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    Nouvelle Calédonie
  • LNC | Crée le 03.07.2024 à 11h56 | Mis à jour le 03.07.2024 à 16h27
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    Roger Boulay, lors de l'exposition au musée du quai Branly-Jacques Chirac en octobre 2022. Photo ALP
    Pendant trente ans, ce spécialiste de l’art océanien a sillonné 162 musées du monde en quête du patrimoine kanak dispersé, identifiant et manipulant plus de 21 000 objets, dont 5 000 pièces essentielles. Il est décédé mardi en Métropole.

    Le patrimoine kanak dispersé perd un de ses plus grands défenseurs. Roger Boulay est mort à 81 ans, dans la nuit de lundi à mardi, à Torcé-en-Vallée, dans la Sarthe. Selon NC La 1ere, l’ethnologue est décédé d’une insuffisance respiratoire après avoir été hospitalisé quelques jours.

    Pendant trente ans, ce spécialiste de l’art océanien a sillonné les musées du monde en quête du patrimoine kanak dispersé. Il a réalisé plus de 3 000 dessins de ces objets.

    En 1979, Jean-Marie Tjibaou, à l’époque chef du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a confié une mission exceptionnelle à un étudiant en ethnologie devenu plus tard spécialiste des arts océaniens, Roger Boulay.

    À l’aube des années 80, cette mission consiste à répertorier les objets kanak des deux derniers siècles dispersés dans les musées du monde entier, pour répondre au triple souhait de Jean-Marie Tjibaou : " Savoir où se trouvaient ces objets, mais aussi dans quelles conditions ils étaient conservés et ce qu’on racontait des Kanak à travers eux ", résumait Roger Boulay en 2022 à l’aube d’une exposition consacrée au patrimoine kanak au musée du Quai-Branly à Paris. L’ethnologue se souvient " être tombé ", dans la foulée de Mélanésia 2000, " dans une période de bouillonnement, d’effervescence permanente autour d’une culture kanak extrêmement vivante ".

    Casse-tête et sagaies

    S’en sont suivies trente années d’un travail de recensement minutieux, au cours duquel Roger Boulay et Emmanuel Kasarhérou ont " identifié et manipulé 21 000 objets, dont 5 000 pièces essentielles ". Si les deux hommes ont répertorié des pièces dans 162 musées dans le monde, leur quête a fait florès dans " six lieux qui conservent à eux seuls 66 % de ce patrimoine : d’abord le musée du quai Branly, qui détient le plus de pièces, puis dans l’ordre ceux de Nouméa, de Vienne – en Autriche- de Berlin, de Bâle, et le musée Pigorini à Rome ", révélait Roger Boulay à l’époque. Entre les mains des deux experts, au gré des musées, sont passées des flèches faîtières, des appliques, des pierres à magie, des haches cérémonielles et des sculptures monumentales, mais surtout quantité d’armes : " Casse-tête et sagaies constituent à elles seules la moitié de ces collections publiques ", indiquait le spécialiste.


    Plus de 3 000 croquis et fines aquarelles des objets inventoriés ont été réalisés par l’ethnologue. Photo Thibaut Chapotot / Musée du quai Branly - Jacques-Chirac

    Chaque pièce, sitôt découverte, a fait l’objet d’une fiche biographique, d’une description et d’une trentaine de photos signées Emmanuel Kasarhérou. Dix ans après le début de la mission, en 1990, Roger Boulay avait " suffisamment de fiches pour organiser une première exposition ". Ce sera " De jade et de nacre ", un événement qui " a attiré au musée de la Nouvelle-Calédonie 8 000 personnes en deux mois et demi, ce qui, à l’échelle du territoire, est considérable. Il y avait un vrai besoin de connaître ce patrimoine ".

    Mission IPKD

    À partir de 2011, les moyens mis à disposition par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie pour mener à bien ce travail évoluent. La mission " IPKD " pour " Inventaire du patrimoine kanak dispersé " voit le jour. Une équipe de quatre personnes est alors constituée, ce qui permet à Roger Boulay de prendre le temps d’enrichir cette mise en lumière par " une approche complémentaire ", sous la forme de nombreux croquis à l’encre et à l’aquarelle représentant in extenso les pièces remarquables, mais aussi les détails d’une flèche faîtière, d’une attache, d’une façon de tresser.

    L’exposition "Carnets kanak. Voyage en inventaire de Roger Boulay" a été accueillie au musée du quai Branly-Jacques Chirac d’octobre 2022 à mars 2023 avant de prendre la direction du Centre culturel Tjibaou d’octobre 2023 à fin février 2024.

    Le gouvernement réagit

    Dans un communiqué envoyé ce mercredi après-midi le gouvernement annonce apprendre "avec une profonde tristesse le décès de Roger Boulay". L'exécutif rappelle que c'est "sous l'impulsion de Déwé Gorodey, membre du gouvernement chargée de la culture, et grâce aux moyens mis à disposition par la Nouvelle-Calédonie à partir de 2011, que la mission "Inventaire du patrimoine kanak dispersé -  IPKD" a pu voir le jour". Un projet qui a donné naissance à l'exposition " Kanak, l'Art est une Parole " (2013-2014), à l'issue de laquelle la base de données constituée en 2011 a été restituée à la Nouvelle-Calédonie en 2015. Une exposition aujourd'hui hébergée et gérée par le Musée de la Nouvelle-Calédonie.

    Enfin, le gouvernement adresse "ses plus sincères condoléances à sa famille, ainsi qu'à ses proches".

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