- Julien Mazzoni | Crée le 31.03.2025 à 16h43 | Mis à jour le 01.04.2025 à 11h49ImprimerLa Fédération des professionnels libéraux de santé présentait lundi 31 mars son Livre Blanc, qui rassemble des propositions pour stopper l’hémorragie de soignants. Photo Julien MazzoniLa Fédération des professionnels libéraux de santé a présenté ce lundi 31 mars les résultats d’une enquête sur la situation des soignants. Près de la moitié d’entre eux se disent prêts à quitter la Nouvelle-Calédonie. Pour contrecarrer cette hémorragie, les professionnels avancent des solutions.
Un professionnel de santé sur deux envisage de quitter la Nouvelle-Calédonie, révèle un sondage effectué par Quid Novi en décembre 2024. C’est sur la base de ce constat, que la Fédération des professionnels libéraux de santé (FPLS) tire de nouveau la sonnette d’alarme sur la situation du secteur sanitaire. Cette fuite massive et la détérioration des conditions d’exercice qui se sont encore aggravées avec les émeutes de mai 2024, ont conduit les professionnels à publier un Livre Blanc répertoriant des solutions pour sauver le système de santé calédonien.
"C’est une boucle infernale qu’il faut briser"
"L’incertitude sur l’avenir institutionnel et sur notre modèle de santé fait que les conditions d’exercice se dégradent. Cela conduit à l’accentuation de la désertification médicale qui ajoute une pression supplémentaire. C’est une boucle infernale qu’il faut briser", illustre Stéphane Renaud, le directeur de Quid Novi.
Parmi les chiffres clés qui ressortent de l’étude menée fin 2024, réalisée auprès de 600 professionnels de santé, sur les 3 000 environ en exercice à ce moment-là, plusieurs points sont à retenir :
- 47 % envisageaient de quitter la Nouvelle-Calédonie ;
- 12 % affirmaient leur départ imminent en décembre 2024
- 31 % affirmaient ne rester sur le Caillou que par contraintes (engagements financiers ou familiaux) ;
- 23 % présentaient des symptômes post-traumatiques, dont 7 % des symptômes sévères ;
- 70 % des libéraux ont du mal à se faire remplacer ;
- 80 % des salariés ont des difficultés à recruter du personnel qualifié.
"Le point zéro est déjà dépassé"
Face à ce constat alarmant, la FPLS préconise des solutions. Selon les professionnels, les politiques ne tiendraient pas assez compte de leur avis, ils affirment alerter les élus depuis des mois, voire des années. "Tous les précédents travaux depuis 2015 (Assises de la Santé, rapport Igas, délibération Do Kamo, rapport d’observation de la Cour des comptes, etc.) convergent vers les mêmes résultats", rappellent les professionnels. "Ces travaux ont déjà été présentés au Congrès et le point zéro est déjà dépassé, se désole François Delboy, président de l’Adic (Alliance des infirmières calédoniennes). On n’est pas loin du crash, maintenant, il faut agir !", martèle-t-il.
"Ce n’est pas un cri de colère, c’est un plan de sauvetage"
Ce Livre Blanc, résultat d’un travail collectif de treize syndicats et associations professionnelles, ne se veut pas un rapport de plus, "mais le reflet d’un terrain en tension. Il rassemble des propositions concrètes, directement issues du vécu des professionnels", précisent ses auteurs. "Ce n’est pas un cri de colère, c’est un plan de sauvetage que nous portons depuis des années", insiste la kinésithérapeute Clémentine Olivier, membre du conseil d’administration de la FPLS.
Parmi les principales mesures mises en avant dans le Livre Blanc :
- Créer une cellule de pilotage sanitaire dotée de pouvoirs exécutifs incluant les professionnels de santé ;
- Stabiliser le Ruamm par convention de gestion
- Mettre en œuvre un plan de prévention ambitieux
- Proposer un soutien psychologique structuré
- Réviser la fiscalité des libéraux
"Le système ne tient plus qu’à un fil"
"Le système ne tient plus qu’à un fil, estime Laurent Bordes, du Syndicat des chirurgiens-dentistes. Recruter ne suffira pas si les conditions d’exercice ne permettent pas aux professionnels de rester." S’estimant peu ou mal écoutés par l’administration, dont les décisions leur paraissent trop souvent déconnectées de la réalité du terrain, les soignants affirment rester mobilisés malgré les départs annoncés de leurs confrères. "Nous sommes encore là et nous voulons participer à la reconstruction, à condition de ne plus le faire seuls", insiste Patrice Gauthier, le président de la FPLS.
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