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    Nouvelle Calédonie
  • Aurélia Dumté | Crée le 28.08.2024 à 13h58 | Mis à jour le 28.08.2024 à 13h58
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    La SIC a tenu une conférence de presse ce mercredi 28 août, en présence de Philippe Percheron, directeur général adjoint, Petelo Sao, président, et Benoît Naturel, directeur général. Photo Aurélia Dumté
    Au lieu de sa traditionnelle conférence de presse afin de présenter son bilan de l’année précédente, la SIC s’est recentrée ce mercredi matin sur les conséquences que les violences commises depuis le 13 mai ont sur les finances du bailleur social : à savoir une aide au logement qui n’est plus versée, des logements vacants, 25 millions de francs d’impayés en plus par mois… Face à ce constat alarmant, la SIC interpelle les pouvoirs publics en espérant obtenir une réponse urgente.

    Comme une vague de nostalgie, la conférence de presse de la Société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC), habituellement dédiée à la présentation du bilan de l’année précédente, a commencé par une liste de faits qui "devaient être présentés". "Je devais vous parler de la visite présidentielle aux tours de Magenta, commence Petelo Sao, président du bailleur social. Mais tout ceci a volé en éclat avec les exactions." Même si les travaux réalisés l’année dernière sont concrets, ils n’ont plus la même saveur. Aujourd’hui, la SIC est en grande difficulté.

    800 millions de francs d’impayés estimés d’ici la fin de l’année

    Déjà déficitaire de 692 millions de francs par an, la SIC voit sa situation financière empirer, notamment à cause des impayés. Déjà très importants, ils se sont fortement accentués depuis le mois de mai. 25 millions de francs de nouveaux impayés par mois sont constatés depuis les émeutes. "En 2023, nous avions 270 millions de francs d’impayés, souligne Benoît Naturel, directeur général de la SIC. Les projections pour 2024 sont de l’ordre de 700 à 800 millions de francs. La SIC est une entreprise, et 86 % de notre chiffre d’affaires est assuré par les loyers."

    Les difficultés financières des locataires ne sont pas les seules rencontrées par le bailleur social. "S’y ajoute la part d’impayés d’aide au logement, qui représente 120 millions par mois, soit 480 millions depuis mai", précise le directeur général adjoint, Philippe Percheron.

    L’aide au logement en cessation de paiements

    "On sait depuis la semaine dernière que le régime d’aide au logement est en cessation de paiements, la facture de juillet ne peut pas nous être payée, alerte Benoît Naturel. 40 % du parc de la SIC dispose d’une aide aux logements, ce qui représente près de 3 000 familles. Cette aide couvre en moyenne jusqu’à 50 % du loyer. Avec les pertes d’emploi, cette demande va augmenter. Quel impact cela pourra avoir sur les familles qui en dépendent pour être solvables ?" Pour l’instant, "nous n’avons pas de visibilité sur la pérennisation du dispositif", déplore Petelo Sao.


    La Société immobilière calédonienne connaît un déficit de près de 700 millions de francs chaque année. Avec les émeutes, rien qu’en impayés de loyer, ce déficit pourrait atteindre près de 800 millions fin 2024. Photo Aurélia Dumté

    168 logements vacants

    Entre l’incapacité à assumer financièrement les loyers, et l’insécurité ambiante des quartiers où sont fortement implantés les logements sociaux, la SIC constate un "flux négatif depuis le mois de mai. Un tiers pour des raisons financières, et un tiers pour des raisons de sécurité." 168 logements sont vacants depuis le mois de mai. D’autant que certains quartiers ont été fortement touchés, comme Tuband, où des logements vides proches du collège ont servi de "planques" pour des émeutiers particulièrement virulents, ou à Magenta et à Saint-Quentin, où les agences de la SIC ont été détruites. Les reconstruire n’est pas envisageable pour le moment. Le bailleur social a donc déployé des permanences dans plusieurs quartiers pour remédier à la destruction de ces deux agences et à l’absence de transport en commun, qui concerne 60 % de ses 27 000 locataires.

    2,97 milliards d’économies

    Face à ces annonces inquiétantes, la SIC présente "les mesures prises pour la survie de l’entreprise". À commencer par des économies, en interne, et en repoussant les principaux travaux prévus. La résidence Bord de mer, à Nouville, destinée aux étudiants est en pause. Cent logements étaient attendus pour la rentrée 2026. "Aujourd’hui, ce chantier est jugé non prioritaire. Mais est-ce que les étudiants sont vraiment non-prioritaires quand on sait qu’il y avait une demande de près de 1 000 logements étudiants ?, questionne Petelo Sao. Ces économies représentent 2,97 milliards de francs juste pour l’année 2024. Pour le moment, le bailleur social n’envisage pas de réduire son personnel, mais le sujet est tout de même d’ores et déjà abordé avec les syndicats.

    Des réformes

    Le mot réforme est plus que jamais d’actualité dans le pays. Il s’applique également au schéma de la SIC. Ainsi, le bailleur désire travailler de façon prioritaire sur ses réformes internes. Mais lesquelles ? Benoît Naturel regrette que le secteur du logement, pourtant "un besoin fondamental", ne soit pas, ou peu, abordé dans le plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction de la Nouvelle-Calédonie, présenté mardi 27 août en conférence de presse par le gouvernement. Les bailleurs sociaux ont pourtant bel et bien été cités. "Est-ce qu’on a besoin de deux compagnies aériennes, de plusieurs organismes de logement social, de trois chambres consulaires, d’une multitude de directions ?" demandait alors Christopher Gygès, membre du gouvernement.


    La SIC a fêté ses 60 ans en 2023. "Nous avons traversé toutes les crises, nous traverserons celle-ci", assure le directeur général. Photo Aurélia Dumté

    Une réponse claire du gouvernement est attendue

    La possibilité d’une mutualisation de tous les bailleurs sociaux a donc été supposée. "L’idée de simplification qui traverse les sujets, ce sera sûrement le sens de l’histoire, on ne le sait pas. Mais ce n’est pas ça qui va sauver le secteur du logement", estime le directeur général de la SIC. "Nous attendons une réponse claire de la part des pouvoirs publics face à nos difficultés car nos craintes sont plus que justifiées", alerte Petelo Sao. "La situation d’urgence de la SIC traduit celle des Calédoniens", rappelle le directeur, qui n’a eu de cesse, tout au long de la conférence de presse de ce mercredi 28 août, de remettre l’humain au centre de tous ces chiffres. "Le logement est un droit fondamental, un besoin primaire, c’est un filet de sécurité social qui permet d’accéder à l’hygiène, la sécurité, l’éducation, l’emploi…"

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