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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 28.09.2024 à 16h20 | Mis à jour le 28.09.2024 à 16h20
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    La fin des transports en commun a provoqué l’essor de solutions alternatives, à commencer par les "taxis 1000", ces particuliers qui proposent leurs services de chauffeurs pour effectuer des trajets dans l’agglomération. Photo Baptiste Gouret
    Avec la suspension des transports en commun au début de la crise, les offres de transports de passagers pour des trajets dans le Grand Nouméa se sont multipliées ces dernières semaines sur les réseaux sociaux. Derrière ces chauffeurs VTC bon marché se cachent la plupart du temps des personnes qui ont perdu leur emploi et voient dans cette activité une opportunité financière. En dépit, bien souvent, du respect de la réglementation.

    Tout est parti d’une simple requête familiale, pour Herenii. Quand sa belle-sœur, usagère régulière du bus, lui demande de l’emmener jusqu’au campus de Nouville, la jeune femme de 23 ans décèle l’opportunité : les transports en commun sont à l’arrêt depuis le 13 mai, privant des milliers de personnes de leur seul moyen de se déplacer dans l’agglomération. Elle, en revanche, dispose d’un véhicule et de pas mal de temps libre. Elle publie ses premiers messages en juillet pour vendre ses services de chauffeuse dans l’agglomération. Un bon moyen de gagner un peu d’argent, elle qui vit sans revenu depuis qu’elle a perdu son poste d’agent d’exploitation en raison de la crise. "J’avais encore des traites, notamment sur la voiture, et aucune nouvelle du chômage partiel, il fallait bien que je survive", relate Herenii. Elle ne croule pas sous les demandes, mais parvient à faire quelques courses chaque semaine. "Ça participe aux frais alimentaires et ça paie mon essence", se satisfait la nouvelle chauffeuse.

    De 1 000 à 2 000 francs le trajet

    À l’instar d’Herenii, ils sont nombreux ces derniers mois à profiter de l’absence de bus pour développer une activité de transport de personnes dans le Grand Nouméa. Sur les groupes Facebook, des dizaines messages et de numéros sont partagées chaque jour. "Bonjour le groupe, je propose de vous véhiculer pour vos courses, travail ou autres" ; "En ces temps difficiles, je propose mes services pour vous véhiculer", peut-on notamment lire dans les groupes de conversation dédiés. Les internautes ont rapidement attribué un nom à ce service entre particuliers : les "taxis 1000", en référence au tarif systématiquement pratiqué : 1 000 francs, pour un trajet à Nouméa. Un prix qui peut légèrement augmenter en fonction de la destination : 500 francs supplémentaires pour Dumbéa, Mont-Dore ou Païta, 1 000 francs de plus pour un trajet jusqu’à Tontouta. Après une rapide veille sur les réseaux sociaux, Herenii s’est alignée. "J’ai regardé ce qui se faisait, ça m’a paru correct." Elle a même parfois accepté un paiement "en fruits et légumes".

    Ces nouveaux chauffeurs bon marché n’ont pas comme seul point commun leur soudaine reconversion. Dans la plupart des cas, ils sont des victimes économiques de la crise survenue le 13 mai. Toutes les personnes interrogées ont lancé leur activité de transport à la suite d’une perte de revenus au sein du foyer. "On n’a plus de sous, donc j’ai pensé à ça pour faire un peu de pièces", lâche Marie-Cléa, une semaine après le lancement de son service de "taxi 1000". Son mari, mécanicien, est au chômage depuis plusieurs semaines. Il était la seule source de revenus de la famille. Marie-Cléa a donc attendu "que la voiture soit réparée" pour proposer ses services de chauffeuse sur les réseaux. "Je n’ai pas eu de client pour l’instant, juste la famille", admet-elle.

    Une profession encadrée

    La multiplication de ces offres de transport de passagers pose toutefois la question du cadre légal d’une telle activité. "J’avoue que je n’ai pas vraiment regardé s’il fallait faire des démarches particulières", reconnaît Herenii, qui envisage désormais de tout arrêter après avoir été alertée "par certaines personnes sur Facebook de toute la paperasse nécessaire". "Je ne sais pas s’il faut faire quelque chose de spécial, pour l’instant je n’ai rien fait", avoue également Marie-Cléa.

    Le fait est qu’un certain nombre de formalités encadrent la profession de chauffeurs de personnes. Contactée à de nombreuses reprises sur le sujet, la Direction des infrastructures, de la topographie et des transports terrestres n’a pas répondu à nos sollicitations. Toutefois, plusieurs documents, accessibles sur le site internet de la DITTT, donne un aperçu des contraintes fixées par le gouvernement local. On peut notamment découvrir que les prétendants à une activité de transport de personnes doivent suivre une formation obligatoire de cinq jours au Centre de formation de l’artisanat (CFA) de la Chambre des métiers et de l’artisanat, facturée 95 000 francs, afin d’obtenir la "capacité professionnelle" pour le "transport public routier de personnes". Une assurance professionnelle spécifique est également requise.

    Si certains jouent la carte du covoiturage pour se soustraire à ces obligations, le service de "taxi 1000" s’en distingue clairement : le transport partagé entre particuliers s’applique uniquement aux trajets réalisés pour soi-même et non sur demande. Par ailleurs, les seuls échanges financiers du covoiturage doivent se limiter au partage des frais de transport, ce qui proscrit la réalisation de bénéfices.

    Avec la remise en circulation des bus Karuïa le 14 septembre, l’avenir du service de "taxis 1000" s’est assombri ces dernières semaines. La reprise des transports en commun annoncé par le SMTU au 1er octobre ne devrait rien arranger aux affaires de ces nouveaux chauffeurs.

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