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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 30.01.2025 à 17h03 | Mis à jour le 30.01.2025 à 17h03
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    Le Sénat coutumier, présidé par Mahe Gowe (à droite), a entamé un travail autour des quartiers populaires du Grand Nouméa au lendemain des émeutes survenues en mai 2024. Photo Baptiste Gouret
    Au lendemain des émeutes de mai 2024, le Sénat coutumier s’est rapproché d’habitants et de responsables pour comprendre, au-delà du fait politique, ce qui a conduit à l’insurrection dans les quartiers populaires. Après neuf mois d’échanges, un "livre blanc" compilant diagnostics et débuts de solutions a été rédigé, et un premier forum est organisé ce samedi 1er février.

    Neuf mois après les émeutes, si les motivations et la responsabilité de l’insurrection de mai 2024 continuent de susciter la controverse, une chose fait toutefois consensus : les quartiers populaires ont concentré la majeure partie des violences. "Les Évènements des années 1980 se sont déroulés en tribu, 30 ans plus tard, tout s’est passé dans les quartiers du Grand Nouméa", note Yvon Kona, sénateur coutumier. Pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui a fait de ces zones un terreau si fertile à la mobilisation violente ?

    C’est ce qu’a cherché à comprendre le Sénat coutumier, qui a ouvert, dès le déclenchement des émeutes, des "espaces de discussions" réservés aux habitants des squats, des tribus et des quartiers du Grand Nouméa, et a pris contact avec leurs représentants. "Ça n’a pas été facile au départ, on a eu des premières rencontres difficiles, les gens ne faisaient plus confiance aux institutions", raconte le sénateur Hugues Vhemavhe.

    "Une réponse concrète"

    L’initiative s’est d’abord concentrée dans cinq quartiers pilotes (Montravel, Vallée-du-Tir, Rivière-Salée, Kaméré et Nouville), représentant "environ 25 000 habitants", indique Victor Gogny, président de la commission en charge des relations avec les structures et les autorités coutumières. D’autres secteurs ont depuis rejoint le projet. Le 30 novembre, la mise en commun des échanges menés pendant sept mois a accouché d’une première version d’un "livre blanc des quartiers populaires", qui vise à recenser les problématiques rencontrées par les habitants, autant que leurs "préoccupations et leurs aspirations", note Mahe Gowe, président de l’institution. Ce document se veut une "réponse concrète pour nos gens installés dans les quartiers et les tribus". Le Sénat coutumier veut en faire un document de référence "dans la reconstruction du pays", et espère qu'il sera pris en compte par les institutions calédoniennes.


    Victor Gogny, président de la commission en charge des relations avec les structures et les autorités coutumières, a présenté les grandes orientations du "livre blanc des quartiers populaires", lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi 30 janvier. Photo Baptiste Gouret

    Trois "grandes orientations" sont ressorties des travaux menés ces derniers mois : le besoin de "redéfinir la perception du quartier et de la tribu", de "responsabiliser les habitants pour les impliquer dans les décisions et la gouvernance locale" et enfin de "les faire participer à l’aménagement concerté du territoire", énumère Victor Gogny. Des bailleurs sociaux et des collectivités ont été approchés par le Sénat coutumier pour aider à la mise en œuvre de ces solutions.

    Un premier forum sur le thème du droit

    Le projet de livre blanc entre désormais dans sa "phase opérationnelle", avec le déploiement des premières mesures identifiées. Il s’agira, d’abord, de "conscientiser et de sensibiliser" les habitants des quartiers concernés, explique le sénateur Ludovic Boula. Un premier forum aura lieu ce samedi 1er février, au Sénat coutumier. Une vingtaine de représentants des quartiers sont attendus. L’évènement est ouvert à tous et sera dédié "au droit". Un thème vaste, qui sera abordé sous différents angles : logement, santé, transport, droit coutumier, droit commun… Avec l’organisation de "groupes de travail" dans l’après-midi, ce forum sera aussi un moyen "de poursuivre le chemin de la réflexion" et d’alimenter le livre blanc, juge Mahe Gowe.

    Deux autres rendez-vous similaires sont d’ores et déjà en préparation, et aborderont les thèmes de l’économie sociale et solidaire pour le premier, et de l’identité et la culture pour le second.

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