- Anthony Tejero avec AFP | Crée le 24.02.2025 à 09h26 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h36ImprimerManuel Valls s’est rendu au milieu de la galerie du Kenu-In dévastée, dimanche 23 février, pour prendre l’ampleur des destructions. Photo Archives LNC / Julien MazzoniC’est une bonne nouvelle pour des milliers de familles. Le chômage partiel est étendu jusqu’au 30 juin en Nouvelle-Calédonie, a annoncé dimanche soir le ministre des Outre-mer Manuel Valls, dont le déplacement sur le Caillou jusqu’à vendredi poursuit deux buts : "cheminer" vers un accord politique global pour mettre fin aux violences et relancer l’économie du pays "qui est par terre".
Dès son arrivée, samedi matin à Nouméa, le ministre des Outre-mer avait donné le ton, assurant qu’il était là en vue "d’annoncer des mesures importantes pour soutenir l’économie qui est par terre, pour soutenir les entreprises et les chômeurs". C'est donc ce qu’il a confirmé, ce dimanche soir, lors d’un entretien télévisé accordé à nos confrères de NC la 1ère.
"En accord avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, j’annonce la prolongation du chômage partiel jusqu’au 30 juin", a lancé Manuel Valls. Cette mesure devait s’achever au 31 mars, mais "il est clair que l’arrêt du dispositif aurait des conséquences sociales et économiques particulièrement difficiles", a commenté le responsable politique.
"Rassurer beaucoup de Calédoniens"
Les ressources "apportées par l’État, notamment à travers les prêts, doivent permettre d’aller jusqu’au 30 juin : je crois que c’est une mesure importante qui permet de rassurer beaucoup de Calédoniens, notamment ceux qui ont perdu un emploi", a-t-il conclu sur ce sujet.
Les émeutes de 2024, déclenchées le 13 mai par le projet de dégel du corps électoral calédonien contesté par les indépendantistes, ont fait 14 morts, plus de 240 milliards de francs (soit deux milliards d’euros) de dégâts et détruit environ 20 % du PIB local.
Le ministre a d’ailleurs affirmé qu’il annoncera d’autres mesures, au cours de sa visite, notamment ce lundi soir, au haut-commissariat, lors de sa rencontre avec les acteurs du monde économique.
24 milliards de francs pour les écoles et bâtiments publics
Par ailleurs, sur le plan de la reconstruction, Manuel Valls a réaffirmé la "subvention directe" de 24 milliards de francs (200 millions d’euros) qui sera dédiée aux établissements scolaires et infrastructures publiques détruites, ce qui représente une cinquantaine de bâtiments.
"L’État a déjà beaucoup soutenu la Nouvelle-Calédonie depuis juillet et nous allons poursuivre cet effort. L’État protège la Nouvelle-Calédonie, c’est le meilleur message" assure le chef des Outre-mer pour illustrer la force du lien entre la France et le Caillou, avant de préciser que les autres aides de l’Hexagone, sous la forme de prêts et non de subventions, alors que les finances du pays sont exsangues, pourraient évoluer.
Cette question des modalités de financement de la crise divise profondément les politiques locaux. "Nous sommes en train de retravailler avec le président du gouvernement Alcide Ponga et son équipe sur la manière dont on gère ces prêts. Il y aura là aussi des allonges. Je suis à l’écoute du président et des différents exécutifs."
"S’il n’y a pas d’accord politique, il n’y aura pas les investissements économiques"
Pour les loyalistes, le corps électoral aux élections provinciales, "gelé" depuis 2007, doit impérativement intégrer les arrivants plus récents. Ce qui provoque une levée de boucliers dans les rangs indépendantistes. Depuis mai et le déclenchement des émeutes, le processus politique est à l’arrêt et les deux blocs ne se parlent plus.
Sur le volet politique, le ministre des Outre-mer s’est montré souple sur la date butoir, censée être fixée 31 mars pour aboutir à un accord global dans le cadre de la reprise des discussions sur l’avenir institutionnel.
"Je n’ai pas de date butoir. Nous prendrons le temps nécessaire, mais le temps presse aussi. Parce que s’il n’y a pas d’accord avant le 31 mars, sans principe, il peut peser un risque sur les provinciales" qui, pour l’heure du moins, doivent se tenir avant la fin de l’année.
"Les braises de la violence sont toujours là"
La date du 31 mars a donc été décidée en lien avec ce scrutin majeur pour le pays puisque la composition du gouvernement local en découle.
Manuel Valls a mis en garde contre un échec des discussions : "S’il n’y a pas d’accord politique, s’il n’y a pas une perspective claire, il n’y aura pas les investissements économiques. […] Et puis les braises de la violence sont toujours là. Il pourrait y avoir à ce moment-là de nouveau des affrontements, une forme de guerre civile", redoute l’ancien Premier ministre, qui néanmoins assure être "très clair" : "Je veux qu’on trouve un accord. Les accords de Nouméa sont la base pour que chacun se respecte. Il y a eu incontestablement les trois référendums qui ont donné des résultats clairs quant à l’attachement à la France, au-delà de l’interprétation qu’on peut faire du troisième scrutin. Puis il y a eu le 13 mai. Il y a un avant et un après. Il y a des fractures et des ruptures. Donc ma responsabilité, à travers le dialogue et la négociation, c’est de trouver une voie. Et j’espère que nous la trouverons ensemble."
-
-
DANS LA MÊME RUBRIQUE
-
VOS RÉACTIONS
- Les transports aériensà consulter ici