exactions. Yoann Lecourieux, membre du gouvernement, précise : "l’OPT a subi deux milliards de dégâts sur toute la Nouvelle-Calédonie, en perte d’immobilier, de valeurs propres, et en surcoûts en salaires versés. L’OPT assume en direct, comme toujours, sur son fonds de roulement qui réduit à vue d’œil et, pour la première fois, on constatera en fin d’année ou début d’année prochaine un résultat négatif."
La Caisse locale de retraite, qui tire régulièrement la sonnette d’alarme sur sa situation financière, bénéficie d’une aide de 630 millions de francs, qui devrait permettre de tenir jusqu’au mois de septembre et ainsi éviter une rupture des paiements. Les collectivités sont fortement touchées par la crise, avec une perte de 18,1 milliards.
Le budget supplémentaire 2024 assure donc un pansement de 2,4 milliards "pour assurer le versement du fonds intercommunal de péréquation". D’autres décisions budgétaires ont d’ores et déjà permis de verser des enveloppes, qui assurent des fonds pour les collectivités jusqu’à fin août. Virginie Ruffenach, présidente du groupe Le Rassemblement, souligne que "dans le bilan de 265 milliards de francs de dégâts, je veux penser aux communes, certaines ont subi des dégâts majeurs dans le cadre de ces exactions, et que seul le FIP ne suffira pas."
D’autres pansements, d’autres pinoches, pour un pays en crise ont été votés grâce à ce budget supplémentaire.
Vote à l’unanimité
Finalement, tous les groupes politiques du Congrès ont voté pour les huit délibérations concernant le budget supplémentaire 2024 du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Certains parce que l’aide de l’État, pour le moment à hauteur de 12 milliards de francs dont six milliards remboursables, sont subordonnés à des actions concrètes de la part des institutions calédoniennes. "Nous voterons ce budget supplémentaire parce qu’il nous permet de bénéficier des aides de l’État, mais il faut trouver une porte de sortie crédible et pérenne à la crise que nous vivons en ce moment," explique Sonia Backès en fin de séance.
Pour Philippe Dunoyer, du groupe Calédonie ensemble, le temps des réformes n’est pas encore là, il faut d’abord "mettre un terme à tout ce qui produit la destruction progressive de notre système. Il faut rétablir le droit de circuler, de travailler, de se soigner, de s’éduquer, c’est la priorité des priorités. Sinon, on n’a pas fini de voir le gouvernement revenir avec des décisions modificatives de budget qui seront de plus en plus inacceptables par leurs effets. Évidemment que Calédonie ensemble vote ce budget supplémentaire, en comprenant bien que c’est le début de la concrétisation de la catastrophe dans laquelle nous sommes. La résolution de notre problème, c’est un sujet politique."
Quelles solutions économiques pour la Nouvelle-Calédonie ?
Lors de cette séance publique du Congrès, quelques solutions ou ébauches de solutions ont été proposées, dont la mutualisation. Sonia Backès a par exemple souligné qu'"il est urgent de regrouper nos organismes de protection sociale, d’avoir une carte Vitale ou équivalent, de supprimer un certain nombre d’établissements publics ou satellites. Il est urgent également que chacun s’occupe de ses propres compétences : que le gouvernement arrête de s’occuper d’environnement alors que c’est une compétence provinciale, et que les provinces arrêtent de s’occuper de transport alors que c’est une compétence du gouvernement."
Fusionner les deux compagnies aériennes ?
Mutualisation, c’est bien l’un des leviers que pense aussi exploiter le président du gouvernement, Louis Mapou. Ce dernier espère bien organiser au mois d’août une conférence sociale et économique "pour discuter de l’impact de ce que nous venons de vivre et discuter de solutions." Il est question également, toujours au mois d’août, de mettre en place un "plan de sauvegarde, de relance, de restructuration et de réformes". Louis Mapou a évoqué à deux reprises lors de cette séance du Congrès la possibilité de mutualiser les deux compagnies aériennes, Aircalin et Air Calédonie. Un "grand emprunt" est aussi envisagé afin de rembourser le prêt de l’État, une situation un peu ubuesque, d’utiliser un emprunt pour rembourser un emprunt, et qui nécessitera une dérogation.
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