- Anthony Tejero | Crée le 13.11.2024 à 14h53 | Mis à jour le 13.11.2024 à 14h53ImprimerYaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a notamment déclaré se rendre au Camp-Est "pour la troisième fois", ce mercredi matin. Photo Anthony TejeroLa présidente de l’Assemblée nationale s’est rendue au Camp-Est, ce mercredi matin, pour constater la "vétusté" de ce "reliquat de bagne" surpeuplé où 70 cellules ont été détruites lors des émeutes. L’occasion pour Yaël Braun-Pivet de venir constater l’avancée du chantier de réhabilitation des bâtiments incendiés et d’évoquer le projet de nouvelle prison à Ducos, dossier qu’elle juge "plus que jamais urgent".
C’est dans le tumulte des insultes de détenus, mais loin des micros et des caméras, tenus à bonne distance, que Yaël Braun-Pivet est entrée dans le quartier d’isolement et disciplinaire du Camp-Est, ce mercredi matin. L’objectif de cette visite était double pour la présidente de l’Assemblée nationale : constater par elle-même les conditions de détention de cette prison surpeuplée pour laquelle l’État a encore récemment été condamné par la justice, mais aussi faire un point sur l’avancée de la réhabilitation de ce site qui n’a pas été épargné par les exactions.
Pour mémoire, dès les premières heures des émeutes, les 13 et 14 mai derniers, une mutinerie a été orchestrée par des détenus, prenant de court le personnel pénitentiaire. Résultats : 70 cellules incendiées et détruites. Six mois plus tard, la plupart ont été réhabilitées "dans l’urgence", mais 24 sont encore en travaux. Des "évolutions criantes" que tient à noter la parlementaire, mais qui n’élude en rien le problème fondamental de ce "reliquat du bagne" : la surpopulation carcérale et la vétusté du site.
La visite était l’occasion de saluer le travail du personnel pénitentiaire du Camp-Est. Photo Anthony Tejero"Lorsque vous avez un centre qui fonctionne à 160 % d’occupation, cela crée des tensions à tous les étages. Comme dans beaucoup d’autres établissements de l’Hexagone et d’outre-mer, ces conditions posent de vraies problématiques, y compris pour le travail du personnel pénitentiaire, reconnaît Yaël Braun-Pivet, qui a pu voir le quotidien de certains détenus de ce qui est qualifié comme l’un des pires centres de France (avec celui de Faa’a-Nuutania, à Tahiti). Les cellules sont de toute évidence trop petites avec trop de détenus à l’intérieur, des matelas au sol et un cadre qui est très vétuste. C’est très problématique parce que c’est le premier contact avec la détention pour certains et donc là c’est extrêmement violent. Certains me l’ont exprimé."
Des extraditions vers le Nord… et l’Hexagone
Dans ce contexte, le projet de nouvelle prison à Ducos, annoncée en février dernier par d’Éric Dupont-Moretti, avec un début des travaux prévu en 2028 pour une livraison d’ici 2032, s’avère plus que nécessaire. "Il faut, je pense, accélérer les choses sur ce nouveau projet d’établissement", glisse la présidente de l’Assemblée nationale, qui bien qu’elle n’ait pas la main sur ce dossier, croit savoir que le sujet suit son cours au niveau de l’État. "Ce n’est pas à moi de l’annoncer, mais oui, en tout cas, lorsqu’on voit ces bâtiments (du Camp-Est), on sait que ce projet est plus que jamais urgent, pour répondre aux besoins : aux conditions de travail et de détention. Quand on a un cadre correct, cela permet de travailler sur la réinsertion, et donc d’éviter la récidive. Tout est lié. Il y a un moment où vous ne pouvez plus pousser la rénovation à outrance et donc il faut franchir le pas."
"On n’est pas des animaux", ont notamment crié certains détenus enfermés dans leur cellule, lors de la visite. Photo Anthony TejeroUn pas qui a déjà été franchi précise la parlementaire avec l’ouverture de la prison du Nord, à Koné, signe d’une "évolution importante" en Nouvelle-Calédonie. Sauf que ce centre de détention, l’un des plus modernes à l’échelle nationale, qui offre 120 places, se trouve à son tour en surcapacité. Depuis le 13 mai, et la vague d’incarcérations qui en a découlé, de nombreux détenus ont été transférés vers l’établissement de la province Nord, censé être plus axé sur la formation et mieux préparer les détenus à leur sortie. Alors que le site de Nouville est historiquement surpeuplé, une soixantaine de prisonniers ont été extradés vers l’Hexagone cette année. Un chiffre sans doute amené à gonfler à l’avenir.
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